Le parquet invité à arrêter El Béchir s’il vient au Festival mondial des arts nègres

Des organisations de défense des droits de l’homme ont invité mercredi à Dakar les autorités judiciaires sénégalaises à arrêter Omar El Béchir et le livrer à la Cour pénale internationale (CPI), si le président soudanais, objet d’un mandat d’arrêt international, vient participer au 3-ème Festival mondial des arts nègres.

‘’Nous demandons au parquet de mettre en œuvre le mandat d’arrêt international lancé contre El Béchir. Le parquet n’est pas indépendant, il dépend du ministère de la Justice. Mais, il peut avoir le courage de s’autosaisir et ne pas attendre l’instruction du ministère de la Justice pour arrêter El Béchir et l’envoyer à la CPI’’, a dit Seydi Gassama, directeur de la section sénégalaise d’Amnesty International (AI).

La participation d’El Béchir à ce festival prévu du 10 au 31 décembre est de nature à ‘’confirmer la réputation de terre d’impunité du Sénégal’’, estiment plusieurs organisations de défense des libertés, lors d’une conférence de presse.

Ne pas arrêter Omar El Béchir à Dakar serait, pour le Sénégal, ‘’une violation grave de ses obligations au regard du Statut de Rome’’ instituant la CPI, qu’il a été le premier pays à ‘’ratifier’’, en février 1999, soutiennent ces organisations.

Il s’agit d’Amnesty International, de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO), de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LDH), du Réseau africain pour le développement intégré (RADI), etc.

‘’Le procureur de la République (de Dakar) doit arrêter El Béchir s’il vient au 3ème Festival mondial des arts nègres. (...) Que le procureur l’arrête et le livre à la CPI’’, a soutenu Alioune Tine, président de la RADDHO.

La CPI a lancé, depuis 2008, un mandat d’arrêt international à l’encontre d’Omar El Béchir, accusé d’avoir commis des crimes de guerre et de génocide, des crimes contre l’humanité au Darfour (Soudan).

‘’Nous allons nous retrouver au rond-point de la RTS (Dakar), pour manifester notre désapprobation totale à la venue au Sénégal du président El Béchir dont la visite serait un discrédit total de notre pays’’, a ajouté M. Gassama.

‘’Nous mettons en garde les autorités contre une quelconque interdiction de notre manifestation. On ne saurait accepter une quelconque interdiction. Nous allons tenir notre manifestation quelle que soit la décision du préfet’’, a soutenu M. Gassama. Il invite les Sénégalais à ‘’manifester en masse contre la venue’’ du président soudanais à Dakar.

L’arrivée d’El Béchir à Dakar est de nature à ‘’ternir l’image du Sénégal’’, estime Alioune Tine.

‘’S’il vient au festival, nous allons interpeller tous les intellectuels présents et leur demander de condamner (…) l’attitude d’El Béchir, qui est contraire à la Renaissance africaine’’, thème général de cet évènement culturel, a promis M. Tine.

‘’Nous avons un devoir de solidarité envers les populations du Darfour’’, a ajouté le président de la RADDHO, qui dit être ‘’sûr et certain’’ que le président soudanais ‘’a reçu une carte d’invitation’’ pour le festival.

Le président Abdoulaye Wade s’est récemment rendu à Khartoum où, avec El Béchir, il ‘’a évoqué la participation du Soudan au 3ème Festival mondial des arts nègres’’, indique le communiqué du conseil des ministres du 4 novembre dernier.