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Afrique

Maroc : le gouvernement adopte sa première loi-cadre sur l’Éducation

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Dans une salle de classe à Casablanca, au Maroc, le 22 octobre 2012.

Après plusieurs décennies de tergiversations, le Maroc aura un cadre juridique censé sortir ce secteur de la faillite. La fin de la gratuité de l'enseignement supérieur public suscite particulièrement la controverse.

Le Conseil de gouvernement marocain a adopté, ce jeudi 4 janvier, la première loi-cadre de son histoire qui réglemente spécifiquement le secteur de l’enseignement. « C’est un grand moment pour le Maroc qui, depuis l’indépendance, n’a pas réussi à s’entendre sur les principes juridiques qui doivent régir notre système éducatif », explique Khalid Samadi, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Depuis des décennies, l’État marocain tente de réformer ce secteur qui absorbe le tiers de son budget, multipliant les colloques et les programmes d’urgence. En 1999, une Commission spéciale Éducation-Formation (CESEF) a été mise en place sous la direction de l’ancien conseiller royal, Meziane Belfkih. Si elle a produit un rapport volumineux, celui-ci est resté lettre morte car il n’avait aucun caractère contraignant.

Une réforme de longue haleine

Depuis, les gouvernements successifs tergiversent pour sortir ce secteur du chaos et qui vaut au Maroc les plus mauvaises notes dans les rapports de développement humain. L’ancien ministre de l’Éducation nationale, Rachid Belmokhtar, avait lui-même déclaré, en 2015, que 76 % des enfants marocains ne savent ni lire, ni écrire, au bout de quatre années d’école primaire.

Diversité linguistique, lutte contre l’abandon scolaire, réforme du système d’orientation…

En 2013, Mohammed VI crée le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) et nomme à sa tête son conseiller Omar Azziman. Après deux ans de travail, le conseil élabore une vision prospective sur la période 2015-2050, censée transformer l’école marocaine.

Fin de la gratuité des universités publiques

C’est cette vision qui a servi de base à l’élaboration de la loi-cadre adoptée ce jeudi en Conseil de gouvernement. « Nous allons enfin avoir une loi contraignante pour les ministres et ils seront évalués sur sa base », affirme Khalid Samadi, le secrétaire d’État de l’enseignement supérieur. Pour être effectif, ce projet de texte devra passer en Conseil des ministres et ensuite au Parlement.

Diversité linguistique, lutte contre l’abandon scolaire, réforme du système d’orientation… sont les grandes lignes de ce projet de loi de 36 pages. La généralisation de l’enseignement et son caractère obligatoire seront consacrés par cette loi, qui prône la création d’un fonds spécial pour les familles n’ayant pas les moyens de scolariser leurs enfants.

La mesure toucherait uniquement « les familles aisées »

Mais une clause particulière a suscité la polémique : celle de la fin de la gratuité des universités publiques. La mesure toucherait uniquement « les familles aisées », pour permettre à l’État d’orienter ses efforts vers ceux qui en ont le plus besoin. Une forme « de solidarité nationale », avait estimé le CSEFRS, au moment où ce projet avait fuité dans la presse marocaine en 2015.

« La loi-cadre que nous allons voter aujourd’hui est une loi générale. Il faut attendre la sortie de son décret d’application qui va préciser le montant des frais qui doivent être payés à l’État et les tranches sociales qui y seront assujetties », précise Khalid Samadi.

Le privé, la bouée de sauvetage

En 2012, c’est le ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque, Lahcen Daoudi(PJD), qui avait jeté ce pavé dans la marre en déclarant que « les riches doivent arrêter de profiter du système » et qu’il fallait en finir avec « l’absurdité du tout-gratuit » dans l’enseignement supérieur.

Depuis, nombre d’experts dénoncent une mesure « discriminatoire et populiste ». Car les classes riches et moyennes ont déserté l’enseignement public marocain, préférant mettre leurs enfants dans des écoles privées, quitte à consentir d’énormes sacrifices financiers, plutôt que d’hypothéquer leur avenir.



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