Que de circonlocutions fumeuses et de pudeur vierge pour évoquer la guignolade ubuesque du remaniement intervenu la semaine dernière ! Une pure mascarade qui, en démonétisant davantage le président Wade, aura drainé les railleries du monde entier. Ces remaniements tous azimuts du président, loin de sortir la nation de sa panade actuelle, ne sont que cautère sur la jambe de bois d’une nation ankylosée par l’impéritie de ses dirigeants. A l’heure où notre peuple dolent est emporté comme fétu dans le séisme de la crise actuelle, le président prouve une fois de plus, par cette saynète incongrue, qu’il est mû par des intérêts purement politiciens et électoralistes. Peu lui chaut ce qu’il peut advenir de la nation encalminée ! L’intérêt général n’a pas vraiment de prise sur lui. Aussi, au sortir de cette wadesque pantalonnade, le char de l’Etat, avec un attelage pesant de ministres inutiles, bringuebale-t-il comme jamais. Et la République, notre bien indivis, n’en finit-elle plus de se contorsionner pour trouver son équilibre. Mesdames et messieurs, bienvenue sur la pétaudière de la monarchie sénégalaise sous l’ère houleuse des Wade !
Depuis plusieurs semaines déjà, les journalistes et autres passe-murailles du palais susurraient à l’envi un grand chambardement dans le gouvernement. Le palais aura d’ailleurs été, pendant toutes ces semaines, le théâtre d’un défilé permanent des divers prétendants aux postes ministériels, minaudant à qui mieux mieux pour plaire au roi. Voici la Star academy du remaniement, chaque prétendant poussant la chansonnette devant la nation ébaubie. Du plus proche collaborateur du président au fretin courtisan, tous vinrent se trémousser à ce bal des ambitions avec ses petits-pas d’hypocrites et ses courbettes de flatteurs. Spectacle pitoyable de prétendants émoustillés rivalisant de fayotage et de courtisanerie pour entrer dans les plans du monarque. Du Senghorisme au Dioufisme, l’esprit de cour fit, certes, des ravages sous des apprêts divers mais jamais il ne fut plus sirupeux que sous Wade. Ainsi, au sortir de ce casting hollywoodien au suspense haletant, grande fut la surprise des uns et des autres. Outre une foultitude de nominations incongrues, la reconduction de Cheikh Tidiane Sy à son poste couronne, en point d’orgue, une exécrable pusillanimité du président. En effet, quelques jours après son éviction suite à la tétanie du milieu judiciaire, le voilà qui, de nouveau, plastronne fièrement dans les couloirs du palais. Le président, après lui avoir chanté goguette, fait état d’une inquiétante couardise à travers cette honteuse palinodie. Quant à Cheikh Tidiane Sy, en dépit des propos vachards tenus par le président à son endroit, il s’agrippe sans vergogne à son ministère. Homme lige de Wade, confit en dévotion, il semble, à travers cette attitude honteuse, ériger la servilité au rang des plus grandes vertus. Pathétique spectacle d’un valet nu, dos au mur, prêt à tous les renoncements et compromissions pour continuer de jouir des rogatons de son roi.
L’autre grande farce de ce remaniement aura été le retour dans le gouvernement d’Aida mbodj qui, manifestement, occupe une place de choix dans le cœur du président. Câline ondine, elle aura réussi à vamper le président au point d’être adoubée à la tête du ministère de la famille. La voilà désormais nimbée d’une auréole de ministre d’état qui ne saurait lui seoir tant ses compétences et capacités intellectuelles paraissent étiques. Outre cette énième facétie, la création d’un ministère de la petite enfance en sus de celui de la famille relève d’une incongruité ineffable et prouve à suffisance que la République, aux mains de Wade, est définitivement tombée en quenouille.
Enfin, tout en haut de l’Olympe gouvernemental, on retrouve, sur son nuage, l’habituelle cour du président composée de ses séides féaux, des hiérarques de son parti, bref toute la camarilla de faucons qui gravite autour du roi. Le prince Karim, « héritier » au trône, conserve tout naturellement dans sa giberne ses nombreux ministères en dépit d’un secteur énergétique toujours engoncé dans le terrier du statu quo. Après l’éviction de Samuel Sarr, fusible malheureux du président, son arrivée à la tête du ministère de l’Energie n’aura rien arrangé, plongeant même davantage nos pénates dans les ténèbres. On est bien loin de l’image du stakhanoviste efficace, de lui, dressée par son père pour justifier sa nomination. Karim Wade ne manque certainement pas de talent politique. Au fil des médias, il affiche un bagout généreux et un sympathique appétit d’agir. Mais son précieux atavisme ne s’est, pour l’heure, frotté à aucune ronce. Aucune épreuve de feu n’a permis de vérifier s’il est d’acier ou d’amadou. Et nos citoyens jugeront sévèrement le président, le moment venu, d’avoir conféré tant de puissance à si peu de mérite.
2012 pourrait donc être l’occasion d’un salutaire sursaut national. Une occasion, pour notre peuple dolent, de se débonder. La nation longtemps corsetée et chloroformée à coups de promesses démagogiques semble, aujourd’hui, dessillée du wadisme. Aussi, le vulgaire ballet de nos bateleurs d’Etat ne durera-t-il qu’un au plus. Car 2012, assurément, sonnera l’hallali du régime de Wade.
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
Président du Sillon des Opinions Libérales
6 Commentaires
Xaaaliss
En Mai, 2011 (09:33 AM)Bigmac
En Mai, 2011 (09:40 AM)Pffff
En Mai, 2011 (11:02 AM)Ngalanka
En Mai, 2011 (18:54 PM)Faye Jean Louis
En Mai, 2011 (21:05 PM)Teus
En Mai, 2011 (12:13 PM)Participer à la Discussion