Réclamant un nouveau décompte des bulletins de vote : Bédié persiste et menace de bloquer le second tour

La réclamation du Pdci/Rda (Parti démocratique de Côte d'Ivoire/Rassemblement démocratique africain) d'un nouveau décompte des bulletins de vote hypothèque dangereusement la suite des présidentielles en Côte d'Ivoire. Son leader Henry Konan Bédié n'exclut pas d'empêcher le déroulement du second tour prévu le 28 novembre prochain.

‘Pas de recomptage, pas de second tour’, titrait hier le Nouveau réveil, un journal ivoirien proche du Pdci/Rda (Parti démocratique de Côte d'Ivoire/Rassemblement démocratique africain). Une position qui en dit long sur la détermination des militants d'Henry Konan Bédié à aller jusqu'au bout de leur réclamation. Autrement dit, parvenir à avoir gain de cause en obligeant la Commission électorale indépendante (Cei), à procéder à une nouvelle opération de recomptage des bulletins de vote. Car, l'ancien président de la République ivoirienne dit relever de ‘graves irrégularités’ lors du décompte du premier tour. ‘Une réclamation légitime et sans laquelle, on ne pourra pas encore parler de second tour’, soutiennent ses sympathisants. Mieux, depuis la sortie de leur leader dénonçant quelques irrégularités sur le décompte de ces bulletins, les jeunes du Pdci/Rda, sont en alerte. Certains d'entre eux élèvent même les enchères et parlent de ‘victoire volée’. Mais, les observateurs craignent que cette réclamation du camp de Bédié ne se projette dans les rues. Un schéma qui risque, à coup sûr, de remettre en cause tout le processus électoral en cours. Aujourd’hui, le parti de Bédié s'appuie sur le ‘climat d'opacité entretenu par la Commission électorale indépendante lors des opérations de dépouillement des bulletins de vote, ainsi que lors du comptage des suffrages’. Des irrégularités qui, selon les membres du Pdci/Rda, devraient justifier une nouvelle phase d’évaluation des suffrages des populations. Mais ce que ce parti ne peut pas accepter, c'est le fait que les ‘représentants des candidats n'ont pas été admis à prendre part ni à la centralisation ni à la consolidation des résultats, comme arrêté d'accord partie’. ‘Une violation des termes électoraux’ qui l'amène à parler d'‘opacité’. A cela semble s'ajouter le système de transport des procès verbaux vers la capitale, qui ne les rassure point.

Dans tous les cas, cette revendication des partisans d'Henry Konan Bédié freine l'ardeur des différents acteurs politiques ivoiriens qui pensaient déjà aux futures tractations pour le second tour. Et pourtant, la Côte d'Ivoire négociait, à travers ce scrutin, un tournant décisif de son évolution politique. Dans ses revendications, l'ancien président Bédié a voulu se montrer catégorique. Dans un communiqué, lu mercredi par son directeur de campagne, le candidat du Pdci/Rda dénonce ‘une volonté manifeste de tripatouillage des résultats’. Cela, non sans ‘exiger l'arrêt de la proclamation des résultats et le recomptage des bulletins de vote’. Pour éviter que la situation ne dégénère, les religieux de même que la société civile ont rencontré le leader du Pdci pour le faire revenir à de meilleurs sentiments. Mais pour l'heure, Henry Konan Bédié compte empêcher le déroulement du second tour, s'il n'obtient pas gain de cause.

Une revendication prise très au sérieux par les pays occidentaux veillant au bon déroulement du scrutin. A moins que ce combat engagé ne soit pour lui un baroud d'honneur, qui lui permettra de bénéficier d'une sortie honorable de la scène politique ivoirienne.