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Contribution : Et si la femme retournait au foyer ?

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Contribution : Et si la femme retournait au foyer ?

Cette question a l’air d’une boutade à l’heure actuelle où tout se fait pour conduire les femmes hors des foyers. Le penser serait aller alors à contre-courant et peut-être s’exposer aux critiques les plus acerbes. On serait taxé de misogynie, de phallocratie ou même de schizophrénie. La gent féminine et leurs affidés, comme une seule femme, se braqueront alors, becs et ongles en avant pour corriger le portrait de ce téméraire. Mais cette question, plaisanterie de mauvais goût, peut sembler être de l’ordre des conjectures ou des bavardages de salon, sans autre intérêt que d’égayer l’ambiance ou de divertir les uns et les autres.

Les femmes au foyer ! Ce n’est pas sérieux, serait-on tenté de dire, tout en oubliant qu’il y a peu, on ne se gênait pas de le soutenir et cela, en convoquant tous les dieux et les prophètes possibles. Et tout ça dans le seul but de montrer que si on le pensait, c’est parce que cela aurait été voulu par ces dieux et prophètes de l’humanité. Les débats sur la place de la femme dans la société ou sur cette place que lui réserveraient toutes les grandes religions dites révélées semblent lointains alors qu’il n’y a même pas deux décennies, avec les revendications féministes, beaucoup ne se gênaient pas de soutenir que cette place était dans les foyers, que sa mosquée, c’était le foyer. Marques et héritages des pays musulmans et d’une manière générale des pays ‘en voie de développement’ !

Ailleurs, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, la place de la femme dans les pays occidentaux, n’était même pas au foyer, mais seconde tout simplement ou même inexistante. La femme n’évoluait que là où le voulait bien son homme. D’ailleurs, à travers le mariage, elle perdait même son identité, si identité il y a, en héritant du nom de son mari. Même s’il y a possibilité de divorce, on divorcera et on changera de nom, ce n’est pas grave ! Donc, dans beaucoup de situations, sa place était seconde, recluse ou confinée tout simplement. La femme appartenait à l’homme !

Elles se sont rebellées, elles ont revendiqué et elles s’affirment de plus en plus. Cette affirmation se caractérisant par leur refus de rester au foyer. Et l’on voudrait qu’elle retourne au foyer à l’heure de la modernité ou même de la post-modernité ? Est-ce sérieux ? Oui, c’est très sérieux et essayons de montrer pourquoi !

C’est très sérieux au moins dans trois domaines, et là on fera du concordisme à reculons, c’est-à-dire, en soutenant que face aux découvertes scientifiques récentes, les religions avaient raison de vouloir maintenir les femmes là-bas, au foyer. Le premier domaine que l’on explorera est celui de la maternité.

Eternel problème de la maternité. Il a fallu la maîtriser pour permettre aux femmes de faire de très ‘grands bonds en avant’ dans leur démarche émancipatrice. Si on veut s’épanouir dehors, il faut être maîtresse de son corps. Ainsi, si elle n’avait aucun pouvoir sur son corps, des maternités successives risqueraient de la maintenir à l’intérieur des foyers parce qu’elles requièrent que la femme restât au foyer pour pouvoir pouponner, allaiter, dorloter et cajoler. Mais, on inventa la pilule et le biberon, et alors elles purent sortir librement alors que d’autres femmes (les baby-sitters et les bonnes) demeuraient au foyer pour les remplacer dans leurs rôles. La maternité n’est plus un destin ! Mais cela, jusqu’au jour où les psychologues, les psychanalystes ou les pédo-psychologues (les disciples de Freud) montrent, ou en tout cas théorisent, tout l’intérêt qu’il y aurait à avoir la mère auprès de son bébé d’une manière permanente et durable. Cela pourrait éviter aux bébés certaines affections symptômes d’une carence maternelle et maternante.

Mais, auparavant, avec la pression de l’industrie pharmaceutique, on avait fini de substituer l’allaitement maternel par cet allaitement artificiel, parce qu’on supposait que l’allaitement par biberon était plus sain et exposait l’enfant à moins d’agressions microbiennes. Et ce jusqu’au jour où la médecine démontre le contraire et expose tout l’avantage qu’il y aurait à préférer l’allaitement maternel à celui de l’allaitement par biberon.

Actuellement d’ailleurs, on est en train, pieds et mains, de faire la promotion de ce qu’on appelle l’allaitement maternel exclusif, connu sous le nom d’Ame. Il est vivement conseillé à la nouvelle maman d’allaiter au sein exclusivement (c’est-à-dire sans eau ou autre nourriture) son nourrisson pendant six mois fermes pour donner à l’enfant tout l’apport calorifique, énergétique et nutritif dont il aurait besoin. Mais, on se doute bien que l’application de cet Ame est difficile du fait que les femmes travaillent, c’est-à-dire qu’elles sortent donc en laissant leur nourrisson au petit soin de la grand-mère, de la bonne à tout faire ou en le déposant à la crèche.

Donc, il y a incompatibilité. Et pour qu’il y ait compatibilité bénéfique (au moins pour le bébé), il faudrait alors que la femme puisse demeurer dans le foyer pendant six mois fermes. Mais, si on y ajoute la période de grossesse où la femme doit se tenir à carreaux pendant une longue période, on va en arriver à une année d’inactivité professionnelle. Alors, quelle est cette entreprise, ce travail, cette fonction, qui accepterait de payer ou de supporter une personne qui ne travaille pas pendant une année, parce qu’elle aurait d’autres obligations ailleurs ?

Ce questionnement nous amène à nous intéresser au second domaine qui nous intéresse ici, à savoir, le domaine professionnel. On voit (rien qu’avec cet exemple) que si on appliquait à la lettre les recommandations de la médecine moderne pour une bonne santé infantile et maternelle, beaucoup de femmes resteraient au foyer logiquement. Mais, en restant au foyer, leur place sera vacante dans leur lieu de travail. Et encore une fois, quelle est cette entreprise qui supporterait voir une partie de son personnel s’absenter tout en le payant, alors que cette partie du personnel vaque ailleurs dans d’autres obligations ? Il est facile d’en déduire que ce serait un manque à gagner.

Manque à gagner qui ne serait pas bénéfique pour cette entreprise. Surtout quand ça dure une année, voire même plus, compte tenu des exigences objectives de la médecine moderne.

Ainsi, pour éviter ce manque à gagner, ne faudrait-il pas une bonne fois demander aux femmes de rester au foyer pour bien materner leurs enfants, ces êtres fragiles qui ont nécessairement besoin de toute leur présence ? Mais ici, ce qui fonde le plus l’idée du retour des femmes au foyer, c’est que l’on suppose que cela pourrait être une solution pour résoudre les problèmes de chômage auxquels beaucoup de pays sont confrontés. En effet, quand les femmes retourneront au foyer, les chômeurs hommes pourraient les remplacer, d’autant plus que ces derniers de plus en plus, s’adonnent à ces métiers qualifiés de féminins. Beaucoup de points de vue ont été développés sur cet aspect, mais on reconnaîtra que de visu, il semble plausible que cela puisse donner les résultats escomptés. Les femmes au foyer, et le chômage aux oubliettes !

Cependant, reviendrait alors au galop ici, le partage traditionnel ou la division sexuelle du travail qui avait fini par entériner cette inégalité dans les rapports de genre. Ainsi, pour éviter cela, c’est à la seule condition de tenir le travail domestique comme du travail à part entière, c’est-à-dire qui sera rémunéré, afin de donner aux femmes une certaine autonomie vis-à-vis des humeurs de leur conjoint. Humeurs qu’explique largement le pouvoir économique de ces derniers. Ou à défaut, parce qu’on peut supposer qu’être maman n’est pas une fonction, ne faudrait-il pas définir et assurer aux femmes des droits aussi égalitaires que ceux des hommes ? Ici aussi, on pensera nettement que ces droits n’auraient aucune effectivité à l’instar de beaucoup de droits qui ne reposent que sur des vœux pieux. Alors, on penserait qu’il faudrait qu’elles fassent ce que les hommes font pour avoir les mêmes droits, c’est-à-dire il faudrait qu’elles sortent.

Mais (et c’est là le troisième domaine d’observation), c’est parce que tout le monde sort que l’on pense que la famille, considérée comme la cellule fondamentale de l’individu et de la société, est en crise. Ne serait-il pas opportun de se questionner sur cette désertion du foyer et des crises prétendues qu’elle entraîne aussi bien au point de vue psychologique que social. Crises qui se manifestent, dit-on, par la démission des parents, le manque d’éducation des enfants, le délitement des relations familiales. Et l’on pense à juste titre que si la femme était restée au foyer, toute cette crise familiale allait être jugulée. En effet, la femme allait constituer celle qui se chargerait de maintenir le noyau familial, d’assurer l’éducation des enfants en servant de repère fixe et de force centripète pour ces derniers. C’est pourquoi l’on pensait qu’éduquer une femme c’est éduquer toute une société ; que l’endurance dont une femme fera montre dans son foyer est gage de réussite pour ses enfants.

Si tout le monde sort, il est sûr que l’éducation des enfants ne serait pas bien assurée par les parents, que ces derniers n’auraient que peu d’emprise sur ces derniers. Alors, pour qu’il y ait ascendance des parents sur leurs enfants, impérativement, il faudrait qu’ils fassent sentir leur présence. Et il n’y a pas plusieurs façons de faire peser son poids sur quelqu’un si on ne se frotte pas à lui d’une manière permanente et soutenue. Cependant, pourquoi serait-ce le rôle de la femme ? Mais, parce que d’abord c’est elle qui porte l’enfant, ensuite c’est l’Ame, et enfin tout ça donne une suite logique comme quoi que ce serait elle qui devrait rester au foyer et veiller à la bonne éducation des enfants et à la bonne image du père. Ainsi, l’enfant pourrait faire tous ses complexes et stades de développement freudiens d’une manière souhaitable ; parce que dit-on, tout se joue dans les six premières années. Et c’est la science moderne qui le dit !

Alors triplement, conformément aux découvertes de la science moderne : - la femme au foyer, la santé infantile assurée !

- la femme au foyer, le chômage aux oubliettes !

- la femme au foyer, la famille cellule de base de l’individu et de la société !

Sauf que tout ça, ce n’est pas vrai ! La famille n’est pas et n’a jamais été la cellule de base de la société ; le chômage n’est pas causé (ni directement, ni indirectement) par le travail des femmes ; et beaucoup de femmes sont dans les foyers sans pour autant que cela soit gage de la bonne santé de leurs enfants. Le contraire d’une vérité, ce n’est pas le mensonge, c’est une vérité contraire !

Mamadou Moustapha WONE Sociologue BP: 15812 Dakar-Fann HYPERLINK ‘mailto:[email protected] [email protected] Sénégal



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