Après deux ans de gestion des collectivités locales : Quel bilan à mi-mandat ?

Si le 19 Mars 2000 reste gravé indélébilement sur le fronton de notre nation, il en est de même du 22 Mars 2009 qui, au-delà de sa portée politique, appréciable à tous les niveaux, reste une étape décisive de notre marche pour la conquête d’une démocratie……achevée !

Le 22 Mars 2009 s’ouvre sur une des facettes de la démocratie productive : les dimensions dynamiques de la décentralisation. Le cadre approprié qui donne le privilège aux populations par le biais des collectivités locales, de s’approprier son esprit en rapprochant l’administration des administrés par une gestion de leur proximité dans une quasi  autonomie. Une administration qui s’exerce bien sur, sous réserve des lois et des règlements de la République.

La conquête de la presque totalité des quarante trois communes d’arrondissement de la région de Dakar et principalement de la grande  banlieue à savoir Pikine et Guédiawaye a consacré à la décentralisation un intérêt jusqu’ici jamais suscité au niveau des populations urbaines particulièrement. Elle a intervenu  à un moment de crises exacerbé par un lot de frustrations meublant leur quotidien.

Les élections locales ont paru être la providence tant guettée à l’horizon par ces populations qui n’étaient plus éblouies par la panoplie de « Weddi Guiss Bokku Si », ni charmés par ses conteurs. Elles optèrent plutôt  pour les bienfaits d’une politique de ruptures en profondeurs qui allait substantiellement contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie. Ce que leur promettaient amplement, les antagonistes du « Sopi Dolli Nu ».

Ainsi donc était né  un espoir fort légitime, vu la trajectoire des postulants –  fraichement sortis d’un long séminaire, les « assises nationales » - qui, la main sur le cœur, promettaient de gérer autrement la cité en s’adossant sur une démocratie locale basée, sur une bonne gouvernance aux fins d’une tenue efficiente des ressources locales pour le bonheur de tous.

Après dix huit mois d’exercice dans les municipalités gérées par les éléments de la Coalition « Benno », un bilan d’étape serait le bienvenu, étant le meilleur indicateur relativement aux taux de respect des engagements souscrits. Curieusement, la presse si prompte à de tels exercices, n’en fait aucune allusion.

Les conditions de vie et autres états des besoins ont-ils connus des améliorations conséquentes ?

Les clameurs journalières issues des profondeurs des cités et banlieues sont assez éloquentes en la matière. A l’évidence, les défis et manques n’ont été  aussi récurrents et criards (inondations, absence d’entretien de la voirie, absence de subvention des structures sanitaires et scolaires, non respect des promesses, mal gouvernance……..), le tout agrémenté par une anachronique confusion et mélange de genres concernant l’affectation des prérogatives et responsabilités entre l’Etat et Municipalités,  à quelle Institution se vouer ? Peut-on toujours se défausser sur le manque de moyens pour se soustraire des compétences transférées ?

Dans le présent contexte, l’Etat de grâce  en faveur des nouveaux administrateurs, peut-il être convoqué pour les absoudre de l’obligation de présenter des résultats ?

Notons simplement que nombre d’entre –eux ne sont pas en terrains inconnus, effectuant plutôt d’imprévisibles « come back », Khalifa Sall pour la Ville de Dakar, Macky Sall pour la Ville de Guédiawaye ! Qui plus est, tous les maires « Benno », s’installant aux commandes avaient en bandoulière, un vade-mecum issu de leur bréviaire, les conclusions de leurs « Assises », contenant des orientations et autres volontés  sensées contenir la panacée idéale aux problématiques locales.

Contrairement à l’héritage socialiste de 2002 (achevée par des délégations spéciales) où tout était à refaire sans oublier des stocks de dettes les plus fantasmagoriques,  dès leur installation chaque Conseil Municipal a bénéficié d’un ensemble de dispositifs d’accompagnements,  jamais contesté, ni minoré. Ils ont tous hérité d’un cadre institutionnel opérationnel et de programmes en cours d’exécution. L’essentiel des attributs et symboles municipaux sauvegardés par les conseillers municipaux sortants à savoir : des locaux souverains, secrétariat fonctionnel, état-civil sécurisé, finances locales assainies et pourvues, logistique opérationnelle.

Et, last but not least, des populations assez compréhensibles pour toujours sublimer leurs attentes tout en ruminant leurs profondes déceptions préfèrent confier leurs sorts  aux O.C.B. (Organisations Communautaires de Base) restructurées  en mouvements citoyens qui, sans état d’âme, rebroussent chemin en s’adressant à qui de droit pour venir à bout des affres comme les inondations, alors que les édiles de « Benno » , par fierté, continuer de finasser. L’exemple le plus éloquent est l’appui dont bénéficie la Synergie des Acteurs pour l’Assainissement de la Banlieue (SAABA), de la part des plus hautes autorités de l’Etat nonobstant l’appartenance politique de son coordonnateur.

L’épisode ayant opposé le Ministre de la Décentralisation et des Collectivités Locales au Maire de Dakar qui fut très vigilant pour ne pas suivre ce dernier sur la patinoire médiatico-politique, en lieu et place d’un vrai débat relatif au respect scrupuleux des textes et règlements de la décentralisation, renseignait  sur cette volonté manifeste des Maires « Benno » à dévoyer l’esprit et l’éthique de la décentralisation à dessein pour des causes et raisons uniquement politiciennes. Amalgamant, « tutelle et légalité », « à priori et à posteriori », « contrôle de légalité et contrôle d’opportunité », la volonté du Chef de l’Etat de redonner à la décentralisation sa lettre de noblesse est ainsi mise en danger.

GOUVERNANCE LOCALE : L’EXEMPLE DE GUEDIAWAYE

Après deux (2) années de gestion, les paramètres d’un bilan d’étape paraissent fort mitigés pour des parangons de la bonne gouvernance,  prématurément discrédités par des cas de contre valeurs ayant jonché leur court parcours, profusément relatés par la presse (Pikine, Patte d’Oie, Médina, Dakar, Dakar-Plateau, etc.).

L’amnésie collective ne nous fait pas oublier la fronde ouverte des 28 conseillers municipaux (PS pour la majorité) de la mairie de Dakar- Plateau- la crème des communes d’arrondissement ? Que dire du centralisme excessif qui se substitue au conseil municipal ? Comme disait l’autre « Chasser le naturel, il revient au galop ».

Le département de Guédiawaye sera pris avec quelques exemples pour faire la situation de la gestion municipale des équipes issues des élections locales de Mars 2009. Comme partout dans la région de Dakar, l’essentiel des communes d’arrondissement de Guédiawaye est sous le contrôle de l’opposition. Sur les cinq communes d’arrondissement, la mouvance présidentielle ne gère que la commune d’arrondissement de Médina Gounass, commune la moins dotée.

Il est important de noter, dans un premier temps, que les nouvelles équipes municipales avaient toutes hérité de finances locales assainies contrairement au legs socialiste de 2002. A Golf- Sud, les socialistes avaient laissé  une dette à hauteur de cent dix millions de francs CFA (110.000.000 FCFA). A Sam Notaire, l’équipe libérale, en passant le témoin aux responsables de « Benno »,  a laissé  des disponibilités estimées à quatre millions cinq trente deux mille cent cinquante cinq FCFA (4 532 155 FCFA), attestant de la bonne tenue des finances locales. Qu’en est-elle  de la situation actuelle ?

L’une des conclusions majeures des Assises de l’opposition recommandait aux tenants des collectivités locales de produire des budgets participatifs avec une implication effective des populations dans l’élaboration et dans l’exécution du budget.   

A Sam Notaire, la situation n’est pas fort reluisante. L’édile de la commune, a violé  l’article 279 du Code des Collectivités Locales en substituant régulièrement les espaces municipales en tribunes politiques au PS. En un laps de temps record, Tanor Dieng s’est déjà rendu quatre fois dans cette commune pour participer aux cérémonies de cette équipe municipale.

Ayant battu sa campagne électorale sur les inondations, le Maire de Wakhinane Nimzatt se décharge sur l’Etat pour occulter son incurie. Fort heureusement, la population est entrain découvrir les efforts immenses que l’ancienne équipe municipale prenait pour soulager les sinistrés des inondations de sa localité. Que dire de ce maire qui offre à sa population des médicaments périmés ? Le sens des responsabilités devrait le pousser à rendre le tablier.   

Au niveau de la Ville de Guédiawaye, l’essentiel des projets initiés par l’équipe sortante sont dans une léthargie alarmante. Le Crédit Municipal n’est plus une priorité au grand dam des jeunes et des femmes, l’Agenda 21 dont la Ville était éligible est victime de la Pyramide de Maslow de l’actuel maire. Les infrastructures socio-éducatives construites par l’ancienne équipe municipale souffrent de manque d’entretien occasionnant ainsi une vétusté précoce.

A défaut de concevoir des projets porteurs, les équipes municipales actuelles se contentent de poursuivre les programmes initiés par les équipes sortantes. Et mieux, ils s’approprient même la paternité des programmes en cours de réalisation dont ils ignorent les tenants et les aboutissants.

Le développement est d’abord local avant d’être national d’où l’importance d’une bonne politique de décentralisation. Le Sénégal, depuis Mars 2000, a connu des sauts qualitatifs dans sa volonté de doter les collectivités locales de moyens conséquents à l’effet d’en faire de véritables pôles de développement. Cette ambition de Son Excellence Maitre Abdoulaye Wade ne devrait pas être interrompue par les changements intervenus dans certaines mairies. Pour ceux là qui prétendaient avoir des chromosomes différents de leurs prédécesseurs en matière de bonne gouvernance, au vu de leur gestion présente, l’heure est à la réévaluation des prétentions avec une très forte dose d’humilité.

PAPE NDIAYE

PRESIDENT ALTERNATIVE CITOYENNE LIBERALE DE GUEDIAWAYE (ACL)

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