Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français de 52 ans, diplômé en...
Sciences Politiques (de l’ENA et de l’Université de Californie Santa Barbara). Il fut secrétaire à l’Ambassade de France à Khartoum avant se servir, à compter de 1996, en tant que chargé de mission pour les affaires européennes au Ministère de l’Intérieur; fonction qui l’a conduit à suivre les négociations de Bruxelles sur la question de l’immigration. De 2005 à 2011, il fut le conseiller à l’immigration de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur puis président de la République. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la question migratoire.
Baolnews.com : Bonjour Monsieur Tandonnet, vous avez été l’un des plus proches collaborateurs de l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Comment vous est-il arrivé de travailler avec lui ?
Maxime Tandonnet : Par l’intermédiaire d’une amie, Emmanuelle Mignon, en 2003, qui s’était intéressée à mes livres sur l’immigration.
Baolnews.com : Avez-vous l’impression d’avoir pesé sur certains choix du président en matière d’immigration ? Si oui lesquels ?
Maxime Tandonnet : Oui, sur l’ensemble de sa politique, en particulier adapter les flux migratoires aux capacités d’accueil du pays sur le plan de l’emploi et du logement par exemple. C’est l’idée qu’on ne doit pas laisser venir une personne en l’absence d’un travail à lui proposer, dans un pays qui compte 3 millions de chômeurs, ou d’un logement adapté à la taille de sa famille. Une vraie fermeté sur la lutte contre l’immigration illégale est donc indispensable. En revanche, il faut largement faciliter la circulation entre l’Afrique et la France en généralisant les visas à entrées multiples, comme nous avions commencé à le faire. Des réussites remarquables et méconnues ont été obtenues en matière de co-développement : avec une aide substantielle de la France, des centaines de migrants maliens et sénégalais ont pu rentrer au pays, créer et faire prospérer une affaire en créant des emplois. Pourquoi n’y a-t-on pas cru davantage ? C’est regrettable, il faudra rouvrir ce dossier.
Baolnews.com : Quel a été votre sentiment sur ce qu’on a appelé la «circulaire Guéant» en rapport avec les étudiants étrangers ?
Maxime Tandonnet : Franchement, je n’ai pas suivi ce dossier précis, je n’étais plus aux «affaires» à ce moment-là. La France, à mes yeux, a vocation à former des étudiants étrangers principalement pour qu’ils contribuent au développement et à la modernisation de leur pays d’origine.
Baolnews.com : Vous êtes parti de l’Elysée avant la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, quelles ont été les raisons ?
Maxime Tandonnet : Une vive incompréhension entre moi-même et le secrétaire général qui a remplacé Claude Guéant à l’Elysée en février 2011. Il n’acceptait pas que je m’exprime sur un blog - en dehors des affaires de l’Elysée bien sûr- alors que j’y avais été autorisé sinon encouragé par son prédécesseur. Je n’ai pas cédé, d’où mon départ. De toute façon, fin 2011, nous étions déjà dans la logique d’un début de campagne électorale et moins dans le travail de fond. Dès lors, n’étant pas un politique, je ne me sentais plus vraiment utile à la Présidence.
Baolnews.com : Pourquoi, selon vous, Nicolas Sarkozy a perdu les élections d’avril et mai dernier ?
Maxime Tandonnet : Il a fait une politique extrêmement courageuse et salutaire pour la France pendant cinq ans. Les choix les plus responsables ne sont pas toujours les plus populaires, à l’image de la retraite à 62 ans. Malheureusement, il faut bien reconnaître aussi que des erreurs ont été commises sur le plan de la communication et de l’image. Elles ont été surexploitées par la presse et les médias hostiles.
Baolnews.com : Au vu de la situation qui est celle de la France en ce moment, pensez-vous que la majorité actuelle va dans le bon sens en matière d’immigration ?
Maxime Tandonnet : Je n’ai pas constaté de ligne précise en matière d’immigration. On ne s’en sortira de toute façon que si l’on respecte le principe que j’exprimais au début de l’entretien. Une France ouverte, mais pas au-delà de ses capacités d’accueil, sinon on favorise l’exclusion, la ghettoïsation, des situations de chaos et de repli identitaire.
Baolnews.com : François Hollande a donné un discours devant l’Assemblée Nationale sénégalaise le 13 octobre 2012. L’avez-vous écouté et si oui quelles différences y avez-vous décelés avec celui de Nicolas Sarkozy en juillet 2007 ?
Maxime Tandonnet : Non, je ne l’ai pas écouté, j’en ai seulement entendu parler. Je n’aime pas qu’on s’en prenne en permanence, comme une référence constante, aux souvenirs de l’ère Sarkozy, je trouve que cela dénote une fuite face aux responsabilités présentes. Je n’assistais pas au discours de Dakar de juillet 2007. C’est une phrase maladroite, sortie de son contexte, qui avait alors été surexploitée à des fins polémiques. En revanche, j’étais au discours du Cap, en mars 2008, à l’issue duquel le président Sarkozy a été ovationné pendant dix minutes par le Congrès sud africain unanime et enthousiaste. Celui-ci, bizarrement, personne n’en a parlé.
Baolnews.com : La presse française murmure le retour de Nicolas Sarkozy en politique. Pensez-vous que cela soit possible et personnellement le souhaitez-vous ?
Maxime Tandonnet : Tout est possible bien sûr, je le souhaite pour la France, mais lui a tellement donné et subi tellement de haine et d’ingratitude que je ne suis pas certain qu’il soit prêt à repartir. Il n’est pas du tout comme on croit, c’est quelqu’un de très humain qui aime la vie plus que la politique.
Baolnews.com : Aujourd’hui quelles relations entretenez-vous avec l’ancien président ? Vous vous voyez encore ?
Maxime Tandonnet : Non, je n’ai pas encore eu l’occasion de le revoir.
Baolnews.com : Si vous aviez un message à adresser à la jeunesse africaine quel serait-il ?
Maxime Tandonnet : En tout cas, je n’ai pas de leçon à lui donner. A un ami africain, je dirais : quand l’Afrique s’éveillera, le monde tremblera (formule inspirée du titre d’un livre célèbre d’Alain Peyrefitte à propos de la Chine, en 1970). Vous êtes l’avenir de l’humanité. Ce n’est pas du baratin, j’en suis infiniment et sincèrement persuadé
Propos recueillis par Omar Ba «Baolnews.com»
Quelques ouvrages de Maxime Tandonne
L’Europe face à l’immigration (L’Harmattan 2001)
Immigration, sortir du chaos (Flammarion 2006)
Géopolitique des migrations (Ellipses 2007)
5 Commentaires
Badar
En Octobre, 2012 (15:39 PM)Afrique For Ever!
En Octobre, 2012 (16:13 PM)Africain221
En Octobre, 2012 (16:18 PM)Julien
En Octobre, 2012 (20:38 PM)Père Roquet
En Octobre, 2012 (08:04 AM)Je n'ai retenu que cette phrase des propos de ce toquard. Mais pourquoi donc nos journalistes ont-ils tant besoin d'aller chercher l'assentiment de ce type de bourricots ?Complexe d'infériorité ou syndrome de Stokholm ?
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