L'accord signé, lundi 18 mars 2019, par le Paigc avec trois formations politiques garantit-il réellement une majorité pour former un nouveau gouvernement en Guinée Bissau et éviter encore une crise politique ? On est tenté de donner une réponse négative.
De sources dignes de foi, les principaux députés concernés, notamment les cinq de l'APU-PDGB (Alliance populaire unifiée-Parti démocratique de Guinée-Bissau) de Nuno Gomes Nabiam, n'ont pas encore dit leur dernier mot. Autrement dit, ils n'ont donné aucune onction pouvant permettre au Paigc d'avoir la majorité absolue pour former un nouveau gouvernement à l'installation de la nouvelle Assemblée nationale issue du scrutin du 10 mars dernier.
Nombreux sont les Bissau-Guinéens qui soupçonnent une manipulation par des forces tapies dans l'ombre dans le pays et à l'étranger. Certains vont jusqu'à accuser le Président Condé de rouler pour le Paigc et de tout faire pour que cette formation politique puisse former un nouveau gouvernement.
Ces soupçons sont étayés par des déplacements qu'aurait effectué, en catimini, un haut responsable de l'Apu-Pdgb à Conakry.
Cette situation fait qu'à quelques jours de cette date cruciale l'incertitude plane encore avec notamment les démarches menées du côté du Madem G 15 et du Prs. En effet, le Madem G 15 qui regroupe d'anciens hauts responsables du Paigc qui avaient mené une fronde contre la direction du parti a été la révélation des élections législatives.
En sept mois d'existence, il a pu avoir 27 députés. Il est suivi par le Parti de la rénovation sociale (Prs) de feu Coumba Yalla qui a 21 élus. Ces deux formations politiques qui sont en alliance obtiennent donc un total de 48 députés. Une alliance avec les députés du parti Nabiam peut faire basculer les cartes. Un tel scénario est bien possible.
Le Madem G 15 et le Prs qui comptent en leur sein des personnalités politiques crédibles dont l'ancien Premier ministre, le Général Umaro Sissoco Embaló qui ont une aura au plan international peuvent bien changer la donne. D'ailleurs, tous les sondages réalisés dans le pays le donne vainqueur de la prochaine élection présidentielle. Ce poids lourd du Madem G 15 a l'atout d'avoir été Premier ministre et d'avoir permis sous son magistère de stabiliser l'économie du pays en évitant des arriérés de salaires aux fonctionnaires.
Les tractations vont aboutir la constitution d'une majorité pendant les quatre années de législature et à la formation d'un gouvernement. C'est pourquoi la prudence et le refus de la manipulation sont essentiels pendant cette période cruciale que traverse la Guinée Bissau.
Antonio Correa, Lisbonne
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