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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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[ Contribution ] « Le réveil du citoyen »

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[ Contribution ] « Le réveil du citoyen »

Au soir du 19 mars 2001 naquit un homme nouveau: un sénégalais conscient que son choix fait dans le secret de l’isoloir était décisif. Aujourd'hui il git au fond de sa tombe, tourmenté par le portrait que son pays livre au monde. Il faut ressusciter cet homme.

Ce pays pour qui il s'est battu, afin qu'advienne une véritable alternance démocratique, sombre dans la déchéance la plus profonde. C'est pourquoi il faut ressusciter cet homme du 19 mars qui sommeille en chacun d'entre nous et, avec la même force du désespoir qui nous animait, nous dresser contre l'arbitraire érigé en mode de gouvernance. 

Nous avons élu un homme et, sitôt fait, Wade s'est transformé en démon. Le « démocrate » d’hier, qui refusait de marcher sur des cadavres pour accéder au palais, a muté en un vieux despote ivre d’argent facile, de gloire et de pouvoir. C'est le drame de notre victoire du 19 mars. Nous avions cru en lui et, citoyens crédules que nous étions, en la force de la parole donnée. Mais, c'était méconnaitre l’homme, sinon nous abstenir à l’époque de tout jugement sur sa personne, tant notre volonté de changement était profonde. Aussitôt élu, Abdoulaye Wade a décrété qu'il avait choisi de ne pas honorer ses promesses les plus fortes faites aux sénégalais. Nous l'avons accepté. Idem des alliés crédibles de l’époque qui avaient fait la force de cette alternance et qui ont accepté cela uniquement sur la base d’hypothétiques calculs politiques. Nous avions certainement tort lorsque nous n'avions pas cru Abdou Diouf quant il nous disait de nous méfier de ce ‘‘marchand d'illusions’’. Et, constat effarant, en huit années tout juste, il nous à inondé de chimères, plus folles les unes que les autres. La longue liste, inutile d’en faire l’énoncé, n’est que l’illustration du saupoudrage permanent dont nous avons été les victimes innocentes depuis 2000. Le mal est fait. Et pourtant, il n’est guère dans l’énoncé quasi quotidien de telles espérances. Il est dans la froideur avec laquelle Abdoulaye Wade l’évoque, manipulant les consciences dans le seul dessein de tromper ce peuple perdu, qui espère qu’au bout des illusions et autres discours du chef, se cachent quelques vérités à même de changer son quotidien fait d’insécurité, de faim et de misère.  

Le citoyen du 19 mars 2001 que nous étions ne voulait plus du Parti Socialiste, encore moins de l’idée d'une transition « senghorienne », comme Abdou Diouf et Tanor Dieng nous y préparaient. Il estimait que quarante années de socialisme c’était assez, trop même. Et il s’est érigé avec détermination contre la confiscation de son choix. Ce même citoyen n’est pas mort. Il souffrirait assurément dans sa chair qu'un inconnu au bataillon des preux, décrété "génie de la haute finance" par une alchimie dont seul son paternel a le secret, tienne désormais les rênes du pouvoir au Sénégal. Non ! Nous méritons mieux. Nous n'avions pas voulu d'un Tanor Dieng, pourtant pur produit de notre haute administration comme successeur de Diouf. Alors comment pourrions-nous nous accommoder d’un courtier globetrotteur, incapable de livrer 300 mètres de tunnel dans des délais raisonnables? Nous ne devons pas céder face aux Wade. C’est le combat de toute une génération. Nous le devons à nous même certes, mais surtout à nos enfants car le legs serait trop lourd à porter et nous serions tous coupables car passifs.  

Le débat sur la tenue à date échue des prochaines élections municipales  fait rage, avec son lot d’hypothèses plus incertaines les unes que les autres. Mais une vérité longuement supposée, et assez souvent niée, même par les plus légitimistes du PDS, est devenue aujourd’hui évidente: c’est par la  mairie de Dakar que Karim Wade compte passer pour conquérir le fauteuil présidentiel. Tout est prétexte, selon le dessein du père, pour donner un semblant de légitimité populaire au fils. Et aucun autre « fils » du père, fut-il prénommé « Idrissa » ou « Macky », ne sera ce rempart dont nous avons réellement besoin pour sauver le Sénégal de l’humiliation. Ils ont bu à la même source. 

Abdoulaye Wade a un mérite. Il a fini par révéler à la face du monde l’essentiel de ce que nous comptons de félons et d'individus sans foi dans le landerneau politique. Il a, chaque matin, savamment posé les jalons de son projet démoniaque, corrompant par pans entiers toutes les couches de notre nation. A tel point que nous en sommes aujourd'hui à chercher parmi les fils de ce pays, quelques uns ayant gardé un semblant de vertu; la qualité s'étant diluée dans la misère, la souffrance et surtout dans la tentation de l’argent facile. Le but final de tant d’abnégation chez Wade étant, à défaut de mieux, de nous laisser hériter de son « Karim » qui, hélas, ne dispose pas des qualités qu'exige la fonction présidentielle.

Au sens de l’honneur, de la dignité et de l’intégrité succède aujourd’hui une nouvelle morale collective faite de mensonges, de chantages, d’avilissement de l’individu, de vol et de trahison. Et malgré tout, avec une indifférence coupable, nous donnons chaque jour des gages à la forfaiture qui se dessine, laissant comme seul arbitre de cette partie truquée, le hasard de notre destinée. A nos convictions et au reliquat de courage qui nous restaient en 2000, Wade a opposé la DIC et les matraques électriques. Certes ! Mais il a surtout opposé notre incroyable capacité à avaliser l’inacceptable, à défendre l’indéfendable tels des sophistes, du moment que nous y trouvons un intérêt fut-il d’une éphémère précarité.  

Anciens wadistes convaincus, comme simples « sopistes» acteurs de ce changement, nous sommes tous coupables d’avoir sacrifié notre rêve d’un Sénégal gouverné autrement. Nous sommes coupables de n’avoir pas été les sentinelles de l’alternance, préférant sombrer dans des rivalités confrériques et/ou partisanes savamment orchestrées, qui nous ont perdus et donné liberté à Abdoulaye Wade d'agir en toute impunité. Nous avons confié cette lourde responsabilité à une élite encore nommée opposition ou société civile, tout aussi coupable car ne sachant pas faire face, au point d’être ravalée au rang de simple décorum. Alors, resterons-nous encore passifs devant le spectacle de ce pays qui se trouve au bord du précipice ? 

Un jour, se fera devant le peuple souverain, le procès de Wade et de ses sbires. Ce sera aussi celui des hommes veules. Mais, il nous faudra d’abord renaître et nous débarrasser des scories amassées en huit longues et douloureuses années. Il nous revient donc de défendre, quel que soit le bord ou on se trouve, l’héritage des hommes de valeurs comme Cheikh Anta Diop, Valdiodio Ndiaye ou encore Mamadou Dia qui ont mené une vie de combat pour des idéaux nobles. Il nous revient de trouver parmi nous le reflet de ces hommes intègres: ceux qui devront relever le défi d’un Sénégal véritablement émergent. Car ces hommes sont là. Mais, avant tout, doit sonner l’heure de notre réveil et de notre refus de perpétuer cette ère du « Sopi », source de tous nos malheurs. Pour cela, chaque effort comptera et pèsera sur la balance. Dans l’urne d’abord, notre choix doit se faire contre ce régime et tout ce qu’il représente. Puis, dans la rue, nous devrons défendre notre choix le jour venu; il le faudra. Ce sera un combat âpre que nous devrons mener, celui de notre détermination à redresser notre pays contre leur dessein de nous asservir à jamais. Ce combat, ce sera nécessairement celui des élections à venir, qu’elles soient locales ou générales. Il faudra le mener, pour notre liberté.  
 

Seydina Oumar Aldo MBENGUE

Paris

[email protected] 



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