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La monnaie FCFA, une question éminemment linguistique (extrait) / (Par Mbacké Diagne, UCAD-CLAD)

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[CONTRIBUTION] La monnaie FCFA, une question éminemment linguistique (extrait) / (Par Mbacké Diagne, UCAD-CLAD)

Dans une situation d’analphabétisme à un taux de 57%, avec 80% de la population non locuteurs de la langue officielle, le français, toute politique qui se veut efficiente doit tenir compte de la question linguistique. De ce point de vue, la monnaie FCFA pose beaucoup de problèmes aux populations africaines de la zone franc et celles sénégalaises en particulier.

Le débat autour du FCFA a été jusqu’ici plus axé sur des aspects financiers ou économiques que sur d’autres questions qui demeurent pourtant fondamentales dans la compréhension de la problématique du FCFA. Ces questions financières et économiques que pose la monnaie FCFA ont entrainé une bonne production scientifique de la part de quelques spécialistes. Nous pouvons citer des auteurs comme DELAGE et MASSIERA (1994), FASSASSI (2013), AGBOHOU (1998), POUEMI (2000), GODEAU (1996) et BOUAMAMA (2018).

Au-delà de ces aspects économico-financiers, nous voulons voir s’il n’y a pas d’autres problèmes non financiers, fiduciaires ou économiques, mais non moins importants, qui permettent eux aussi de mettre en exergue les difficultés qu’engendre l’utilisation du FCFA. Nous estimons qu’au-delà des questions financières, le FCFA, en plus de sa charge historico-culturelle, de son symbolisme linguistique historiquement marqué, crée des problèmes cognitifs qui rendent difficile sa praticabilité par les populations africaines qui doivent s’en servir.

Ce présent article cherche à clarifier donc trois types de problèmes non financiers que cette monnaie pose à ces populations :

-         Leproblème linguistique : dénomination et perception

-         La charge historique liée à un passé colonial.

-         Et les problèmes cognitifs avec leurs conséquences didactiques 

 

1.     Le franc, une dénomination sans lien sociologique avec la communauté africaine

 

L’appellation d’une monnaie relève d’une opération langagière, la dénomination. Cette opération peut être directe (utilisation de terme dédié c’est-à-dire spécifique à l’objet désigné), indirecte (pris sur d’autres objets analogues ou ayant des liens quelconques avec l’objet à nommer) ou empruntée (emprunts venant d’une langue en contact).

La dénomination monétaire est une opération indirecte ; elle n’est jamais faite avec un terme spécifique dédié à la monnaie. Les peuples nomment leur monnaie à partir d’un élément, d’un phénomène, d’un espace ou d’un trait identitaire propre. La dénomination monétaire est en cela un acte de symbolisation qui, au-delà de la simple expression d’une valeur fiduciaire, charrie une partie de l’histoire ou de l’identité culturelle du peuple qui l’a créée.

Si toute langue est langue-culture, (C. Puren, 2015), tout acte langagier est une œuvre culturelle propre à son créateur et qui manifeste son identité. Le « franc »,  FCFA, est d’abord et avant tout une œuvre culturelle du peuple français qui a nommé cette monnaie par un marqueur linguistique tiré de son histoire et propre à son identité. Le dictionnaire Le Robert définit le franc comme suit :

« Membre des peuplades germaniques qui, à la veille des grandes invasions, occupaient les rives du Rhin (Francs Ripuaires) et la région maritime de la Belgique et de la Hollande (Francs Saliens). Nom donné (depuis les Croisades) aux Européens, dans les ports du Levant. Le quartier des Francs. »

D’après ce dictionnaire, c’est en 1360 qu’apparut le mot « Franc » sur les premières pièces de monnaie comme probabilité de la devise Francorumrex «  roi de des Francs ». C’était aussi une ancienne monnaie d’or équivalant à une livre ou vingt sols. Depuis la révolution, il est l’unité monétaire légale de la France dont la valeur a souvent varié, en particulier en 1960, où le nouveau « franc » a été institué valant cent « francs anciens ». Il était utilisé en Belgique (franc belge) et en Suisse (franc suisse). Aujourd’hui, il est remplacé par l’euro comme monnaie courante.

Le franc est donc une dénomination que des peuples d’Europe ont donnée à leur monnaie. Le franc symbolise les rapports endogènes que ces peuplades francs ont cultivés avec des objets de leur propre environnement. Entre le franc-monnaie et les francs-peuplades ou populations, il y a un lien culturel, sociologique et historique.

De ce point de vue, le franc est un signe multidimensionnel comprenant, d’une part, une signification financière et économique et, d’autre part, un référent socioculturel et historique qui charrie l’histoire de ces peuplades d’Europe. Sous ces différents rapports, le franc, en tant qu’unité de discours, est un signe qui ne renvoie pas les peuples africains à leur histoire, leur existence et leur devenir. En cela, il constitue un obstacle sociologique et devient un vecteur de rejet. Séraphin l’a bien relevé en ces termes :

« […] La monnaie, signe CFA, issue de cette histoire, apparaît souvent comme extérieure à la société qu’elle veut normer. Si la valeur d’une monnaie est liée aux fondamentaux de cette économie alors elle doit avoir un lien sociologique avec le pays. Ce qui n’est pas le cas des pays de la zone franc. » (SERAPHIN, 2011)

 En somme, le FCFA n’entretient pas une relation sociologique et culturelle avec les peuples africains qui l’utilisent puisqu’il n’est pas une appellation endogène. La dénomination endogène d’une monnaie rappelle à un peuple un pan de son passé et crée un lien affectif entre elle et ses usagers. Lorsqu’elle est exogène, elle crée une absence de lien affectif et engendre un sentiment de rejet. Le problème de l’avenir du FCFA, pour cette raison, est une question éminemment linguistique parce que relevant d’abord et avant tout d’un acte de langage.

 

2.     CFA, une charge historique faite de domination coloniale

 

Le FCFA rappelle aux peuples africains une culture et une histoire qui leur sont étrangères et imposées par une domination coloniale française. Une image négative se développe à partir de la dénomination originelle de cette monnaie, le « franc des Colonies françaises d’Afrique », accompagnée d’un ressentiment de la part de certains africains qui perçoivent toujours à travers ce signe FCFA,  les reliques de la colonisation française. ASSIDON (1989) cité par SERAPHIN (2011) soutient que :

« L’organisation monétaire hiérarchique de la zone franc était le reflet d’un système politique de domination coloniale s’opposant aux structures anciennes. Une des principales caractéristiques du colonialisme fut de remplacer les monnaies primitives par les monnaies européennes en les imposant pour le paiement des impôts. Or ces liens sociopolitiques ont eu historiquement tendance à se distendre alors que la superstructure monétaire demeurait. La monnaie «  franc CFA » s’est imposée historiquement par la violence. Elle s’est étendue au sein de la société notamment par la traite négrière, par le commerce import-export et par l’impôt…»

 

Le mal du FCFA réside dans le processus de sa dénomination qui n’a pas rompu les liens de domination et de dépendance forcée avec la France. Cette monnaie et son arrimage sur l’Euro donnent l’impression que les anciennes colonies devenues des pays indépendants ne sont pas toujours économiquement libres et, fournit surtout une preuve concrète que leur souveraineté est drastiquement limitée. La charge historique négative que draine le terme CFA, malgré son glissement de sens de «  Colonies Françaises d’Afrique » à «  Communauté Financière d’Afrique » ou « Coopération d’Afrique Centrale », est venue assombrir davantage la perception que beaucoup d’africains engagés dans la lutte pour une Afrique plus libre ont du terme FCFA. CFA est le terme de trop, pour dire que c’est la goutte qui a fait déborder le vase et qui a donné au FCFA l’image négative qu’ESSOMBA (2019) décrit comme suit :

« Si l’hostilité vient d’abord du mot «Franc» qui évoque immanquablement la France, elle s’est aggravée avec l’adoption par la France de l’Euro dont le nom vient d’Europe et obéit à la même logique sémantique. Tout se passe comme si les pays francophones défendaient les symboles culturels de la France plus que la France elle-même !

La reconduction du même sigle CFA, naguère « Franc des Colonies Françaises en Afrique » et transformé depuis en « Franc de la Communauté Financière de l’Afrique » ou «Franc de la Coopération d’Afrique Centrale » apparaît comme la preuve que la même réalité de soumission a simplement pris de nouveaux habits. »

 

Fatou Guèye et al. (2019) vont plus loin dans leur analyse en allant jusqu’à proposer sa substitution par une appellation plus endogène sans oublier de dénoncer la « connotation…néocolonialiste » de cette dénomination. Ils soutiennent :

« Sur le plan purement formel, le nom de la monnaie africaine, qui date de la colonisation, a une connotation assez négative, voire néocolonialiste, et gagnerait à être substitué par une appellation ayant vocation à refléter une identité africaine. » (GUEYE, Fatou et al. (2019))

Toutes ces considérations démontrent suffisamment que le problème du FCFA en tant qu’opération de dénomination constitue en soi un acte de langage exogène. Par conséquent, les questions soulevées à ce propos sont fondamentalement d’ordre linguistique.

De ce point de vue, nous estimons que l’affirmation de Romuald Wadagni (2019), ministre béninois de l'Économie et des finances n’est vraie que partiellement.

"Aujourd'hui, le sujet de la gestion de la réserve de change par une partie tierce pose des questions de perception et il s'agit justement de travailler sur ces questions de perception. Il s'agit d'une réforme sur laquelle les parties travaillent ensemble - plusieurs pays y travaillent - et sur laquelle les réflexions sont en cours", dit-il.

Il perd de vue que la mauvaise perception et l’image négative que les populations africaines (et surtout les jeunes générations) nourrissent à l’égard du FCFA ne découlent pas seulement du dépôt de ses réserves au niveau du trésor français, mais aussi et surtout de sa dénomination elle-même, de toute l’histoire culturelle étrangère et du passé colonial très sombre que son appellation symbolise.

 

En somme, la langue et la monnaie sont deux puissants facteurs soit d’asservissement ou de souveraineté. Au même titre que la langue, « la monnaie n’est pas un sujet technique, mais politique, qui touche à la souveraineté et à l’indépendance des nations » (N. Agbohou). Elles sont toutes les deux des moyens d’échange socioéconomique et de brassage socioculturel. Elles sont des instruments à double face : une face-support et une face-valeur. Mais dans cette double relation de similitude, la langue est prépondérante en ce qu’elle exprime la monnaie et sa valeur fiduciaire. Par conséquent, la monnaie ne peut être traitée en dehors de la langue et de la culture du peuple concerné.

 

3.     Monnaie FCFA, obstacles cognitifs et catégorisation

 

Le franc CFA est une mesure monétaire estimée dans une langue étrangère que les populations africaines ont besoin de traduire dans la langue de leur milieu pour mieux commercer avec leurs compatriotes. Dans ce contexte de contact de langues et de cultures différentes, les populations rencontrent d’énormes difficultés pour exprimer les valeurs monétaires et évaluer les inputs et les outputs de leurs activités commerciales.

Au Sénégal, ces difficultés sont aisément constatées dans le discours wolof où des sommes d’argent en FCFA sont faussement exprimées parce que deux systèmes s’y superposent : un système de comptage d’unités simples et celui de mesure monétaire. Pour exprimer une somme en FCFA, le Wolof est obligé de quitter le système de comptage numérique pour passer à celui de la mesure monétaire qui ne fonctionne pas sur la même base.

 

D’abord l’anglais qui est utilisé pour exprimer les sommes en deçà de cinq (05) francs. Un franc (01) se dit en wolof « benne fiftin de l’anglais « fifteen ». Cette langue semble être plus choyée par les populations sénégalaises malgré le bref passage des colons anglais sur le territoire sénégalais. Pour (Kandji, : 9),

 

« La présence anglaise en Sénégambie a été suffisamment récurrente pour devoir déposer dans les langues parlées en Sénégambie, le wolof en particulier, des traces durables. Rien que pour la ville de Saint-Louis (Sénégal), il faut noter que celle-ci devint « anglaise » en 1758, après la guerre de 7 ans. Elle fut reprise par les Français de 1779 à 1809, date à laquelle l’Angleterre la reprit. Et ce ne fut qu’en 1816 que les Anglais rendirent l’île définitivement à la France. L’occupation anglaise de Gorée, la présence anglaise dans la Gambie voisine, une ancienne colonie britannique, diverses présences américaines et anglaises à Dakar, surtout lors des deux guerres mondiales, constituent autant de pistes socio-historiques ayant sédimenté la langue anglaise dans les cultures sénégambiennes. »

 

Ensuite, le Wolof utilise l’unité monétaire arabe  « dërëm » pour toute somme supérieure ou égale à cinq (05) francs démontrant de la forte prégnance de l’islamisation menée par les arabes auprès des populations sénégalaises. Dans ce processus de traduction des sommes d’argent d’une langue à l’autre, français pour le FCFA et arabe pour « dërëm », le locuteur rencontre d’énormes difficultés psychiques surtout quand il s’agit de dire de très grands montants d’argent. Ces difficultés sont dues au rapport de 1 à 5 qu’entretiennent ces deux unités monétaires dans la langue wolof.

 

Cette galère mentale pose au locuteur Wolof de douloureux problèmes cognitifs qui le mènent soit à un blocage communicationnel soit à procéder à un codeswitching wolof/français qui brouille son message au détriment du destinataire analphabète. Ces difficultés créent des types d’obstacles cognitifs qui classent les locuteurs Wolof vivant dans la zone CFA principalement en deux catégories : locuteurs Wolof lettrés (en français) et locuteurs Wolof illettrés (en français). Ces deux catégories de locuteurs rencontrent de manière asymétrique les mêmes difficultés langagières à propos de l’expression de certaines sommes d’argent respectivement en wolof ou en français.

Certains locuteurs rencontrent beaucoup de difficultés à dire une somme d’argent en wolof. Ils peuvent aller jusqu’à abdiquer et se déclarer incapables de le faire ou, après quelques hésitations, exprimer la somme en utilisant à la fois les deux langues (codeswitching.). Le locuteur wolof bien éduqué en français comprend facilement le message en 1. c. Cependant, il peut éprouver des difficultés à aller automatiquement de 1. c. à 1. a. et vice et versa.

 

Par exemple :

1.     a.  Jox ma sama téemeerijunni ma jël ci ay ñaarfukkijunni séddale ko sama

ñaarfukkimilita?.

bJox ma samay cinqcent mille ma jël ci ay cent mille francsséddale ko sama

ñaarfukkimilita?.

c. « Passe-moi mes cinq cent millions de francs pour que j’en prenne des montants de cent mille de francs et les distribuer à vingt de mes militants. »

 

Dans cet exemple, les éléments perturbateurs sont « cent » et ñaarfukk qui peuvent prêter à confusion dans la compréhension et l’estimation de la valeur exprimée. Ainsi, le FCFA est en déphasage avec le système de comptage employé par les agents économiques que sont les populations africaines et se positionne comme une monnaie par défaut que les populations ont rejetée au profit d’unités provenant d’autres langues étrangères. Ce rejet ne date pas d’aujourd’hui. L’appellation FCFA n’a jamais été adoptée par les populations africaines, même dans les autres langues. En pulaar, elle est remplacée par « mbuudu » qui signifie d’après nos enquêtes, la courge, « yomb » en wolof.

 

Le rejet de l’appellation FCFA ne date donc pas d’aujourd’hui. Elle n’a fait que s’intensifier ces dix dernières années avec la montée des mouvements citoyens et panafricanistes. Il émane des populations elles-mêmes qui ont remplacé le FCFA dans leurs activités quotidiennes par d’autres types d’unités de mesure. Et c’est, j’en suis sûr, le même problème qui va se poser avec l’ECO qui relève d’une langue étrangère et qui n’aura aucun lien sociologique avec les peuples africains parce que c’est une décision émanant unilatéralement des présidents de l’UMOA et de la CEDEAO avec la bénédiction du président de l’ancienne puissance coloniale sans concertation préalable avec les populations africaines. Ils leur ont ôté le droit de décider de leur propre sort, de jouir de leur souveraineté. Ils ont ignoré l’importance d’une concertation avec les populations quand il s’agit de décisions majeures qui touchent leur quotidien. A défaut de référendum sur la dénomination de la nouvelle monnaie qui va remplacer le FCFA, les Etats africains devraient mettre les instances africaines pour disposer d’études préalables de terrain pour une dénomination endogène.

 

4.     Place et rôle de L’Académie des langues africaines, ACALAN

 

L’ECO donc n’est pas une appellation endogène émanant de notre culture et de notre passé. Il risque de subir le même sort que le FCFA. Ce risque pouvait être évité si les décideurs avaient en contribution l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) et les académies de langues nationales des pays membres de la CEDEAO. Celles-ci auraient pu mener des études linguistiques pouvant déboucher sur des consensus et les chefs d’Etat auraient pu avoir une large possibilité de choix émanant des populations elles-mêmes. Le manque de perception de ces aspects linguistiques que comporte la question de l’avenir du FCFA a empêché les dirigeants de la CEDEAO de voir le rôle important que doivent jouer ces instances linguistiques dans toute opération de dénomination au niveau régional ou continental.

 

Conclusion

La problématique du FCFA n’est pas une simple question d’appellation ou de changement de dénomination. Une nouvelle appellation de cette monnaie pourrait se heurter à de nouvelles résistances si elle ne tenait pas compte de la charge historico-culturelle qu’elle véhiculerait. La charge historico-sociale que symbolise le FCFA est exogène aux cultures africaines et comporte une charge sociologique négative par le rappel de la domination coloniale qui lui liée.

A cause de ces aspects mal perçus par les populations africaines, le FCFA doit mourir. Cependant la nouvelle appellation « Eco » à sa place risque de subir le même sort parce que n’émanant pas de leur choix. Les Dirigeants africains doivent changer de stratégies et mener un mangement inclusif et participatif dans les prises de décisions. Ils en ont les moyens et peuvent se faire par des instances techniques comme l’ACALAN dans le cas de la dénomination d’une monnaie africaine.



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