Au moins six corps portant apparemment des traces de violences ont été repêchés au cours des derniers jours dans une rivière à Kinshasa, a indiqué lundi la radio onusienne Okapi, citant une source judiciaire et une organisation de défense des droits de l'Homme en République démocratique du Congo (RDC). Ces six corps sans vie ont été découverts depuis dimanche dernier par des pêcheurs dans la rivière N'Djili, qui serpente dans la banlieue est de la capitale congolaise avant d'aller se jeter dans le fleuve Congo.
"Il s'agit de jeunes gens de même génération. Des doutes subsistent autour des téléphones portables retrouvés et les traces de violence observées sur les cadavres", a pour sa part indiqué Radio France Internationale (RFI). Des ONG de défense des droits de l'homme, dont la Voix des sans voix (VSV) et la Fondation Bill Clinton pour la paix (FBCP), pensent qu'il pourrait s'agir des jeunes gens suppliciés dans un endroit où ils auraient été séquestrés.
C'est pourquoi ces ONG exigent une enquête indépendante à laquelle devra être également être associé le bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l'Homme (BCNUDH). Le parquet général près la Cour d'appel de Kinshasa/Matete a pour sa part indiqué lundi avoir ouvert une enquête à ce sujet, a précisé Radio Okapi, parrainée par l'ONU. Selon le directeur exécutif de la VSV, Rostin Manketa, les corps des victimes portent des traces des violences comme si elles avaient été sommairement exécutées et jetées dans la rivière.
"Nous en appelons à toutes les autorités congolaises compétentes de pouvoir diligenter une enquête indépendante et d'établir les responsabilités sur ces découvertes", a ajouté M. Manekta. Selon le journal 'La Tempête des Tropiques' de lundi, le gouvernement congolais, dont l'image reste écornée après la fameuse affaire de communes de Maluku, "rejette les allégations selon lesquelles les corps repêchés de la rivière N'Djili seraient ceux de victimes d'exécutions extrajudiciaires que certains observateurs voudraient imputer aux forces de défense et de sécurité du pouvoir en place".
Une fosse commune découverte l'an dernier à Maluku Cette affaire rappelle en effet la découverte l'an dernier d'une fosse commune à Maluku, à quelque 80 km à l'est de Kinshasa. Selon les autorités, 421 corps présentés essentiellement comme ceux de foetus, d'enfants mort-nés, ou "d'indigents" avaient été enterrés dans la nuit du 18 au 19 mars 2015 près du cimetière Fulu-Fula de Maluku pour désengorger la morgue centrale de Kinshasa. Plusieurs ministres avaient parlé de "tombe commune" plutôt que de "fosse commune".
Les autorités affirmaient que les enterrements collectifs de ce genre sont fréquents dans une ville de dix millions d'habitants, la plupart vivant dans le plus grand dénuement, et où, selon elles, 600 personnes environ meurent chaque jour. La découverte de la fosse avait alimenté des rumeurs selon lesquelles celle-ci pourrait abriter des victimes des troubles ayant éclaté en janvier précédent dans plusieurs villes du pays contre un projet de révision de la loi électorale, depuis lors votée et promulguée. Plusieurs dizaines de personnes avaient péri dans ces violences, essentiellement à Kinshasa.
0 Commentaires
Participer à la Discussion