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Casamance: Macky ou l’art de faire la guerre en temps de paix

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Casamance: Macky ou l’art de faire la guerre en temps de paix
L’heuristique du conflit en Casamance avait fini de nous persuader que la marque de fabrique du Sénégal sur la crise, tous chefs d’Etat confondus, a toujours été teintée par la stratégie de l’usure.Même si d’aucuns diront que l’Etat a souvent fait montre d’une manque de résolution ferme ou de vision claire.Circonscrire le conflit et le laisser mourir a toujours été de mise.En quoi la gestion du président Sall se démarque radicalement de celle de ces prédécesseurs? Et en quoi est-elle plus efficace? La lecture martiale, purement sécuritaire des deux premiers présidents,à savoir Senghor et plus particulièrement Diouf,n’a dès le début du conflit laissé personne de marbre. Au départ,la question fut confiée aux services de défense et de sécurité afin de contenir la rébellion dans une zone très localisée, puisque considérée par l’Etat central comme purement sécuritaire. Non sans vouloir justifier l’inexplicable, cette approche reste aussi banale vu l’état juvénile dans lequel se trouvait le Sénégal au déclenchement du conflit. La rébellion n’étant aussi pas structurée,préparée,il ne pouvait donc pas en être autrement. Ce qui donna l’occasion à certains de pointer du doigt le manque de considération ou le mépris de l’Etat jacobin du Sénégal à l’endroit du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Déléguer,en grande partie,la gestion du conflit aux forces de défenses et de sécurité et ce depuis le début, peut aisément laisser deviner la stratégie de l’usure mise à l’œuvre et qui demeure constante,qu’importe celui qui tient les commandes. En cela, l’armée du Sénégal a joué un grand rôle. On peut même aller jusqu’à questionner ce rôle sécuritaire dans le sud qui ressemble fort à des tâches dédiées à la gendarmerie ou à la police. Même si celles-ci font le bonheur des populations,elles s’inscrivent tous dans un cadre de mise en œuvre du concept armée-nation afin de renforcer les liens et augmenter le capital sympathie.La  stratégie de Wade et celle de Macky diffèrent sensiblement des deux premiers Présidents du point de vue de l’approche:plus pragmatique.Nonobstant leur divergence sur le point de vue sécuritaire,ils parlent tous le même langage/ils s’accordent tous sur l’approche déployée.«Messiers Casamance»pour le premier,«facilitateur désigné»pour le second:leurs stratégies intègrent dialogue et maintien de l’ordre.Ainsi,Abdoulaye Wade ayant fait de la prison avec bon nombre de maquisards, cru comprendre leur motivations intrinsèques, et naïvement ou intentionnellement, il réussit en l’espace d’une décennie à diviser le maquis entre modérés et radicaux. Il obtint également de faire signer un accord de paix avec les premiers en 2004et enfin de laisser en rade les seconds qui se radicalisent finalement.Cette stratégie,qui s’est appuyée sur des mallettes d’argent au profit des chefs,a fortement contribué à apaiser les tensions notamment durant les grandes échéances électorales,mais aussi à diviser et ternir l’imagedu mouvement auprès des populations et observateurs.Le Président Macky,fort des expériences vécues,car ayant respectivement occupé les postes de Ministre de l’Intérieur, Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale, a toujours été familier du dossier Casamance.En véritable chef de guerre,il met sur la table plusieurs options. La première décision fut la création d’une commission a dhoc pour les négociations et la gestion du dossier Casamance. Ce comité,mené par le Délégué général aux renseignements nationaux,qui dirigeait par ailleurs la DDSE avant de prendre la direction du Conseil d’Orientation Stratégique (COS) Confier le dossier à un proche issu des renseignements montre à quel point le Président Sall tient à ce dossier.Facilitations et dialogue vs Messieurs Casamance Macky Sall se démarque de l’approche «Messieurs Casamance»longtemps décriée sur le terrain en:-Acceptant la main tendue de Salif Sadio (A la tête de l’aile dure de la rébellion)pour des négociations à Rome sous l’égide de Saint Egidio.-Déléguant sur le terrain des associations de base,qui font un travail remarquable, à l’instar de la plate-forme des femmes la COSPAC et celle du GRPC de l’ancien Ministre Robert Sagna,afin d’instaurer un dialogue permanent et apaisant avec la population.-Acceptant l’aide de l’Union Européen et des Etats-Unis pour une mission de facilitation par le biais du centre pour le Dialogue Humanitaire qui assure le volet formation, dialogue entre les acteurs et réinsertion des combattants qui le souhaitent.-Réactivant l’agence nationale pour la relance des activités économique et sociales en Casamance (ANRAC) et le Centre National d’Action Antimines au Sénégal (CNAMS) qui a pour but de prendre en charge l’accompagnement et le retour des populations déplacées.Changement de régime ou Régime Change Jadis très influentes dans le dossier Casamance pour y avoir joué des rôles tantôt troubles tantôts positifs, la Gambie et la Guinée Bissau ont été pendant longtemps considérées comme facteurs prépondérantdans la résolution du conflit. Zones de replis du MFDC ces deux pays frontaliers du Sénégal,ont longtemps rendu les choses compliquées sur le plan tactique et opérationnel pour les forces de défense et de sécurité. L’idéal,sur ces entrefaites,sera une totale coopération de ces deux pays afin de faire régner la sécurité et ainsi assurer le retour de la paix définitive. Chemin faisant,Dakar atout fait pour que les relations entre ces deux pays frères soit au beau fixe notamment en poussant pour des changements de régime favorable et en réactualisant les accords de défense préexistants.Très à cheval sur la question des déplacés,ces pays ont récemment octroyé à tous les réfugiés qui ont fui la Casamance à cause du conflit,de bénéficier d’une nouvelle identité afin de ne plus être apatrides.Développement et Décentralisation Fer de lance du nouveau régime,l’aspect développement est au cœur de la vision de Macky en Casamance. Non sans vouloir faire le bilan économique de Macky Sall dans la région sud du Sénégal,il parvient à rendre visible sur le plan des infrastructures des projets vitaux pour la résolution du conflit car faisant partie des exigences historique des populations,permettant dans la foulée le désenclavement terre (réalisation route, pont),air(desserte aérienne), mer (desserte maritime)de cette partie du Sénégal.L’acte III de la décentralisation consacre les régions du Sénégal en pôle de développement avec comme région pilote la Casamance, Macky a tenté de donner un contenu économique à l’autonomisation de cette région, de renforcer,avec des projets très actifs qui ont vu le jour sous son magister comme Projet Pole Développent de la Casamance,du Programme d’urgence pour le développement communautaire, de l’activation de l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance l’ANRAC, du Projet d'appui à la promotion de l'emploi des jeunes et des femmes (PAPEJF), du PUMA entre autres.Même si la situation sanitaire est un frein pour la destination Casamance en matière de tourisme , Macky à réussi à faire déclassifier la Casamance de <<zone à risque>> à zone fréquentable par le Quai d’Orsay.Finir la rébellion à petit feu Tous ces effort sont sans nul doute eu un écho très favorable au sein des populations,qui visées par de multiples agressions et récemment des exactions,comme celle de boffa bayote (14 personnestuées) Niadhiou ou Toubacouta,n’ont eu d’autre choix que d’approuver les interventions récentes de l’armée dans le but de sécuriser le retour des populations, de s’établir sur la frontière et contrôler les points de passages clandestins.En 37ans de conflit, le temps a fini par vider le maquis de ses hommes mais aussi de sa substance, ce pour quoi ses mandants moraux augmentaient au sein de la population. Le MFDCn’a plus d’offre politique et pis il s’est disloqué à tous les niveaux.Macky a décimerle camphi storique de la rébellion Sikoune, négocie avec Salif Sadio (chef Attika du MFDCdepuis 2012),tente de rentrer en dialogue avec César Atoute (chef front Sud)et Assambane (Chef de Diakaye), Tous les trois sont vieillissants et d’après certaines sources très malades. Parle biais du comité ad hoc toujours, il discute avec l’aile civile locale, laisse de côté l’aile civile extérieure dénommée parfois à tort diaspora.Ce tour d’horizon des différentes stratégies du Sénégal met en exergue l’efficacité de l’approche actuelle de Macky Sall face à la crise en Casamance. Sans jamais communiquer sur le conflit,le Président,comme à son habitude en matière politique,prend le dessus,pour ne pas dire élimine ses adversaires en faisant semblant de toujours les ignorer.Mouhamadou al Mokhtar Niang,Spécialiste des questions de médiation paix et sécurité, ancien Facilitateur du conflit en Casamance et Responsable Thinking Africa Sénégal



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