Le 3 avril 2025, Moscou a accueilli une rencontre importante entre les responsables diplomatiques des trois pays membres de l'Alliance des États du Sahel (AES), le Mali, le Burkina Faso et le Niger, et les autorités russes. Lors de cette visite, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a salué le renforcement de la coopération militaire entre la Russie et les pays du Sahel, mettant en lumière un partenariat stratégique de plus en plus fort, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l'instabilité régionale.
L'un des points majeurs abordés lors de cette rencontre a été l’intensification des liens militaires entre la Russie et le Mali. Sergueï Lavrov a souligné que les militaires russes collaborent activement avec leurs homologues maliens, une coopération qui inclut, entre autres, la formation des forces armées maliennes. Bien que les détails opérationnels n'aient pas été précisés, il a été clairement indiqué que la Russie joue un rôle clé en fournissant un soutien logistique et stratégique pour améliorer la capacité de défense du Mali face à la menace jihadiste qui sévit dans la région sahélienne.
Le ministre russe a insisté sur le fait que cette coopération militaire ne se limite pas à la simple fourniture de matériel, mais inclut également un partage d'expertise, renforçant ainsi les compétences des forces de sécurité locales. Cette aide est cruciale pour le Mali, un pays qui lutte depuis plusieurs années contre des groupes armés jihadistes responsables de milliers de morts et de la déstabilisation de vastes régions.
Au-delà du volet militaire, la coopération entre Moscou et Bamako s’étend également au domaine diplomatique. Sergueï Lavrov a salué la coopération entre les deux pays au sein de l'Organisation des Nations Unies (ONU), où leurs positions convergent souvent sur des questions cruciales. Le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a également exprimé sa gratitude pour le soutien constant de la Russie, soulignant que cette collaboration se déroule de manière positive "sur le terrain". Une visite qui marque un tournant dans les relations bilatérales, symbolisant un rapprochement stratégique entre la Russie et les pays du Sahel. Le président malien, Assimi Goïta, a annoncé qu’il se rendrait à Moscou en juin prochain pour une visite officielle, soulignant ainsi l’importance de ce partenariat pour l'avenir du Mali.
L’un des éléments clés de cette collaboration est le rôle de la société de mercenaires privée Wagner, qui est en train de se regrouper au sein d’une entité plus vaste, l'Africa Corps. Une force est impliquée dans la lutte contre les groupes jihadistes qui déstabilisent le Sahel. Les pays de l'AES bénéficient ainsi de l'expertise et du soutien de ces mercenaires, qui participent directement aux opérations sur le terrain. La présence de Wagner en Afrique, bien que controversée dans certains cercles internationaux, est perçue par les autorités de l'AES comme un atout majeur pour leur sécurité nationale.
Moscou a signé plusieurs accords de défense avec les trois pays du Sahel, portant sur la fourniture de matériel militaire sophistiqué. Ces accords visent à renforcer les capacités de défense des nations du Sahel, confrontées à des menaces constantes de groupes terroristes. Ces accords de défense s'inscrivent dans une logique de coopération à long terme, et non pas dans une simple réponse ponctuelle aux crises actuelles. Le soutien militaire russe se déploie sur plusieurs fronts, de la fourniture d'armements à la formation et à l'assistance technique.
Lors de la réunion quadripartite, Abdoulaye Diop, le ministre malien des Affaires étrangères, a évoqué la volonté des pays de l’AES de bâtir un partenariat "dynamique et sincère" avec la Russie. Il a insisté sur l'importance de ce partenariat en tant qu’alliance "gagnant-gagnant", où chaque partie trouve son intérêt dans la coopération. En soutenant les efforts de la Russie en matière de sécurité régionale, les pays du Sahel espèrent non seulement renforcer leur défense nationale, mais aussi gagner en autonomie face à l’influence historique de puissances étrangères comme la France.
Le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangare, a également souligné l’importance historique de cette rencontre, la qualifiant de "tournant" pour la région. Il a exprimé la conviction que l’aide de la Russie dans la lutte contre le jihadisme est essentielle pour garantir la stabilité dans les trois pays du Sahel.
Il convient de rappeler que l’AES, formée en 2023, a pris ses distances avec la France, ancienne puissance coloniale, et s'est engagée dans un processus de réorientation géopolitique. En janvier 2025, les trois pays ont officiellement quitté la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qu'ils considèrent comme étant trop influencée par Paris. Cette décision a marqué un tournant dans leurs relations avec l'ancienne métropole, les poussant à chercher de nouveaux alliés, dont la Russie, pour leur soutien politique et militaire.
Le renforcement de la coopération militaire et diplomatique entre la Russie et les pays de l'AES, et en particulier le Mali, marque un tournant stratégique majeur dans la région du Sahel. Cette alliance, qui repose sur des bases militaires solides et des engagements diplomatiques forts, pourrait transformer les rapports de force en Afrique de l’Ouest, en particulier dans la lutte contre le jihadisme. À l’heure où la Russie cherche à accroître son influence en Afrique, cette coopération pourrait avoir des répercussions profondes sur l’équilibre géopolitique du continent.
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