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Baccalauréat : L’exclusion des Élèves pour téléphone portable, Une sanction disproportionnée et ses perspectives pour la Législation des NTIC (Par Abdou Lahad Diakhate)

Auteur: Abdou Lahad Diakhate

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Cette manière froide et dépourvue d’empathie, avec laquelle l’avenir de ces élèves a été arbitré, relève du péremptoire et du désinvolte. Une attitude de prudence s’imposait pourtant au responsable du jury, d’une part en raison du nombre critique d’élèves concernés et, d’autre part, de l’exigence de rigueur voulant qu’un rapport de constatation soit toujours suivi d'une enquête pour s'assurer que la personne ne s’est pas trompée de bonne foi.L’instituteur aurait dû trouver un équilibre entre l'application rigide des règles et la considération des circonstances spécifiques. Autrement dit , il est important, dans pareille situation, de prendre en compte l'intention et les circonstances avant d'exclure autant d’élèves, même si les règles étaient clairement mentionnées sur les fiches de convocation.Il aurait été plus juste d'appliquer une sanction proportionnée, comme une confiscation des téléphones pendant la durée de l'examen, plutôt que d'exclure immédiatement les élèves. Cela aurait pu servir d'avertissement tout en évitant des conséquences aussi désastreuses pour les élèves concernés et, surtout, pour leurs familles.Toute chose égale par ailleurs, une application stricte et sans état d’âme des règles risquerait de se heurter très rapidement aux limites imposées par les nouveaux usages technologiques. Le recours à la législation sur les NTIC demeure un enjeu crucial, afin de prendre en compte les implications sécuritaires et sanitaires, en particulier pour les apprenants ayant des besoins médicaux spécifiques (surveillance de leur état de santé via des applications mobiles).Cela dit, une erreur doit être appelée une erreur et, plus important encore, elle doit être corrigée et, si possible, à temps. Au-delà de l’idée de permettre à ces élèves de passer leur examen de baccalauréat comme prévu, les autorités éducatives devraient lancer une réflexion en perspective de la prochaine année afin d’envisager des exceptions ou des aménagements pour les élèves ayant des besoins spécifiques (médicaux, mobilités, sécuritaires...), tout en maintenant des mesures strictes contre la triche. Par ailleurs, il serait judicieux que les autorités éducatives investissent, d’ici quelques années, dans des détecteurs de terminaux allumés afin de mieux encadrer l’interdiction et surtout la rendre plus évolutive.Voilà quelques perspectives pour faire évoluer notre corpus réglementaire, à l’image d’autres pays comme la France où, depuis le renforcement de la loi en 2019, les sanctions pour l’introduction de téléphones portables en salle d’examen peuvent varier graduellement :* Confiscation du téléphone : Le téléphone est pris par le surveillant jusqu'à la fin de l'examen.* Avertissement officiel : Un avertissement est inscrit au dossier de l'élève.* Exclusion de l'examen : Dans les cas graves ou en cas de récidive, l'élève peut être exclu de l'examen et ses épreuves annulées.* Interdiction de se présenter aux sessions suivantes : Dans les cas extrêmes, l'élève peut être interdit de se présenter aux prochaines sessions d'examen pendant un certain temps.En définitive, en excluant ces élèves pour avoir introduit un téléphone portable, l’instituteur a choisi la solution la plus facile à appliquer, mais également la plus problématique à long terme. Une telle décision, dictée par la rigueur des règles, néglige le véritable rôle de l’école : éduquer et soutenir les élèves dans leur développement, plutôt que de les punir de manière disproportionnée.Abdou Lahad Diakhate Ingénieur télécommunications & Consultant Stratégie.
Auteur: Abdou Lahad Diakhate

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