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CONTRIBUTION: Prenons garde à ne pas confier notre destin à un autre njomboor

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CONTRIBUTION: Prenons garde à ne pas confier notre destin à un autre njomboor

 

Cette fois moom, c'est irréversible : l'élection présidentielle aura bien lieu le 25 février 2007. Njomboor et Njomborton ont beau être tortueux, versatiles, immoraux et avoir bien plus de mille tours dans leur sac, on voit difficilement quel (s) argument (s) ils pourraient nous sortir pour différer le scrutin. C'est donc normalement parti, et les candidats rivalisent d'ardeur pour s'attacher nos suffrages.

Dans ma précédente contribution, j'ai donné mon appréciation sur les quinze candidats. J'ai, en particulier, exprimé tout le mal que je pense des candidats siamois (pour reprendre une expression du Nouvel Horizon du 9 au 15 février 2007), Me Wade et son fils putatif. Je le réitère ici avec force : sous de nombreuses autres latitudes, où les citoyens sont informés et tant soit peu conscients de leurs responsabilités, ils seraient purement et simplement disqualifiés et n'auraient jamais le toupet de solliciter le suffrage de leurs compatriotes. La réélection de l'un serait une catastrophe, un tsunami national ; l'élection de l'autre, le risque d'une aventure dont nul ne peut prévoir les conséquences pour notre pauvre pays.

Je ne m'attarderai pas sur les scandales qui ont jalonné la gouvernance nauséabonde du ‘père’. Le moins grave d'entre eux peut faire sauter toute une République dans un pays démocratique. Rappellerai-je peut-être tout juste le plus récent, et sans doute le plus ignoble : le fonds taïwanais de 7,5 milliards de francs Cfa que Me Wade, son fils (le vrai) et leurs amis français peu recommandables ont honteusement soustraits à notre pauvre trésor public. Quel Sénégalais, quelle Sénégalaise va-t-il (elle) renouveler sa confiance à l'auteur principal d'une telle forfaiture ? Cet homme, qui a à son compte maintes autres forfaitures, poursuit tranquillement sa campagne électorale, sans être gêné le moins du monde. Ce vieillard de 83 ans s'adonne à cœur joie à son sport favori : des promesses électorales auxquelles, heureusement, la majorité des Sénégalaises et des Sénégalais n'accorde plus aucun crédit. Des promesses parfois à l'allure proprement ridicule. Passons-en en revue quelques-unes.

A Kébémer, il promet une grande école d'excellence pour les jeunes filles. Pourquoi cette école et pourquoi à Kébémer ? En attendant la réalisation de cette promesse peut-être dans cinq, dix ans ou plus, la seule école d'excellence pour jeunes filles au Sénégal, la Maison d'Education Mariama Bâ de Gorée, est en train de mourir tranquillement de sa belle mort.

La ville de Louga va bientôt connaître un tout nouveau visage, avec les précieux 15 milliards dont elle va être très bientôt dotée. C'est en tout cas la ferme promesse de l'ami d'Emmanuel Aïm. Mes parents de la capitale du Njaambur devront s'armer de patience, d'une très longue patience, si on sait que les villes de Diourbel et de Kolda, auxquelles la même promesse avait été faite depuis trois ou quatre ans, attendent encore désespérément.

Une université des métiers sera créée près de Saint-Louis. ‘Elle sera installée à Gandon. Le plan est déjà terminé et le financement déjà obtenu. Elle sera révolutionnaire et prendra en charge des métiers les plus simples jusqu'au niveau des grandes écoles’. On peut se poser encore la question : pourquoi une université des métiers précisément à Gandon ? Je peux mettre en tout cas ma main au feu : il n'y a aucun plan, aucun financement n'est obtenu. L'idée même n'a certainement germé qu'au moment où Me Wade prononçait son discours dans la capitale du Nord. Je parie ma vie contre la preuve que ce plan existe et que le financement est obtenu. Nous ne nous faisons plus d'illusion face à ces ‘financements bouclés’ que Me Wade annonce à tout bout de champ et qui n'existent que dans son imagination.

On se souvient encore que Me Wade avait posé, après son Premier ministre, la première pierre de la construction de la fameuse route Linguère-Matam. Il avait, comme toujours, annoncé que le financement était bouclé et avancé même une date pour la fin des travaux. Le chantier est aujourd'hui au point mort. Mes compatriotes de Linguère, de Matam et de tous les autres vivant dans des villages situés le long de cet axe, doivent être au bout du découragement. Ils ont dû sortir de leurs rêves quand ils ont entendu Me Wade faire le point sur l'état d'avancement des travaux de réhabilitation de la route Linguère-Matam. Voici sa déclaration qui a assommé nos pauvres compatriotes du Nord : ‘Quand j'ai étudié le projet, je me suis rendu compte de quelques manquements. Moi, je veux des routes qui résistent pendant de longues années, contrairement à celles réalisées par le Ps. C'est pourquoi, je suis à la recherche de dix milliards pour boucler le tout.’ C'est terrible, tout cela. C'est lui-même, le monsieur-connaît-tout, qui étudie les projets et met en évidence les manquements. Voilà Me Wade, notre cher président bien aimé, lancer en grande pompe la réalisation d'une route et en donner même les délais de réalisation, alors qu'il n'avait pas étudié le projet, ni bouclé le financement. Quand même ! Me Wade étonne encore quand il martèle qu'il veut des routes qui résistent pendant de longues années, contrairement à celles réalisées par le Ps. A-t-il déjà oublié que la route Fatick-Kaolack, qui a été réalisée par l'entreprise de Barra Tall, n'a pas résisté aux premières pluies, alors qu'elle n'avait même pas encore été réceptionnée ?

Les Matamois n'étaient pas d'ailleurs au bout de leurs surprises. Passant en revue les possibilités d'acheminement des phosphates de Ndendory vers Dakar, Bargny ou Tambacounda (c'est selon son inspiration du moment), Me Wade déclare : ‘Je veux réaliser des tunnels qui soufflent le phosphate des gisements vers Dakar. L'autre possibilité que nous étudions (enfin un ‘nous’), c'est la réalisation d'une voie ferrée. Mais, vous pouvez comprendre que tout est fin prêt. Je (retour du ‘je’ favori) vais les exploiter et il reste à voir comment les expédier à Dakar [1].’ C'est quand même bizarre de faire acheminer des phosphates par des tunnels qui les soufflent ! Cette bizarrerie nous en rappelle une autre : l'importation de sable du désert mauritanien. C'était pour rassurer les populations de Diaminar (quartier inondable de Saint-Louis). Le ministre de l'Urbanisme et de l'Aménagement du Territoire lui-même, le transhumant Assane Diagne, révélait que, ‘pour récupérer les terrains inondables de Saint-Louis, le président de la République pense importer du sable de la Mauritanie pour rendre les terrains habitables.’ Le ministre Diagne ajoute que, selon le président Wade, ’il est possible de faire un oléoduc, non pas pour importer du pétrole, mais pour aspirer le sable du désert mauritanien[2].’

A Kaolack, notre rêveur national se rend compte, après sept ans de gouvernance, que la ville est ‘oubliée et mal structurée’. Il s'engage à la rendre belle, grâce à son ‘ami’ français François Léotard, ‘qui va mettre la main à la poche’, en s'attaquant à l'assainissement et à l'évacuation des eaux usées, des eaux pluviales et au goudronnage des rues [3]. Pourtant, à la place de cet assainissement qui est la priorité des priorités des Kaolackois, il a préféré un ‘Cœur de la ville’ d'un coût de 5 à 6 milliards de francs Cfa. Ce ‘Cœur’, qui tarde d'ailleurs à être terminé, aura bien du mal à fonctionner normalement : le corps qu'il va irradier est pourri, pourri d'eaux usées et d'immondices nauséabondes. Me Wade ne résiste pas à la forte tentation de revenir sur une autre promesse faite à la ville : celle d'un lac artificiel qui devait voir le jour à la place des zones inondées et abriter des activités de piscicultures (cf Le Quotidien des samedi 19 et dimanche 20 juin 2004, page 3).

Enfin, nous n'en terminerons pas avec ces quelques promesses faciles de Me Wade, sans citer la plus invraisemblable d'entre toutes : l'installation d'une centrale atomique à Oussouye. Une centrale atomique, alors qu'il n'est même pas capable de nous fournir en permanence de l'énergie électrique, du gaz butane, du carburant, et nous renvoie à la bougie. Donc, avec celui-là, c'est des promesses, encore des promesses, toujours des promesses faciles qu'il va continuer de faire tout au long de la campagne électorale, et dont il est sûr qu'il ne les réalisera pas, dût-il rester au pouvoir jusqu'en 2017.

Le déficit d'éthique et de morale n'explique pas seul le peu de cas qu'il fait de ses engagements et de ses promesses sans lendemain. L'âge très avancé pèse manifestement sur les déclarations et décisions de notre Goor gi national. Même si sa gouvernance était propre, le bon sens commande de l'envoyer à la retraite politique. On ne réélit pas sans frais un président de 83 ans, et nous ne nous y aventurerions sûrement pas. Sa succession devrait donc être ouverte.

Nous prendrions cependant un gros risque, si nous portions au pouvoir son fils putatif. Cet homme ne m'inspire, jusqu'à preuve du contraire, aucune confiance. Il s'est nourri au sein du Pds et a grandi pendant une trentaine d'années sous l'aile tutélaire de Me Wade. Il en a forcément hérité les tares : ruse, capacité manœuvrière et de manipulation, passion pour le pouvoir et l'argent, irrespect de la parole et de l'engagement donnés, etc. Avec cet homme à la tête de l'Etat, nous risquerions de tomber de Charybde à Scylla. Nous devrions constamment nous rappeler le rôle néfaste qu'il a joué pendant ses quatre ans de présence au cœur de la gouvernance libérale. A l'image de son ancien mentor, il ne devrait sûrement pas se comporter en président de tous les Sénégalais. Il sera probablement partisan, davantage le président de ses proches, d'une région et de catégories particulières de Sénégalais, dont sûrement celle des chefs religieux. Nous continuerions peut-être de connaître la politique politicienne, les interminables bains de foules, la distribution de l'argent du contribuable, les nominations népotistes et clientélistes, etc.

Cet homme n'a surtout que 47 à 48 ans. Il se susurre qu'il est pressé, arrogant, suffisant, sûr de lui, au point de n'être intéressé que par le numéro 1, disputant au passage à Dieu l'un de Ses Attributs : l'Unicité. On lui prête une ambition démesurée et une intelligence diabolique. Il est né pour nous gouverner et est, partant, forcément meilleur que nous tous. L'envie pourrait donc bien lui venir de faire sauter le verrou de la limite du mandat présidentiel et de nous imposer un très long règne. Il devrait en être fort capable, surtout si on considère qu'il est assis, comme on le chuchote, sur des dizaines de milliards. Il serait bien tenté d'essayer, en se disant, dans son for intérieur : ‘Mais, si, malgré les lourdes casseroles que je traîne, ces gens-là ont eu l'inintelligence et l'imprudence de m'élire, ne serais-je pas en mesure de les mener comme bon me semble, puisque ce sont des demeurés, des moins que rien ? Pourquoi ne pas me faire couronner empereur ?’

Nous avons donc intérêt à être plus vigilants. Quarante-cinq ans de mauvaise gouvernance, cela suffit. Ne nous laissons surtout pas impressionner par les foules drainées çà et là . Le ‘père’ et le ‘fils’ sont des Crésus modernes, s'étant probablement déjà partagé le fameux butin. Ils sont capables de mobiliser autant de monde qu'ils souhaitent. Le poids électoral ne se mesure pas à cette aune-là . Sinon, le président Diouf serait encore aux affaires. En la matière, les socialistes étaient très forts.

Ne nous laissons pas non plus démobiliser par la prétendue absence de programme chez tous les candidats. C'est déjà un gros programme que de mettre un terme à la gouvernance catastrophique de Me Wade. C'en est un autre que de réparer les torts immenses qu'elle nous a causés pendant sept longues années. Mobilisons-nous et retirons nos cartes d'électeur et, le jour J, votons en masse pour infliger à Me Wade une défaite cuisante. Une défaite si cuisante que personne, fût-il autorité administrative, magistrat, policier, gendarme ou militaire, n'oserait s'aventurer à la remettre en cause. Puis, prenons garde à ne pas confier notre destin à un autre njomboor, ou à un candidat qui en a seulement quelques traits.

Mody NIANG e-mail : [email protected] [1] L'Observateur du lundi 12 février 2007, page 6. [2] Wal Fadjri du 26 juillet 2006, page 7. [3] Nous avons déjà entendu quelque chose de ce genre, avec la rénovation de l'avion présidentiel : toujours des ‘ amis ’ d'une ‘générosité’ légendaire.

 



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