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[ Contribution ] Benno Siggil Senegaal devrait être conduite par une équipe d’hommes et de femmes irréprochables

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[ Contribution ] Benno Siggil Senegaal devrait être conduite par une équipe d’hommes et de femmes irréprochables

Nous avons raté le coche avec l’exemplaire alternance du 19 mars 2000, une belle opportunité pour remettre notre pays sur les rails de la bonne gouvernance et de l’émergence économique. Cet événement majeur avait suscité de gros espoirs de changements qualitatifs : changements d’hommes, de femmes, de méthodes de gouvernement, de mentalité, etc. Malgré des apparences bavardes et trompeuses, l’immense montagne n’a finalement accouché que d’une toute petite souris. Le rêve s’est rapidement brisé en mille morceaux et a laissé place à un véritable cauchemar.

Nous ne devrions pas connaître la même désillusion après 2012, si toutefois les Wade devaient être battus. Nous aurions alors besoin, cette fois-ci, d’une véritable équipe de rupture, composée d’hommes et de femmes irréprochables, en tout cas sans antécédents significatifs de mauvaise gestion. Cette équipe devrait être de rupture profonde, et ne craindrait pas qu’on renvoie un de ses membres à son passé. Elle ne devrait surtout pas avoir peur de ce qu’on appelle communément chez nous « la chasse aux sorcières ».

Dans une société démocratique, il n’y a pas de place pour les sorcières. Si elles existent et sont identifiées, elles doivent subir le seul sort qu’elles méritent : être brûlées vives sur la place publique. Pour l’exemple.

Pour ne donner que quelques exemples parmi mille autres possibles, aucune équipe dite de rupture ne pourrait fermer les eux sur ce scandale qui a consisté, semble-t-il, à brader pratiquement à leurs occupants, toutes les grosses villas autour de l’Assemblée nationale et à Fann Résidence. Certaines de ces villas s’étendraient sur une superficie de plus de mille mètres carrés. Si on considère que, dans la zone autour de la Place Soweto, le mètre carré nu ne coûte pas moins d’un million de francs Cfa, rien que le terrain d’une villa ne devrait pas être vendu à moins d’un milliard de francs. Dans ces conditions-là, céder lesdites à 30 ou 40 millions serait plus qu’un crime. Elles devraient donc être arrachées à leurs propriétaires illégitimes pour revenir patrimoine de l’État.

Parmi les bénéficiaires, figurerait un très, très haut fonctionnaire qui a occupé, pendant 40 ans et sans désemparer, les fonctions les plus prestigieuses de la République. L’homme a le vent en poupe ces derniers temps : il n’est question que de lui. Ayant fait valoir ses droits à une pension de retraite en 2001 à l’âge de 68 ans (65 + 3 de prolongation), il est resté dans son logement avant de se le faire vendre. C’est, du moins, l’information qui circule. Il a eu quand même, pendant sa longue carrière, le temps d’avoir au moins une maison qu’il devait rejoindre dès le lendemain de sa retraite. De nombreux autres hauts fonctionnaires continueraient de bénéficier, comme lui, des mêmes avantages que lorsqu’ils étaient en fonction. Il conviendra de mettre rapidement un terme à ces inéquitables situations de rentes, qu’aucun décret ne peut légitimer.

Le Sénégal a un avenir : sa vie ne s’arrêtera pas avec la nauséabonde gouvernance des Wade qui pratiquent carrément la politique de la terre brûlée. C’est comme si leur devise était de ne rien nous laisser.

L’équipe de rupture devrait, en particulier, se montrer très ferme par rapport à des individus qui, avant le 19 mars 2000, n’avaient pas une case pour l’écrasante majorité d’entre eux, et qui se retrouvent comme par enchantement, en un temps record, avec immeubles et villas somptueuses à Dakar, à Saly et à travers tout le pays. Sans compter certains de leurs comptes extra muros qui, dit-on, seraient particulièrement fournis. Ces nouveaux riches devraient être mis en demeure d’expliquer l’origine de leur fortune subite. La loi réprimant l’enrichissement illicite est encore, il me semble, en vigueur.

Le foncier, principalement le domaine maritime, ne devrait pas être en reste. Dans l’application irresponsable de sa politique de la terre brûlée, le président Wade a déclassé et pratiquement distribué toutes nos réserves foncières, celles de la Foire internationale de Dakar, du Stade Léopold Sédar Sédar Senghor et de l’Aéroport international de Dakar notamment. Le domaine maritime a particulièrement souffert de cette politique irresponsable et égoïste. Ses terres, nos terres, ont été distribuées dans des conditions particulièrement nébuleuses, à des nationaux comme à des étrangers venus d’on ne sait où. Si, demain, les Wade devaient quitter le pouvoir, leurs successeurs ne trouveraient sur place aucune parcelle de terrain pour construire des équipements collectifs. Pendant douze ans, ils auront sans état d’âme réduit la vie et l’ambition de notre pays aux leurs propres. Après eux, le déluge !

Une équipe de rupture ne pourrait pas se passer, non plus, d’un profond audit (administratif, financier et comptable) de l’État. Cet audit devrait mettre un accent particulier sur notre Fonction publique, l’une des meilleures d’Afrique avant le 19 mars 2000, mais que les Wade ont systématiquement détraquée, par leur politique politicienne et électoraliste. Cette Fonction publique est aujourd’hui infestée d’individus venus de nulle part et bénéficiant de contrats spéciaux sur mesure, souvent au détriment de nombreux autres compatriotes formés pour gérer l’État et ses différents démembrements. Me Wade a tout déréglé dans ce système dont la gestion reposait sur des textes qui réglementaient tout : recrutements et nominations d’agents, calcul de salaires ou / ou octroi d’indemnités diverses. L’équipe de Benno ne devrait pas hésiter un seul instant à remettre en cause certains avantages malhonnêtement et injustement acquis et à revenir à l’orthodoxie.

Dans cette perspective, l’équipe devrait être exemplaire en tout point de vue, en faisant notamment montre de sobriété, de mesure et de clairvoyance, dans les institutions qu’elle met en place et dans les avantages qu’elle s’octroie. En particulier, aucun de ses membres ne devrait craindre qu’un jour, on lui jette à la figure cette terrible bombe : « Eh, vous, taisez-vous ! Vous en avez fait autant, sinon plus ! » Nous en avons vraiment assez des mauvais gestionnaires !

Des femmes et des hommes irréprochables ou presque, existent bel et bien au Sénégal, dans les différentes composantes de Benno comme dans les différentes organisations de la société civile debout. Compétents et d’un certain âge (35-55 ans), ne devant rien au népotisme et s’étant frayé leurs propres chemins, par leurs propres efforts et à la sueur de leurs fronts, ils seraient prêts à relever le défi ridicule de Wade père, en renvoyant à ses classes son fils fainéant, à qui toute la besogne a été mâchée. Il est vrai que ces hommes et ces femmes ne seront pas seuls : les plus anciens les encadreront de près et mettront gracieusement à leur disposition leur large expérience.

Nous vivons une période propice en conjectures et en propositions. Certains observateurs préconisent l’éradication pure et simple de la classe politique. Cette position est, me semble-t-il, irréaliste : je ne connais au monde aucune démocratie où il n’existe pas une classe politique qui exerce le pouvoir et une autre qui aspire à y accéder. Je suis plutôt du côté de ceux qui suggèrent son rajeunissement. Oui, la classe politique sénégalaise gagnerait à être notablement rajeunie.

Benno est en train de dérouler son agenda – que j’appuie –  et devrait nous présenter des propositions de réformes multisectorielles susceptibles de panser, dans un délai raisonnable, les profondes blessures que notre pays traîne après douze ans d’infecte gouvernance dite libérale. Ses différentes composantes devront ensuite se montrer déterminées, réalistes et renoncer surtout à leur ego et à tout autre intérêt individuel, au profit du seul intérêt qui vaille : celui supérieur de notre Nation profondément meurtrie. Elles ne devront pas, non plus, perdre de vue un seul instant, que les Wade s’accrocheront au pouvoir jusqu’au dernier souffle, et mettront tout en œuvre pour le conserver. Un Benno éclaté en mille morceaux et hésitant leur facilitera véritablement la tâche.

Un proverbe de chez nous dit ceci : « Lula dee di jox, bula ko dee jaralul, doo ca jot múkk, ba ba ngay dee. » En d’autres termes, nous n’avons pas d’autres choix que d’opposer une résistance farouche aux Wade, une résistance à la hauteur de leurs énormes capacités de nuisance et de leur volonté inébranlable de conserver coûte que coûte le pouvoir.

Certains observateurs s’emploient à nous convaincre du mauvais choix de la candidature unique et vendent les candidatures plurielles, au besoin limitées. Pour ce qui me concerne, je penche pour un candidat unique, qui pourrait ne pas être forcément l’un ou l’autre des ténors auxquels son pense. S’ils ne peuvent pas s’entendre, et ils s’entendront difficilement, ils devront faire montre de suffisamment de patriotisme, de réalisme, de capacité de dépassement, de renoncement et d’abnégation, pour s’effacer au profit d’un compatriote consensuel. Ce candidat unique pourrait bien être issu de Benno comme de la société civile, partie prenante des Assises nationales.

L’avantage d’un tel scénario, ce serait de rassurer l’opinion publique qui est, dans son écrasante majorité, favorable à une candidature unique de l’opposition. Le taux de participation du vote au profit de celle-ci pourrait être alors très important.

Je suis plutôt réservé par rapport aux candidatures plurielles que personne ne pourrait limiter. Nous pourrions nous retrouver avec plus d’une dizaine de candidats, si on considère les candidats potentiels déjà connus, sans compter les fantoches que les Wade mettront en selle pour brouiller les pistes. Devant une telle prolifération de candidats, les pauvres populations désorientées et ne sachant plus où donner finalement de la carte, pourraient être tentées de s’abstenir ou, dans le pire des cas, de sanctionner les différents candidats de Benno, qui seraient incapables de renoncer à l’intérêt d’un camp au profit de l’intérêt supérieur de la Nation.

Pendant ce temps, nos « amis » d’en face voteront en masse pour leur seul candidat, qui pourrait bien rafler la mise. Au grand dam de notre déjà très pauvre pays, qui courrait le risque de se retrouver dans les mains d’un Karim Wade – et peut-être, plus tard d’un autre Wade – pour encore trente ans au moins. Ce scénario catastrophe n’est pas une vue de l’esprit : il peut bien intervenir et aucune idée n’est superflue, aucun sacrifice n’est de trop pour le conjurer. Les différentes idées que je viens de développer dans ce texte ne s’inscrivent que dans cette seule perspective. Elles ne seront sûrement pas partagées par tout le monde et en irriteront peut-être même plus d’un. Je ne cible en tout cas aucun homme, aucune femme en particulier. J’exprime simplement un souhait – et c’est mon droit le plus absolu –, celui que notre pays soit enfin gouverné par les meilleurs d’entre nous.

 



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