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2007 : Un nouveau départ pour le Sénégal ?

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2007 : Un nouveau départ pour le Sénégal ?

Après mes premières contributions portant successivement sur le personnage de M. Abdoulaye Wade, président de la République, et sur la situation politique du Sénégal d’avant les éventuelles élections de 2007, je me suis senti engagé dans un engrenage m’obligeant à former une trilogie pour aboutir à ma démarche.

Aujourd’hui, quand de l’autre côté de l’Atlantique, on parle de crise de la modernité et d’hypothèse de post-modernité, au Sénégal, semble se dresser un cirque gigantesque, transformant les sphères de réflexion et de décision en lieux de singeries (du verbe singer), de «tigritudes» et de «griotisme» érigés en industrie.

Au lendemain des indépendances, René Dumont, portant son regard sur un continent émergeant et plein d’ambitions disait que «L’ Afrique noire est mal partie.» Cette affirmation n’avait nullement entamé la motivation de bon nombre de leaders d’Afrique, formés dans les plus grandes écoles, dépourvus de tout complexe et conscients de leurs capacités à diriger un pays fut-il nouveau avec toutes les difficultés qu’ils pouvaient attendre de la part des anciens colonisateurs qui, pour la plupart, n’étaient pas prêts d’abandonner le gâteau encore mielleux et succulent : l’Afrique.

Au moment où René Dumont se posait des questions, les africains avaient des raisons de se dresser contre ses arguments. Plus encore aujourd’hui, ce qui semble donner raison à Monsieur Dumont est une autre cause qui n’a rien à voir avec celle avancée pour justifier notre mauvais départ. Car, même si un certain nombre de valeurs telles que l’Humanisme, la Démocratie, les droits de l’Homme… sont institutionnalisées en Europe occidentale, bien qu’ayant toujours existé sous d’autres formes chez nous, tout ce qui vient de l’occident ne doit pas servir de référence.

Nous sommes en retard, terriblement en retard et sommes, nous-mêmes, de par nos comportements, les seuls responsables de cet échec.

Le comportement du sénégalais, à tous les niveaux se dégrade, la moralité cède la place à l’animalité, au règne de la calomnie, de la flatterie, trahison et autres maux…

Les seuls patriotes encore dotés de repères, et conscients de la noblesse de notre culture et de nos réalités socio-culturelles sont mis à l’écart parce que dérangeants.

Au sein, comme en dehors de la famille, on ne respecte plus que les dotés de moyens, les flatteurs vivant aux dépens des flattés consentants ou gênés, on n’est plus aîné que par la poche, l’âge ne comptant plus.

Dans ce pays où les seuls repères deviennent les Etats-Unis et l’Europe, l’individualisme, le culte de la réussite sociale à l’occidentale… ont largement pris le dessus sur nos propres valeurs. La réussite sociale se conjugue avec l’isolement, le cloisonnement, les amis du même rang social deviennent plus importants que les membres de sa propre famille… Bref, la volonté de réussite sociale basée sur l’enrichissement à tout prix bouleverse nos comportements.

Face à ce sombre tableau sur lequel tout le monde semble se chercher, tableau qui n’est rien d’autre que le résultat des traumatismes causés par la colonisation, l’acculturation et l’acceptation de la prétendue domination de la civilisation, de la culture Occidentale sur la culture Africaine, des interrogations s’imposent quant à de nouvelles orientations pour un Sénégal, mais surtout pour une Afrique enfin émergeante.

«Je ne veux pas que ma maison soit entourée de murs de toutes parts et mes fenêtres barricadées. Je veux que les cultures de tous les pays puissent souffler aussi librement que possible à travers ma maison. Mais je refuse de me laisser emporter par aucune.» Mahatma Gandhi.

Il nous faut trouver une issue lumineuse à ce «minimalisme culturel» qui, non seulement affaiblit les mentalités, mais aussi et surtout nous place dans une situation qu’on donne l’air d’accepter volontiers : celle d’éternels assistés.

Faut-il rappeler que l’Afrique d’avant la colonisation était dotée de structures sociales aussi stables et prospères que celles des sociétés occidentales les plus avancées à l’époque ?

Ce qui inquiète aujourd’hui et particulièrement dans le cadre du Sénégal qui nous concerne, c’est que la politique ne se fait plus par conviction la trahison, la tortuosité et la transhumance deviennent les lots quotidiens des politiciens. «Les derniers seront les premiers…»

Le Sénégal compte aujourd’hui trop de partis de façade et de complaisance et peu d’hommes politiques fiables et inspirant confiance. Les politiciens semblent être plus animés par leurs propres intérêts que par leurs convictions politiques. L’éthique, l’altruisme et le bénévolat politique ont depuis longtemps laissé la place à la course aux milliards.

QUELQUES PROPOSITIONS CITOYENNES

La conscience d’un destin commun s’impose, cette conscience qui peut nous permettre, ensemble, d’organiser des élections transparentes et démocratiques.

Pendant que les partis politiques et les candidats aux prochaines élections se bousculent sur le terrain, proposant des programmes politiques qui, la plupart, seront loin de leurs réalisations, je propose, avec la modestie qui peut caractériser un citoyen dépourvu de toute ambition politique ou politicienne :

Un retour au modèle africain de solidarité

Il nous faut aller au-delà du sens qu’on donne aujourd’hui à la notion de «Grappes de convergence», une Politique africaine ne peut être conçue sans la notion de Groupe. Il serait peut-être intéressant de réfléchir sur une logique de groupes et d’alliances de groupes. Toute structure africaine, la plus petite qu’elle soit, doit intégrer cette réalité qui est propre à toute société en construction et que les mentalités doivent réintégrer.

Nous avons trop vite abandonné nos systèmes de solidarité. La solidarité sociale, que je sache, dans son modèle occidental, ne peut être transférée dans un pays où la majorité de la population ne travaille pas et n’est donc pas soumis au système de cotisation…

Education et citoyenneté

Il faut repartir de la famille, lui redonner son rang et son sens. C’est du cadre familial que l’éducation doit partir, l’école étant un relais qui, comme tout autre, ne peut assurer une bonne arrivée si le départ n’a pas été bon. L’éducation de base. C’est ce qui, en dehors de toute instruction scolaire ou supérieure, donne des repères dans la vie de tous les jours, des codes de conduite et de comportement envers ses prochains.

Le paysage politique actuel et les forums de discussion, que je visite dans des domaines qui sont sensés être des cadres de discussions sérieuses sur notre avenir, sont transformés en lieux de défoulement et de découverte des pires insanités. On ne s’écoute plus, on ne s’entend plus. On s’évite, se méprise, s’insulte…

Les programmes scolaires doivent réintégrer des matières qu’on qualifiait de facultatives et qui aujourd’hui semblent incontournables : l’instruction civique, les langues nationales… La langue étant le support de toute culture, le reflet d’une manière de voir, de conception du monde. La négligence de nos langues nationales «rétrécit nos fonds communs de connaissances et nos outils de pensée créatrice et de communication».

Les colonies de vacances doivent être généralisées pour que l’enfant, ou l’élève, dans son processus de socialisation, soit encadré part un «moniteur-éducateur» formé dans ce sens et permettant une combinaison harmonieuse des éducations familiales et scolaires.

Le modèle communautaire au secours du système institutionnalisé de protection sociale ? Le retour au cadre familial comme base de départ conduira nécessairement à la reconsidération des groupes sociales, au retour aux sources et à des organisations autour d’une exploitation agricole ou autre structure locale de production.

Les exploitations des chefs religieux, de même que les groupements de femmes sous forme de Mbotaay autour d’une entreprise ou exploitation agricole nous montrent le chemin. L’Etat, en jouant un rôle de parrain, à défaut d’implication directe, pourrait reprendre le relais en contribuant par des structures d’écoulement et/ou de transformation de matières premières en produits finis.

Aussi, essayer d’organiser un moyen de collecte d’une partie du résultat de ces exploitations en fonction du nombre de participants pour une protection sociale. Ce qui pourrait peut-être permettre d’élargir l’assiette de cotisations à la sécurité sociale, mais aussi et surtout donner un coup de pouce à notre système de santé.

Ceci n’a rien à voir avec cette notion souvent entendue de «formaliser l’informel». Il s’agit plutôt de fournir un cadre légal et des infrastructures à des structures que le niveau d’évolution étatique ne permet pas, du moins pour le moment, d’ériger en institution. Les crises récentes de ces dernières années laissent apparaître des formes néo-communautaires derrière les cadres stéréotypés de l’action collective. Les nouvelles formes de solidarité qui réapparaissent ne sont-elles pas une revendication du communautarisme qu’une ouverture vers la modernité n’a jamais pu faire disparaître ?

A propos des grands travaux de l’Etat

Continuer le développement des infrastructures routières pour favoriser les échanges et, dans ce domaine, faciliter le désenclavement aux régions encore difficiles d’accès.

Il faut peut-être se demander si l’enclavement du sud du Sénégal et plus particulièrement le manque d’infrastructures routières modernes et d’infrastructures tout court n’est pas une des raisons de la pérennité du problème de la Casamance ?

L’une des priorités aujourd’hui semble être la jonction de nos routes nationales avec des routes des pays limitrophes. L’exemple de la Transaharienne montre comment une infrastructure routière peut être un moteur de développement, d’ouverture de débouchés et d’intégration sous-régionale.

N’ayant aucune compétence dans ce domaine, je pense qu’il serait important d’étudier une possibilité de réalisation d’un pont partant de Bargny vers l’intérieur de Dakar (quartier du Port). En cas de faisabilité, instaurer un système à péage permettant un délestage, allégeant ainsi de manière conséquente le trafic routier de Rufisque à Dakar.

Les limites des différentes politiques de décentralisation font que Dakar est toujours le pôle de décisions, faciliter l’accès pourrait en même temps faciliter la vie de l’ensemble de la population sénégalaise.

Les lois changent plus vite que les comportements et les mentalités ; c’est un fait. Mais il est plus que temps de penser à une nouvelle orientation des comportements pour éviter une perte totale de notre identité : l’identité africaine avec tout ce que cela comporte.

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1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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