« Chez nous, il n’y a pas de parti d’opposition
parce que nous pensons qu’une opposition
pourrait troubler les rapports affectueux
qui unissent le gouvernement au peuple »
Leonid BREJNEV
C’est désormais un homme traqué, gagné par la paranoïa, la peur des foules, que nous avons à la présidence de la République. Abdoulaye Wade ne peut plus sortir sans se sentir terrorisé et poursuivi par des ennemis imaginaires qui veulent l’abattre. Celui qui aimait haranguer les foules ne va plus au contact de son peuple. Un simple appel à un sit-in –littéralement, s’asseoir quelque part- est considéré comme un appel à l’insurrection. Prenez une feuille de papier, appelez les populations à y dénoncer les pratiques du régime sous forme de plainte et vous serez arrêté pour trouble à l’ordre public. Les allées du palais de la République sont surveillées tous les jours par des centaines de policiers qui épient tous les passants et sautent mécaniquement sur tous les suspects pour les neutraliser.
Cette dérive paranoïaque, nous l’avons déjà notée depuis que les ministres les plus proches du chef de l’Etat ont commencé à être fouillés au corps et passés avec des détecteurs de métaux. Ils n’accèdent plus à la salle du Conseil des ministres sans se débarrasser de leurs téléphones portables. Tout ceci créait déjà une ambiance de suspicion insupportable. Il faut maintenant ajouter à la misère du peuple qui va s’échouer sur les grilles du palais, la colère des militaires. Je retiendrai de la lettre anonyme adressée au chef de l’Etat, le sentiment d’injustice qui anime la troupe, quand elle fait remarquer qu’un bataillon de 600 hommes qui risquent leur vie pour la défense de leur pays reçoit la même dotation en carburant qu’un membre du bureau de l’Assemblée nationale.
Comme au sein de la société, Abdoulaye Wade a promu des médiocres au sein de l’armée, en leur accordant des promotions inattendues, des augmentations de salaire, des véhicules de luxe, des terrains de l’Etat. Pendant ce temps, l’élite intermédiaire se bat sur le terrain au côté des troupes en rationnant les munitions et le carburant, en comptant ses morts. Cette situation a fini par créer un fort sentiment d’injustice et de révolte. Et surtout, les soldats ne peuvent pas rester mobilisés sans penser au sort qui leur sera réservé quand ils ne le seront plus. En voyant le sort qui est aujourd’hui le sort des anciens soldats, obligés de s’immoler par le feu pour se faire entendre, ils imaginent le leur demain. Le président de la République a fait preuve d’une grande maladresse, en laissant réprimer les manifestations des vétérans de la guerre en Casamance. Il n’a pas tenu compte de l’esprit de corps et la fraternité d’arme qui sont le ciment de cette armée républicaine. Il a surtout oublié ce qui fait sa devise, « on nous tue, on ne nous déshonore pas ». Et puisqu’il ne peut pas quitter le territoire sans le salut d’un détachement militaire, l’homme qui aimait voyager ne voyagera que contraint et sera remplacé par le président du Sénat partout où sa présence sera nécessaire.
La décision de ne pas célébrer la fête du 4 avril traduit certes un sentiment de peur qui a gagné ce régime, mais qui s’est transformé dans l’armée en un sentiment d’humiliation. Au-delà de son aspect festif, la célébration de l’anniversaire de notre indépendance a une fonction symbolique. Elle scelle l’unité entre l’Armée et la Nation. La fière allure, les tenues d’apparat, les applaudissements du public créaient chez le soldat en mission commandée, le sentiment du devoir accompli. Mais c’est surtout le prétexte servi à l’armée qui est insupportable. A la place d’un défilé, une cérémonie de prise d’arme se déroulera avec des troupes réduites au minimum non loin du palais, à la Place de l’indépendance. Le pouvoir prétexte d’une morosité économique. Pour se donner bonne conscience, il s’est engagé à renoncer aux festivités marquant le 11ème anniversaire de l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir pour lesquelles un budget de deux milliards de francs avait été arrêté et de se contenter d’une marche. Mais comment justifier un report de la fête de notre indépendance, quand on vient de demander au ministère des Forces armées d’acheter avec son budget, un avion présidentiel qui a coûté 25 milliards de francs; comment refuser à son armée son seul jour de communion avec le peuple quand trois mois auparavant, on a déposé dans les mains de sa fille des dizaines de milliards de francs pour un « Fesman » sans objet et mobilisé les banques pour honorer la facture ? Mais encore, comment prétexter la rareté financière, après avoir mobilisé des avions, accueilli des chefs d’Etat pour célébrer une statue de bronze qui a coûté une vingtaine de milliards de francs ?
Le président dont je parle est l’opposant pour qui j’ai éprouvé la plus grande admiration et malgré tout ce qu’il a fait, il me fait encore de la peine de le voir souffrir. Il était bien parti pour entrer dans l’histoire, nous étions bien partis pour sortir de la misère. Mais inspiré par on ne sait quel démon, il s’est mis à s’acharner contre tous ceux qui ont voulu son bien et celui de leur peuple. Son fils et sa fille sont subitement devenus des surdoués et les Sénégalais qui l’ont élu, des idiots. Il a sans doute réussi son coup. En avilissant son peuple, il l’a poussé à ne penser qu’à sa survie et à prendre la liberté pour un luxe. Mais un peuple d’humains n’est pas un troupeau de vaches. Il ne suffit pas de leur dire quoi faire, il faut leur dire pourquoi ils doivent le faire.
Un observateur averti s’inquiétait du sort des sénégalais, en me faisant remarquer à quel point ce pays était divisé. Je lui ai répondu qu’il devait nuancer son jugement. Les Sénégalais n’ont jamais été aussi unis qu’ils le sont maintenant. Il y a certes une bande d’opportunistes qui réussissent à tromper une partie du peuple. Mais ils seront les premiers à se retourner contre leur bienfaiteur, s’il venait à perdre le pouvoir ou à mourir. Au sein du peuple, dans la société civile comme dans l’armée, Abdoulaye Wade ne suscite que rejet et réprobation. Les responsables de son parti se sont courageusement dressés contre sa tentative d’imposer son fils à la tête du Pds et de l’Etat. Pour coller à l’actualité, j’ai éprouvé une réelle fierté, en voyant le courage avec lequel les syndicalistes du Sutelec se dressent contre Karim Wade et sa camarilla. Il s’est abusé lourdement, en croyant qu’ils obéiraient à ses ordres comme de gentils benêts.
On n’avait pas besoin d’être Nostradamus pour savoir comment tout ceci allait finir. L’armée est abandonnée à son sort en Casamance, les ménages sont privés de revenu et d’électricité, le système éducatif est à terre, les entreprises sont en faillite. Face à ce drame, le président de la République est sans moyen. Son esprit est maintenant dominé par la peur et son corps commandé par les narcotiques. Un homme qui a peur de la sanction de son peuple et redoute les réactions de son armée ne se présentera jamais à une élection. Il s’est abandonné au seul plaisir qu’il puisse s’offrir, présider et à la seule chose qu’il puisse redouter, être jugé de son vivant. Le dernier entretien qu’il a accordé à la presse étrangère est sans ambigüité sur ce point. Quand il déclare qu’il ne sera pas là quand son successeur sera désigné, il nous dit en même temps qu’il ne quittera pas le pouvoir avant sa mort. C’est-à-dire que faire accepter sa candidature, participer à une élection et parcourir le pays pendant 21 jours sont trop de choses au-dessus de ses moyens. Mais il veut surtout nous dire que le sort de son fils ne l’intéresse plus. Il en est jeté.
SJD
Comme au sein de la société, Abdoulaye Wade a promu des médiocres au sein de l’armée, en leur accordant des promotions inattendues, des augmentations de salaire, des véhicules de luxe, des terrains de l’Etat. Pendant ce temps, l’élite intermédiaire se bat sur le terrain au côté des troupes en rationnant les munitions et le carburant, en comptant ses morts. Cette situation a fini par créer un fort sentiment d’injustice et de révolte. Et surtout, les soldats ne peuvent pas rester mobilisés sans penser au sort qui leur sera réservé quand ils ne le seront plus. En voyant le sort qui est aujourd’hui le sort des anciens soldats, obligés de s’immoler par le feu pour se faire entendre, ils imaginent le leur demain. Le président de la République a fait preuve d’une grande maladresse, en laissant réprimer les manifestations des vétérans de la guerre en Casamance. Il n’a pas tenu compte de l’esprit de corps et la fraternité d’arme qui sont le ciment de cette armée républicaine. Il a surtout oublié ce qui fait sa devise, « on nous tue, on ne nous déshonore pas ». Et puisqu’il ne peut pas quitter le territoire sans le salut d’un détachement militaire, l’homme qui aimait voyager ne voyagera que contraint et sera remplacé par le président du Sénat partout où sa présence sera nécessaire.
La décision de ne pas célébrer la fête du 4 avril traduit certes un sentiment de peur qui a gagné ce régime, mais qui s’est transformé dans l’armée en un sentiment d’humiliation. Au-delà de son aspect festif, la célébration de l’anniversaire de notre indépendance a une fonction symbolique. Elle scelle l’unité entre l’Armée et la Nation. La fière allure, les tenues d’apparat, les applaudissements du public créaient chez le soldat en mission commandée, le sentiment du devoir accompli. Mais c’est surtout le prétexte servi à l’armée qui est insupportable. A la place d’un défilé, une cérémonie de prise d’arme se déroulera avec des troupes réduites au minimum non loin du palais, à la Place de l’indépendance. Le pouvoir prétexte d’une morosité économique. Pour se donner bonne conscience, il s’est engagé à renoncer aux festivités marquant le 11ème anniversaire de l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir pour lesquelles un budget de deux milliards de francs avait été arrêté et de se contenter d’une marche. Mais comment justifier un report de la fête de notre indépendance, quand on vient de demander au ministère des Forces armées d’acheter avec son budget, un avion présidentiel qui a coûté 25 milliards de francs; comment refuser à son armée son seul jour de communion avec le peuple quand trois mois auparavant, on a déposé dans les mains de sa fille des dizaines de milliards de francs pour un « Fesman » sans objet et mobilisé les banques pour honorer la facture ? Mais encore, comment prétexter la rareté financière, après avoir mobilisé des avions, accueilli des chefs d’Etat pour célébrer une statue de bronze qui a coûté une vingtaine de milliards de francs ?
Le président dont je parle est l’opposant pour qui j’ai éprouvé la plus grande admiration et malgré tout ce qu’il a fait, il me fait encore de la peine de le voir souffrir. Il était bien parti pour entrer dans l’histoire, nous étions bien partis pour sortir de la misère. Mais inspiré par on ne sait quel démon, il s’est mis à s’acharner contre tous ceux qui ont voulu son bien et celui de leur peuple. Son fils et sa fille sont subitement devenus des surdoués et les Sénégalais qui l’ont élu, des idiots. Il a sans doute réussi son coup. En avilissant son peuple, il l’a poussé à ne penser qu’à sa survie et à prendre la liberté pour un luxe. Mais un peuple d’humains n’est pas un troupeau de vaches. Il ne suffit pas de leur dire quoi faire, il faut leur dire pourquoi ils doivent le faire.
Un observateur averti s’inquiétait du sort des sénégalais, en me faisant remarquer à quel point ce pays était divisé. Je lui ai répondu qu’il devait nuancer son jugement. Les Sénégalais n’ont jamais été aussi unis qu’ils le sont maintenant. Il y a certes une bande d’opportunistes qui réussissent à tromper une partie du peuple. Mais ils seront les premiers à se retourner contre leur bienfaiteur, s’il venait à perdre le pouvoir ou à mourir. Au sein du peuple, dans la société civile comme dans l’armée, Abdoulaye Wade ne suscite que rejet et réprobation. Les responsables de son parti se sont courageusement dressés contre sa tentative d’imposer son fils à la tête du Pds et de l’Etat. Pour coller à l’actualité, j’ai éprouvé une réelle fierté, en voyant le courage avec lequel les syndicalistes du Sutelec se dressent contre Karim Wade et sa camarilla. Il s’est abusé lourdement, en croyant qu’ils obéiraient à ses ordres comme de gentils benêts.
On n’avait pas besoin d’être Nostradamus pour savoir comment tout ceci allait finir. L’armée est abandonnée à son sort en Casamance, les ménages sont privés de revenu et d’électricité, le système éducatif est à terre, les entreprises sont en faillite. Face à ce drame, le président de la République est sans moyen. Son esprit est maintenant dominé par la peur et son corps commandé par les narcotiques. Un homme qui a peur de la sanction de son peuple et redoute les réactions de son armée ne se présentera jamais à une élection. Il s’est abandonné au seul plaisir qu’il puisse s’offrir, présider et à la seule chose qu’il puisse redouter, être jugé de son vivant. Le dernier entretien qu’il a accordé à la presse étrangère est sans ambigüité sur ce point. Quand il déclare qu’il ne sera pas là quand son successeur sera désigné, il nous dit en même temps qu’il ne quittera pas le pouvoir avant sa mort. C’est-à-dire que faire accepter sa candidature, participer à une élection et parcourir le pays pendant 21 jours sont trop de choses au-dessus de ses moyens. Mais il veut surtout nous dire que le sort de son fils ne l’intéresse plus. Il en est jeté.
SJD
14 Commentaires
Baab
En Mars, 2011 (07:53 AM)Vive Niasse
Presi 2012
En Mars, 2011 (10:14 AM)En Verite
En Mars, 2011 (10:25 AM)Undefined
En Mars, 2011 (11:40 AM)Bouldo66
En Mars, 2011 (18:44 PM)Luneso
En Mars, 2011 (19:05 PM)Bouldof66
En Mars, 2011 (19:18 PM)Game Over
En Mars, 2011 (23:27 PM)Sikiti
En Mars, 2011 (13:42 PM)Gfg
En Mars, 2011 (13:21 PM)Undefined
En Mars, 2011 (11:54 AM)Adja
En Mars, 2011 (13:59 PM)Siga
En Mars, 2011 (18:30 PM)Presi 2012
En Mars, 2011 (11:03 AM)Venez nous rejoindre sur facebook
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