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Et si le vent du Brésil soufflait chez nous?

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Et si le vent du Brésil soufflait chez nous?

Voila que le président Luis Inácio Lula da Silva, ouvrier et ex-syndicaliste de son état, quitte le pouvoir (Palácio da Alvorada) aprés avoir été, pour deux mandats, aux commandes de la huitiéme économie mondiale; pays devenu incontournable dans toutes les instances de décision et membre du groupe dénommé BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et qui fait partie de ceux qui dictent les contours de l´économie actuelle.  Ce géant de l´Amérique latine fait retourner aux urnes électroniques (pour rappel: dans ce grand pays, les résultats des élections dans les 26 états sont publiés avant 23 heures le même jour des élections – président, gouverneurs, [deputés] et gouverneurs-adjoints tellement que le systéme est efficace, sûr et sécurisé) plus de 135 millions d´électeurs (y inclus les indiens de l´Amazonie) , pour un deuxiéme tour qui opposerait la dauphine et candidate favorite de Lula – Dilma Roussef et le dauphin de l´ex-président Fernando Henrique Cardoso – José Serra. Mon souci serait loin de comparer mais toujours est-il que des leçons pourraient en être tirées.  Dans ce pays on n´a pas besoin de créer d´autres structures pour organiser des élections du type CENA, ce sont les tribunaux électoraux qui se chargent de tout même de convoquer les citoyens qui travailleront dans les bureaux de vote – Il n´y a même pas de Ministére de l´intérieur dans ce pays et pourtant les choses marchent bien, sans cette structure administrative. Certainement avant la publication de cet article on aura déjá élu un nouveau président de la république fédérative du Brésil.

    Comment est-ce qu´un président qui quitte le pouvoir avec plus de 90% d´approbation n´eût jamais le souci de faire quoi que ce soit dans le constitution qui le permettra de se représenter ou d´allonger son mandat – si bien que le peuple brésilien le voulait bien – même des lobbies de son parti – le PT – parti des travailleurs au sénat et á l´assemblée ont ventilé cette possibilité mais ont eu peur de la réaction de la population. Pourtant, dans pas mal de domaines – pauvreté, distribution des revenus, analphabétisme, corruption et autres le Brésil serait comparable à certains pays de notre continent ( pas quand même le Sénégal); mais c´est á noter qu´il s´agit d´un pays qui avait compromis, jusqu´aux années 80, presque 40% de son PIB, par les services du payement de la dette extérieure et qui est passé de pays endetté au stade de bailleur de fonds du FMI, lors de la derniére crise économique mondiale et même du Senégal dans le cadre de l´aide aux PPTE  (voir website www.imf.org)

    A la fin de son second mandat, c’est un pays métamorphosé que le président Luiz Inacio Lula da Silva livrera à son successeur. Lorsqu’il accèda au Planalto, le Palais présidentiel à Brasilia, c’est un pays sans grande espérance qui accepte de donner sa chance au turbulent barbu, omniprésent sur la scène électorale depuis le rétablissement de la démocratie, en 1985. Permettez moi de citer juste quelques faits saillants du gouvernement de Lula durant ces deux mandats et qui laisseront à jamais leur marque dans l´histoire du pays de la Samba.

    Lula a regroupé les quelques mesures sociales de son prédécesseur, le sociologue de la Sorbonne, Fernando Henrique Cardoso et leur a donné une étendue jusqu’alors inimaginable. Le nom du programme en résume l’objectif final : « Faim Zéro ». Sa mesure phare, « Bolsa Familia » (« bourse famille »), démarre en 2004, avec le versement d’une allocation aux familles les plus modestes, en échange de la scolarisation et le suivi médical des enfants. Versant entre 22 et 220 reais (entre 10 et 100 euros), selon le revenu et le nombre d’enfants, il touche aujourd’hui 12,6 millions de foyers, soit une bonne cinquantaine de millions de brésiliens. Les villes peuvent aussi bénéficier du programme «sécurité alimentaire », qui fournit les crèches et écoles, met à la disposition des familles les plus pauvres une banque des aliments, ainsi que « Restaurants populaires » qui offrent des repas complets pour un real (0,40 euro).

    Voila un bon exemple de politique sociale á suivre dans notre pays où les familles ont du mal à garantir deux repas décents par jour.

    L’origine des aliments est une autre façon d’augmenter les revenus dans les zones rurales: pour avoir droit aux subventions publiques, il faut s’approvisionner auprès de l’agriculture familiale. Les petits paysans reçoivent des crédits pour s’équiper, bénéficient de programmes d’irrigation, de l’installation de citernes, ainsi que de l’arrivée de l’électricité dans dix millions de foyers, avec le plan « Lumière pour tous ». ici y a pas de délestages de la SENELEC. Là, certainement, mes pauvres parents paysans des plateaux du Saloum allaient s´en réjouir. En décidant, tous les ans, d’augmenter le salaire minimum très au-dessus de l’inflation – de 54% entre 2003 et 2010 – le gouvernement augmente le revenu de 27 millions d’employés et de 18,5 millions de retraités, dont la pension est indexée sur le salaire minimum, qui atteint aujourd’hui520reais(231euros).

    Pour la première fois de l’histoire, on assiste au Brésil à une réduction continue, et inédite, des inégalités. En deux mandats, 24 millions de brésiliens sortent de la misère, alors que 31 millions entrent dans la classe moyenne. Géographiquement, la redistribution est nette. «Tout le Brésil est en effervescence, mais dans le Nordeste, on trouve des croissances à la chinoise, de 10 à 12% ». Les chiffres sont énormes car on parle d´une population de 200 millions de personnes.

    En sept ans, plus de 14 millions d’emplois formels ont été créés, en dépit d’un travail au noir encore élevé. Le Brésil a changé d’échelle, dans la décennie 1990, on créait 600 000 emplois par an, on est passé à 1,4 million par an, sous Lula.

    Là encore, le rôle de l’Etat est central. Après avoir vu ses prérogatives remises en cause, dans les années 1990, à travers une politique fiscale rigoureuse et des privatisations, il reprend sa place. Les universités publiques, fragilisées par le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, qui tablait sur une privatisation de l’éducation, reçoivent des crédits qui leur permettent d’augmenter les professeurs et de se restructurer. Le second mandat de Lula est dominé par le « Programme d’Accélération de Croissance », qui investit 262 milliards d’euros dans le développement des infrastructures (ports, routes, ponts etc..), l’habitat social, l’urbanisation des favelas, et surtout, les politiques énergétiques.

    Lorsque Petrobras (devenue seconde compagnie pétrolifère du monde) révèle l’existence, au large des côtes brésiliennes, de gigantesques gisements de pétrole – la plus importante découverte des trente dernières années dans les Amériques – Pré-sal – pétrole en dessous de la couche de sel au fond de la mer -  Lula demande à sa majorité du législatif, d´en finir avec le régime de concessions, trop généreux, selon lui, envers les multinationales étrangères. Petrobras devient dés lors l’entreprise privilégiée, et les bénéfices à récolter constitueront un Fonds souverain destiné à financer l’éducation, la santé, et à améliorer les conditions de vie des plus pauvres.

    Et pourtant, c´est dans ce contexte où, bien des jalons sont posés, que ces brésiliens perplexes et préoccupés ont décidé de faire respecter leur constitution et faire valoir leur droit à de nouvelles élections, à un nouveau président de la République. C´est ce vent de la confiance en un peuple capable de prendre son destin en main, du respect des textes, de la démocratie, d´un pays qui vivait la dictature jusqu´aux années 60 (année de nos indépendances) dont il s´agit dans cette petite réflexion. Pourtant en Afrique, nos présidents sont tellement attachés au pouvoir qu´ils font du tout pour y rester le plus longtemps possible ou essayer à défaut de se faire succéder par leur progéniture. Que ce pays ami du Sénégal – invité d´honneur du III FESMAN-  puisse inspirer  nos dirigeants africains, dans la conduite des affaires de l´Etat.

    La leçon à tirer est celle-ci: quand Le peuple est déterminé à construire sa Nation, ces dirigeants doivent remplir les conditions sine qua non d´aimer et d´avoir pitié des populations. Ces derniers ingrédients nous manqueraient, quand on voit les riches africains investir tout leur argent, de sources douteuses, dans d´autres continents. La confiance des jeunes africains en leur continent diminuent  chaque jour qui passe. On les voit dans les rues de toutes les grandes villes du monde, á São Paulo ils sont des centaines á La Praça da Republica échangeant des pacotilles, multipliant des faux billets ou à attendre leur charge de mulas de la drogue, pour effectuer le voyage.

Quelle triste réalité !

Cette Afrique qui se meurt devrait se tourner vers ces pays dont l´histoire est un peu pareil comme celle du Brésil, même si tout n´est pas rose dans ce pays où il reste encore d´autres grands défis à relever, par le prochain président. Car le Brésil demeure encore un des pays les plus inégaux, dans le continent le plus inégal du monde en termes de distribution des revenus, même si le nombre de foyers ayant accès à l’eau courante a augmenté de 30% au cours de la dernière décennie. Douze millions de familles en sont encore exclues, alors que 56% des domiciles sont sans égout. La mortalité infantile a chuté, mais les conditions d’accueil de la santé publique restent encore déplorables. L’université publique relève la tête, mais le Brésil compte encore 10 millions d’analphabètes en 2010, et l’enseignement dans ses écoles et lycées, où les professeurs sont payés une misère, est un des pires d’Amérique Latine.

Malgré quelques expériences intéressantes dans la politique de sécurité, la violence continue à tuer au Brésil plus de 40 000 personnes par an, un chiffre digne d’un pays en guerre.


Par Prof. Serigne Ababacar Cissé Ba
Professeur universitaire au Brésil – Universidade Federal de Goiás
Doctorant en Sciences de l´Education
Délégation Alternative Citoyenne And Deffar Sunureew – Amérique Latine



6 Commentaires

  1. Auteur

    Leuz Mou Rew

    En Novembre, 2010 (01:26 AM)
    thiey
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  2. Auteur

    Saliou

    En Novembre, 2010 (01:32 AM)
    nimoro3
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    Auteur

    Marie Sow

    En Novembre, 2010 (01:36 AM)
    Lula c un être humain alors que l'autre est un sauvage doublé d'un lâche, cupide méchant sale con et qui mérite d'être pendu
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    Auteur

    Ximperatore

    En Novembre, 2010 (01:37 AM)
    L'espoir faisait vivre,mais wade l'a fait mourir  :up: 
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    Auteur

    Labadia

    En Novembre, 2010 (07:37 AM)
    et pendant ce temps wade se paye des avions ,les plus grosses mercedes ,restructuration du palais pour y habiter le plus longtemps possible ,son fils qui voyage en jet prive ,a le droit d'auditer et n'est jamais auditer ,ou allons nous mes cheres freres ?
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    Auteur

    Le Sage

    En Novembre, 2010 (09:38 AM)
    khana bayiléne ak yalla ne vous en faites pas ils rendront compte à dieu

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