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[ Contribution ] DES VAUTOURS A L’ASSAUT DE LA REPUBLIQUE

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[ Contribution ] DES VAUTOURS A L’ASSAUT DE LA REPUBLIQUE

Les confréries au Sénégal: de vraies bombes à retardement

A-t-on besoin d’une intervention de Touba dans le conflit presse-pouvoir ? Evidemment, non.

Nous faisons tous fausse route, dans le cadre de la médiation proposée par Serigne Bara. Merci pour la proposition, c’est très alléchant mais nous ne sommes pas preneurs. Ce qui nous intéresse, ce n’est pas une médiation, mais plutôt une exigence de notre part, pour que justice soit faite, pour que les agresseurs de Kambel et de Kara puissent être identifiés et poursuivis. Nous ne demandons pas plus. Dites plutôt au président Wade de laisser la justice de son pays éclairer les esprits, même si cette dernière condamne Kara et Karamoko pour agression (ce qui n’étonnera personne). Mais de grâce, que les règles du jeu démocratique et de la justice sociale soient respectées. Si quelqu’un a des conseils à donner ou des médiations à faire, c’est bien dans ce sens qu’il faudra aller. Ce serait irresponsable, voire humiliant pour les journalistes de courber l’échine encore une fois devant le politique ou le religieux, comme cela a été le cas avec les insultes de Junior. L’impunité et le masla ont assez duré. Ce qui me désole au Sénégal, vous prenez un voleur en flagrant délit, et la société vous demande de négocier avec ce dernier pour lui trouver une issue heureuse, sans exiger qu’il vous restitue l’objet volé. Depuis que Maître Wade est intervenu à Chicago pour donner son verdict et affirmer que le journaliste a ‘agressé’ le ‘policier armé’, ni la presse, ni le pouvoir n’attendent l’issue juridique de cette affaire, faut-il qu’elle soit toujours en cours. Les dés sont jetés, et les jurés se sont déjà prononcés sur un procès qui n’a pas encore eu lieu, Me Wade en premier.

A-t-on le droit de critiquer la religion ?

En lisant les commentaires postés sur les forums sénégalais, l’on se rend compte à quel point les Sénégalais peuvent parfois être racistes ou fanatiques. Un article ou un débat, fût-il le plus banal peut tourner au lynchage médiatique pour un groupe de presse, une confrérie, une famille ou une ethnie. Syndrome de l’ivoirité, quand tu nous guettes !

Rien qu’à analyser les tensions sous-jacentes dans les familles maraboutiques, l’on constate à quel point nous sommes assis sur des braises sur lesquelles les politiques n’hésiteront pas à souffler. Madiambal et Week end Magazine ont failli en faire les frais. Encore une fois, l’affrontement est différé, comme dans le cas des insultes de Junior. A quand le face à face décisif ?

Ce qui est à craindre le plus pour ce cher Sénégal, c’est les confréries religieuses, ces vraies bombes à retardement, des couteaux à double tranchant. Le jour où le Sénégal risque de s’embraser, ce n’est pas du côté des politiques qu’il faudra en chercher les causes même s’ils y seront pour quelque chose, mais au sein des confréries, ce clergé musulman que nous admirons et qui nous étouffe en même temps. Difficile de parler de religion dans ce pays sans être taxé d’athée ou de renégat. Il suffit qu’un article soit publié sur un guide religieux ou sa famille, pour que des centaines de commentaires racistes, xénophobes soient postés. Du calme ! Ces religieux sont avant tout des humains, faits de chair et d’os, aussi respectueux, respectables et vertueux soient-ils. Ils ne sont ni infaillibles, ni au dessus de la loi. Nous appartenons presque tout un chacun à une famille idéologique, religieuse, voire maraboutique, et ce n’est pas pour autant qu’on soit d’accord, ou qu’on soit comptable de tout ce qui s’y passe. Ce clergé musulman est à la fois l’anneau de Gisès et le talon d’Achille de cette république où politique et religion riment avec scandales, corruption, agression et impunité.

Le campus universitaire, une véritable cocote minute !

Avec la floraison des associations « prosélytistes » et des activismes religieux au sein des campus de Dakar et de Saint-Louis, il suffit de se rendre dans ces microsociétés pour se rendre compte à quel point le tissu de la cohésion sociale est fragile. Combien de fois a-t-on frôlé l’affrontement entre étudiants de confréries différentes ? De quel droit peut-on défendre la pollution sonore (je pèse bien mes mots) des chants religieux sur le campus qui est censé être un domaine laïc, où les religions ne sont que tolérées, car relevant du privé ? Sans mentionner les magals et gamous dans les quartiers, toute la nuit durant ? N’est-ce pas du tapage nocturne, lorsqu’ au nom de la liberté d’association et de religion, j’empêche mon voisin de sommeiller, de réviser ou de profiter du calme paisible de la nuit ? Dans quelle religion peut-on justifier du bien fondé de la nuisance sonore, lorsque vous avez une floraison de mosquées dans un tout petit périmètre (ce qui est interdit en Islam) où chacun prêche pour sa chapelle, où les muezzins chantent cinq fois par jour, à tour de rôle ? On se réserve quand même le droit de critiquer la religion. Et au nom de quoi devrait-on se priver de ce droit ? Lorsque ça ne va pas, il faut avoir le courage et l’honnêteté de le dire, de faire son autocritique, et c’est ce qui nous manque.

Bienvenue au « Farba Comédie Show »

Le mot ‘désolation’ serait très faible pour qualifier ‘l’interview puérile’, la plus médiocre que la télévision ‘privée’ sénégalaise nous ait livrée, via deux bouffons, un ‘journaliste’ et un politique : Pape Ngagne Ndiaye vs. Farba Senghor. J’ai du mal à définir lequel des deux mérite la palme d’or de la médiocrité. D’ailleurs, ceci n’est que le reflet de cette médiocrité, désormais érigée en critère de sélection pour rentrer dans un gouvernement sous Wade 1er. Si en huit ans, le président de la République n’a pas pu trouver les ministres qu’il lui faut, ce n’est pas en prolongeant son mandat de sept ans qu’il pourra se défaire de ses ministres qu’il accuse de corruption pour faire diversion, comme si lui et son fils étaient au dessus de tout soupçon. Bienvenue dans le monde de la médiocratie.

Pas trop de commentaires sur le soi-disant ‘phénomène Farba’. Lorsqu’on a fait des ‘études supérieures’ en Italie, et que l’on passe de planton à ministre, de chauffeur, à conseiller, cela se comprend, évidemment. Au fou du roi, il ne faut pas demander d’être plus débile qu’il ne l’est déjà. Ce qui est sûr, c’est qu’ils forment un duo de choc, ces deux bouffons, Ngagne Ndiaye et Farba ; ils devraient plutôt penser à investir le monde de la comédie pour laquelle ils regorgent de talents irréprochables.

 A la presse de laver son linge sale en ‘studio’

Je suis loin d’apprécier Farba Senghor qui n’est que la bouche de la personne ‘qui n’a plus de bouche’ : le président Wade dont il est le gilet pare-balles. Comment un journaliste qui se respecte, peut-il tutoyer son interlocuteur, (de surcroît, un ministre de la république) s’énerver sur le plateau lorsqu’il se sent menacé verbalement par son interlocuteur à qui il se permet de poser toutes sorte de questions, fussent-elles les plus débiles ? Qu’avons-nous à foutre (excusez la grossièreté) de la villa que Farba Senghor est en train de construire, ou s’il n’ose pas dormir à côté de sa nouvelle épouse ? N’est-ce pas son droit le plus absolu ? Jamais dans l’histoire de la presse, un journaliste n’aura fait aussi preuve de bassesse dans l’exercice de son métier, au nom de la démocratie. Excusez-moi, mais cette altercation verbale télévisée est tout sauf du journalisme, et n’a pas sa place dans un groupe de presse qui se respecte. Certains journalistes font honte à leur métier, et donnent raison au président Wade qui n’arrête pas de dire qu’ « ils sont mal formés ». La vie privée des politiques ne doit intéresser les journalistes politiques que lorsque cette dernière a une incidence sur la vie publique, sur le fonctionnement de l’Etat et des responsabilités qui lui sont confiées. Diatou Cissé Badiane, vous avez du pain sur la planche !

Au secours, les vautours sont de retour !

Evidemment, au Sénégal, tout est possible, même l’impossible. Le cas Farba en est l’illustration. Dans ce pays, l’administration est pourrie depuis fort longtemps, c’est à l’image du pouvoir. Tous les services s’achètent. Avec l’argent, tout devient possible, même l’impossible. Il ne faut pas s’étonner un jour, de voir un homosexuel devenir imam dans une mosquée, ou un handicapé moteur remporter les quatre cents mètres haies. Il parait même que le fils du président de la République veut succéder à son père. Il suffit tout simplement de changer la Constitution et remplacer ‘république’ par ‘monarchie’ et ce serait possible, mais ces vautours n’auront pas besoin de le faire car le pire est déjà possible dans notre ‘rue publique’. Notre Gorgui national est en train de nous fabriquer un héritier, un prince, un futur président qu’il a façonné de ses propres mains, au nom des liens du sang. Nous sommes inconsciemment complices et trop tributaires de notre paix que nous voulons sauvegarder au prix de notre silence. Devant la faillite des élites d’aujourd’hui, tous les jeunes veulent rejoindre l’Europe. Même les diplômés ont maintenant perdu espoir. A coup sûr, nous sommes la génération sacrifiée. De toute façon, il faudra bien que cela s’arrête un jour ou l’autre, tout cet exode massif car l’atlantique déborde de cadavres de clandestins.

Lorsque la justice  fout le camp !

Dans un Etat de droit comme le Sénégal, un citoyen, de par sa naissance, son nom de famille, ou son statut de ministre ou d’élu peut insulter, menacer de mort un autre citoyen sans que ‘les gardiens que la paix’ lèvent le petit doigt. A commencer par l’agression physique de Pape Cheikh Fall par les talibés de Béthio, les insultes de Junior adressées aux journalistes, les menaces de mort proférées par des petits fils de Mbacké Mbacké contre Madiambal, Doudou Wade contre l’opposition, Mansour Dieng, et j’en passe, la liste est loin d’être exhaustive. Et la dernière en date, sur un plateau télé, un ministre de la république, ou plutôt de la ‘rue publique’ (toujours le Fou du Roi) qui menace d’attenter physiquement à la personne de tout journaliste ennemi, d’utiliser les ressources de l’Etat pour éliminer des ‘adversaires’, cela me pose un problème. Lorsqu’un Etat perd le monopole de la violence légitime, évidemment, toutes les dérives sont permises. Voilà comment un pays sombre progressivement dans l’anarchie, lorsque les citoyens se sentent victimes d’un Etat répressif qui tolère, justifie, voire cautionne les bavures policières. Bienvenue dans le pays de toutes les dérives : dérives journalistiques, dérives politiques et religieuses. Dans la quête permanente de la liberté, de la démocratie et de la fraternité, seule une justice objective et sans influence, puisse guérir de l’impunité et de l’abus de pouvoir dont font preuve le religieux et le politique. Ne vous emmerdent-ils pas ? Moi si.

Momar Mbaye,

Auteur de ‘La Sénégauloise à Matignon’



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