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[Société] Déclaration pour la journée internationale des personnes handicapées: Est-ce que vous Nous voyez ?

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[Société] Déclaration pour la journée internationale des personnes handicapées: Est-ce que vous Nous voyez ?

Créée il y a 12 ans à Lyon, l'association des anciens pensionnaires de l'institut des jeunes aveugles du Sénégal (AAPIJAS) regroupe des étudiants et travailleurs handicapés visuels résidant en France. Elle compte une section basée au Sénégal depuis 2006.L’AAPIJAS a pour objectif de promouvoir l'insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées en général, et des déficients visuels en particulier.

 Elle se veut aussi un organe de conseil pour les autorités politiques et administratives dans l'élaboration de tout projet et programme visant à prendre en charge de manière efficace les préoccupations des personnes en situation de handicap.Si une loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées a été votée, son application fait défaut et les chantiers restent énormes.L'éducation est un droit fondamental pour tous. Mais faute de places, des milliers d'enfants déficients visuels se voient encore refuser l'accès à l’institut national d’éducation et de formation des jeunes aveugles (Inefja), seul institut public du Sénégal spécialisé dans l'enseignement par la méthode Braille.

Cela explique le fait que depuis sa création en 1982, l’Inefja présente par an un maximum de 14 candidats au baccalauréat, alors que d'autres pays africains comme la Tunisie en présentent une cinquantaine par an.L’enseignement supérieur ne se porte guère mieux. Après une dizaine d’années de dur labeur sanctionnées par l’obtention du baccalauréat, les bacheliers non-voyants se heurtent à l’impossibilité de poursuivre leurs études supérieures. En témoigne l'épineux problème d’orientation des bacheliers non-voyants de ces deux dernières années. 

Les universités sénégalaises leur sont inaccessibles et toutes les dispositions ne sont pas prises pour leur permettre de poursuivre leurs études à l’étranger.Peut-on accepter que l’éducation qui est le fondement sur lequel repose l’avenir de la nation ne soit pas assurée pour une bonne partie de ses enfants ? Non, c’est inacceptable sur le territoire d’une république qui se respecte et respecte ses enfants handicapés. C’est par l’école que l’on peut donner à l’Homme aveugle la possibilité de construire sa vie. Il est essentiel que les personnes handicapées, comme toutes les autres, puissent y avoir accès pour bénéficier des mêmes chances de réussite.A cet effet, le peu de formations ouvertes aux handicapés visuels est aussi à déplorer. 

Les rares formations qualifiantes qui leur sont aujourd’hui accessibles n'offrent pas de réelles perspectives d’emploi car ne répondant plus aux besoins du marché et aux exigences des nouvelles technologies de l’information et de la communication.L'Aapijas dénonce aussi l’absence d’une réelle volonté politique d’assurer l'insertion professionnelle des handicapés diplômés. Une telle politique n’est en rien un privilège, mais un souci de justice sociale, une nécessité de corriger les discriminations à l’emploi dont les personnes handicapées sont régulièrement l’objet.

 Et pourtant nous avons aujourd’hui des compétences capables de rivaliser avec les meilleurs dans leur domaine.La volonté du président Wade matérialisée en 2010 par l’article 29 de la loi d’orientation sociale de recruter des diplômés handicapés dans la proportion de 15% au moins dans la fonction publique avait suscité grand espoir au sein de la cible.Des diplômés en droit, en sciences politiques, en sociologie, en psychologie, en informatique, en administration, en communication, en santé publique, fort enthousiastes, avaient déposé leurs dossiers qui restent encore en souffrance à la fonction publique.Il est temps que la République tienne ses promesses et leur donne le sentiment que grâce à leurs diplômes, ils peuvent réussir. Il importe également que l’Etat encourage les initiatives privées des personnes handicapées en favorisant la création d’entreprises adaptées à leur handicap.

Il est des questions qui relèvent de l’Etat et d’autres de nature plus sociétale et familiale. La question de la prise en charge du handicap se pose d’abord au sein des familles où la personne handicapée doit occuper une place digne et jouir du respect qui s’attache à la personne humaine. Considérer la personne handicapée avec toute sa dignité c’est lui donner les armes et les valeurs indispensables à son intégration sociale. La mendicité n’est pas la destinée des personnes handicapées. La société doit le comprendre et rompre avec certaines représentations inqualifiables.Le mysticisme autour de la personne handicapée expose celle-ci à une certaine maltraitance physique comme morale. Ces formes de violences qui s’abattent sur sa personne et auxquelles les médias, comme un reflet de la société, prennent inconsciemment part sont à bannir. Nous considérons les médias comme des partenaires privilégiés dans la lutte pour la promotion et la protection des droits des personnes handicapées.C’est ensemble que nous devons agir pour que la vision funeste du handicap avec les préjugés qui l'entourent soit effacée de nos esprits. 

C’est ensemble que nous devons agir pour faire en sorte que les personnes handicapées s’épanouissent, que nos enfants bien, mal, comme non-voyants soient heureux d’être ensemble, de marcher ensemble, de vivre ensemble. C’est ensemble que nous allons promouvoir les compétences et les talents des personnes handicapées pour un Sénégal rayonnant et prospère.C'est dans cet esprit constructif que l'Apijas a élaboré depuis 2006 un programme dénommé « Mendicité Zéro ». Ce programme constitue un ensemble de réponses concrètes aux problèmes d’éducation, de formation, d’accessibilité, d’intégration sociale et d’insertion professionnelle des personnes handicapées.Le programme « Mendicité Zéro » appelle à la création de nouveaux instituts spécialisés dans l'enseignement par la méthode Braille de même que des centres de formation sur tout le territoire national, préconise une diversification des formations qui tienne compte à la fois des réalités du marché de l’emploi, des évolutions des nouvelles technologies de l’information et de la communication et des besoins des déficients visuels, prévoit des mécanismes facilitant l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap etc.

Pour lui assurer une concrète traduction, l’Aapijas entreprend de créer un centre d'adaptation, de réadaptation et d'insertion socioprofessionnelle des déficients visuels dénommé Centre Louis Braille. Il sera dispensé dans ce centre des formations professionnelles en informatique adaptée et en montage de cannes blanches. Une bibliothèque sonore et numérique et une imprimerie Braille de standard international y seront aussi installées.L'éducation, la formation et l'insertion socioprofessionnelle sont au centre de notre projet, la foi en notre destin et la détermination à nous construire une vie digne en sont les principes directeurs.

 Nous y invitons l’Etat à travers l’élaboration d’une véritable politique de prise en charge du handicap et la publication de tous les décrets d’application de la loi d’orientation sociale. Un décret publié sur une dizaine en deux ans, c’est dire que l’on se hâte lentement de rendre effective la loi.La bataille de l’intégration est une bataille du savoir et de l’égalité des chances, il faut la mener franchement. L’urgence est donc à la construction et à la fondation d’une nation plus juste.

 L’heure est venue de nous construire un système scolaire qui ne laisse aucun des fils de la République sur le chemin du désespoir et de la désespérance. L’heure est venue de nous construire une nation qui donne à ses fils handicapés l’égal accès aux emplois publics. Cette œuvre de construction, nous devons nous y engager avec courage, mais surtout avec conviction. La conviction que, seul dans la solidarité et la fraternité, nous parviendrons à bâtir un Sénégal prospère, la conviction que tout enfant a droit à une chance de se réaliser, mais encore au respect de sa différence. 

Le président
M. DIOUF 
Cheikh Saad-bouhE-mail: [email protected]


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