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Le Syndrome du « Rêve » (part 1)

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Le Syndrome du « Rêve » (part 1)

Aujourd'hui plus qu’hier, un impressionnant nombre de personnes continuent de quitter leurs pays d’origine, leurs vies d’antan et tout ce qu’elles avaient connues jusqu'à maintenant  accompagnées qu’elles sont  d’une solide intention d’« immigrer» aux Etats-Unis d’Amérique.

C’est ce que nous avons tous et toutes fait en quittant nos pays respectifs y compris le Sénégal, pour venir nous installer ici. En connaissance de cause, nous arrivons rarement déjà munis des  prérogatives  légales qui puissent nous permettre de bénéficier des immenses opportunités que ce pays offre aux ayants-droits. En effet, quelque puissent être les diverses raisons originelles qui nous ont poussé à s’engager vers cette destination même si nous semblons l’ignorer, depuis l’ère des « pèlerins » qui s’établirent les premiers jusqu'aux derniers arrivants de ce jour, nous partageons tous le même profond désir qui est celui de réaliser notre part du « rêve américain ». Encore faut-il que nous échappions en ce que je dénomme ici, le « syndrome du rêve ».

Quelques jours, des mois, voire même une année après que nous soyons arrivés et que rien ne ressemble à cet à quoi nous nous attendions, le sentiment de « culpabilité » d’avoir commis la plus grosse bêtise de notre vie qui nous envahit nous pousse très souvent à opter de poursuivre les solutions « informelles ».  Celles-ci ; somme toutes, rapportent beaucoup plus d’argent  dans le court terme pour faire face à la pression sociale et aux besoins  chroniques  de celui sur qui tous les « autres » restés au pays  attendent de  tout. De surcroit, La latitude illimitée dont peuvent disposer les « illégaux » pour se mouvoir et mener leurs activités sans que ni personne ni l’administration ne s’occupent de qui ils sont fait facilement croire que tout est au mieux  dans le meilleur des mondes   et que la vie  est  toute en rose .  En réalité, les diverses expériences de nos compatriotes ici peuvent nous édifier sur une constance ; pour ceux qui sont inattentifs à ses écueils, les Etats-Unis peuvent devenir le terroir des attentes déçues en lieu et place du pays aux opportunités illimitées.

En Octobre 2007, il m’avait été demandé de fournir une étude-réponse sur une question formulée comme suit : Faut-il que les Etats-Unis accordent une amnistie aux étrangers illégaux ? 

Les circonstances dans lesquelles j’avais été confronté  de devoir répondre à la dite question, ignoraient que j’avais été moi-même un «  illégal » avant d’avoir pu bénéficier d’heureux concours de circonstances qui m’embarquèrent dans une procédure de  régularisation qui m’aura elle-même fait obtenir en Août 2005 le statut de « résident permanent » pour jouir -à quelques exceptions près-  des mêmes droits tout en étant aussi assujetti aux mêmes obligations dévolues à tout citoyen Américain.

Je sentis donc que je me devais d’éviter de ne pas verser dans le piège des opinions d’attitudes pour répondre à la question. Des opinions d’attitudes, ce que nous en savons est qu’elles ne renforcent que des traditions préconçues émises la plus part du temps dans des préoccupations d’intérêts partisanes. Lorsqu’elles sont réduites à leurs simples expressions, ces préconceptions campent toujours sur le « pour » ou le « contre » d’un sujet en considération. Cela  fait toujours naître un débat stérile qui peut durer des années pendant lesquelles les deux parties qui s’ignorent mutuellement n’arrivent jamais à faire valoir leurs raisonnements réciproques. 

Il ne me suffisait pas  d’adopter le « oui » parce que l’on aurait très vite compris le pourquoi de ma position, encore moins ; il ne pouvait me venir à l’esprit de répondre par « non » car cela aurait été assimilé à un « égoïsme » insensé.

Pour aborder la tâche il me fallait d’abord comprendre comment,  dans une perspective historique, en-était-on arrivé à se poser ce genre de question. Dans tous les cas, les normes académiques des Sciences Politiques exigent une approche intégrale pour le travail qu’il me fallait produire. Cela demandait de ma part, de savoir qui sont ceux qui ; mis à  part les concernés bien sûr, souhaiteraient une « amnistie »  et ceux qui pour des raisons évidentes n’en voudront pas. Par cet exercice et en interprétant leurs arguments contradictoires, j’arrivais enfin à fournir mon opinion personnelle sur le sujet sans pour autant prétendre qu’elle soit la plus viable. Je voudrais partager avec vous ici ma modeste opinion que j’espère  sera  en tant soit peu utile pour comprendre le phénomène.

De par sa singulière origine qui est ancrée dans l’histoire de l’établissement en 1607 de la première colonie Britannique de Jamestown en Virginie, les Etats-Unis actuels sont devenus une nation qui a toujours inspirée une pensée universelle la caractérisant comme étant en quelque sorte ; un pays d’« immigration ». En effet, pour peupler ses nouvelles possessions dans le Nouveau Monde, la couronne du Royaume- Uni avait mis en place un ignoble procédé qu’ Elizabeth Hull dans un magnifique livre intitulé, « Absence de Justice Pour Tous : Les Droits Constitutionnel des Sans-papiers », décrit comme suit :

« Pour chaque noble Anglais que l’on attirera avec une royale promesse d’octroi d’un lopin de terre, la couronne adjoignît ; soit un criminel-briscard de prison, libéré en acceptant de partir  au loin en échange de sa liberté, soit un groupe de gens du bas- du- bas du commun des mortels, qui espéraient faire fortune à l’étranger » (E. Hull page 7).

A juste raison donc, ceci présageant de cela, de tout temps comme elle l’indique « chaque année, des centaines de milliers d’étrangers naviguent, volent, conduisent, nagent, ou marchent vers ses frontières ».

Cependant, cette notion d’« ouverture » créera rapidement et très tôt dans la jeune existence du pays une certaine idéologie de préservation raciale chez ceux qui ; oubliant comment ils y étaient parvenu, s’autoproclamèrent «  natifs » du terroir. En outre, progressivement certes, cette notion va aussi saper les intérêts économiques des premiers citoyens des différents Etats de l’Union. En conséquence, dès le 25 Juin 1798 et en se référant sur la chronologie historique de la bibliothèque du Service de la Citoyenneté et de l’Immigration des Etats-Unis (US Citizenship and Immigration Services), une loi dite «Loi des Etrangers » sera la première loi votée dans le cadre de l’effort politique pour répondre à ces inquiétudes. Ainsi de suite, d’autres lois viendront encore enrichir l’arsenal règlementaire élargissant les « classes d’inadmissibilité » appliquées aux étrangers avec l’espoir que cela va réduire le flot migratoire des « arrivants ».

Paradoxalement, par son rapide développement et sa fulgurante modernité le pays devient de plus en plus attractif. Il en résulte donc qu’en parallèle d’une immigration dite « légale » et même souhaitée ; d’une année  à une autre, les Etats-Unis vont devoir faire face au nombre grandissant d’ « illégaux » que les restrictions déjà existantes ne pourront ni empêcher d’y entrer encore moins d’y résider en parfaite contradiction avec les lois en vigueur. Décennies après décennies, les gouvernements qui se succèderont envisagèrent des solutions qu’ils estimèrent idoines au phénomène mais rien n’y pourra. En 1986, l’augmentation exponentielle et ininterrompue du nombre d’ « illégaux » força quand même le gouvernement fédéral à tenter une politique d’amnistie ou de « pardon totale » et non sélective pour régulariser ceux qui étaient déjà là. Cette première tentative n’apporta pas la solution escomptée au contraire ; elle ne fera qu’exacerber la situation.

Pour paraphraser l’écrivain Français Jean Baudrillard je peux affirmer ici que les anciennes sectes de la vielle Europe qui ; dans leur recherche d’un endroit où elles pourraient librement exercer leur croyance, se sont tellement mises à radicaliser leur utopie, qu’elles ont fini par fonder les Etats-Unis d’Amérique qui sont devenus « la version originale de la modernité [,] bâtie avec l’idéal qu’elle est la réalisation dont tout un chacun avait rêvée ». Il y va de soi donc ; que ce grand pays, au fils des ans saura maintenir une fascinante capacité d’attraction renouvelée de jour en jour qui irradiera à travers la planète terre ce « syndrome du rêve ».

 

En réalité, l’esprit pionnier de « ses pères » fondateurs n’aurait jamais pu à  lui seul, faire des Etats-Unis le pays que nous admirons aujourd’hui. A chaque fois que le besoin s’est manifesté, leur dynamisme a toujours recouru à l’apport physique en main d’œuvre et/ou à  l’émulation intellectuelle de valeureux « immigrants »  attirés il est vrai, par l’espoir d’une vie meilleure. Mis à  part la douloureuse époque de l’esclavage, qui amena de force les « immigrés involontaires » d’Afrique, et qui avait maintenu par la force des êtres humains dans une servilité absolue à  d’autres êtres humains ; nous devons reconnaitre, qu’une fois établis sur le sol des Etats-Unis, les nouveaux « arrivants », pour peu qu’ils se conforment au minimum requis, peuvent trouver un espace de liberté qui leur permet d’exprimer pleinement leurs talents et savoir-faire.

C’est dans cette symbiose que les Etats-Unis d’Amérique ont acquis en un très court temps, les connaissances nécessaires pour pousser aussi loin que possible les frontières du savoir et de l’innovation qui lui permettront de rattraper et de dépasser la veille Europe. Au demeurant, d’après Elizabeth Hull, George Washington lui-même un des Peres Fondateurs des Etats-Unis ; avait très tôt bien compris les besoins en population du nouveau pays. Face aux velléités naissantes de xénophobie de ses administrés qui réclamaient un meilleur control des nouveaux arrivants, il n’hésita pas à déclarer dès 1783, que « le sein de l’Amérique doit recevoir non seulement l’opulent et respectable étranger, mais aussi le persécuté et l’oppressé de quelque Nations ou Religions que ce soit ». 

Notre naïveté cependant, n’ira pas jusqu'à nous faire croire que les choses ont été  aussi simples. Dans l’histoire des civilisations, après leur sédentarisation les êtres humains s’organisant pour vivre en société ont fondé  les nations les unes après les autres avec des délimitations bien précises. La fonction principale de ces frontières sera de «  distinguer » ceux qui vivent au-dedans de ceux qui sont en-dehors d’elles. Par nature, les pays vont devenir « exclusivistes »  et leurs « citoyens » se tiendront toujours prêts à  défendre leur « espace vital ». Dans cette perspective, le petit groupe d’hommes que les Américains appellent les « pères fondateurs » pour avoir osé opérer le « coup de force »  qui a vu naître les Etats-Unis en 1776, se conformeront dès le début de la Déclaration d’Indépendance au désir d’« exclusion »  manifesté par leurs premiers citoyens.

Par ailleurs, bien avant «  eux »et au sortir des guerres fratricides de l’Europe moyenâgeuse, les facteurs économiques qui faisaient plus se mouvoir les personnes à travers le monde, avaient créé le concept de « l’immigration ». Ceci, va obliger les entités territoriales à rédiger chacune, une base de principes légaux que l’on appliquera à  qui veut entrer et mener une activité quelconque à  l’intérieure de leur « juridictions » respectives, fussent-elles ; un Empire, un  Royaume, ou une  Nation. Autrement dit, comme nous le rappel Elizabeth Hull, « en l’absence d’un système de lois internationales [,] les individus n’auraient pas pu s’aventurer au-delà des limites de leurs origines territoriales, sans mettre en danger leur intégrité physique» (Hull, 59). Pour autant, en matière « d’immigration », jusqu’en 1924, les Etats-Unis d’Amérique se seront toujours positivement distingués par rapport aux pays de l’Europe ou du continent Asiatique.

 

….A Suivre



4 Commentaires

  1. Auteur

    Migrantpotentiel

    En Février, 2011 (18:04 PM)
    excellent article :up: 
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  2. Auteur

    Hbb

    En Février, 2011 (23:07 PM)
    this guy just talk a lick!

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    Auteur

    Rioboy

    En Février, 2011 (00:37 AM)
    cet article is very interesting but africa is sleeping my guy on n travail pas en afrique on joue faut venir aux usa pour verifier
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    Auteur

    Manitou

    En Février, 2011 (12:30 PM)
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