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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
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[ Contribution ] Les Wades en prison ?

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[ Contribution ] Les Wades en prison ?
Wade se croyait infaillible et indestructible quitte à défier mère nature dans son oeuvre irréversible sur sa personne. Mais la réalité accable ses yeux et l’effare au réveil de chacun de ses sommeils. Son ère et son règne à la tête du Sénégal ont été insipides et déconstructifs. Une véritable calamité nationale. Ses lieutenants en parlent et lui en est tellement conscient qu’il est persuadé que la seule issue est de s’accrocher au pouvoir ou d’y mettre son fils. Que son conseiller avoue l’existence de justiciables wadistes en liberté provisoire est scandaleux mais salutaire car ceux qui en doutaient doivent maintenant oeuvrer au départ de ce président.
C’est plus qu’une nécessité. Reconnaissons malheureusement que Wade s’est définitivement immunisé contre le sens de l’honneur, la morale et la honte après les scandales politico financiers qui auraient hanté le sommeil et fait abdiquer tout homme d’état responsable. Quand le peuple s’émeut, Wade plaque le recul et la lucidité sur l’échelle des vrais repères. Il fait appel à ses vieux réflexes provocateurs d’opposant. Son attitude narquoise de président inébranlable, confiant et cloisonné est hélas nourrie et entretenue par une socialisation de longue haleine parfaitement rodée et huilée à travers un réseau d’oligarques et de marabouts. Il persiste à imposer des supplices aux sénégalais, coupables de lui avoir fait confiance dans leurs aspirations légitimes à bâtir un état, des institutions et une société démocratique
Ce qui frappe d’ailleurs chez cet homme, c’est la corrélation existant entre son degré de notoriété de président scandalivore et son habileté pratique à défendre ses exploits fourrés et ceux de sa famille (biologique ou affairiste) noyant sans coup férir les cribles incontournables de son échec flagrant et de sa déchéance. Il noie le tout dans un cocktail judicieusement dosé ou émergeront de toute façon les ingrédients d’un résultat positif aux yeux de ses guignols prêts à en être les défenseurs et les laudateurs.
Conscient de la faiblesse de la force de pression de l’opposition, Wade est spontanément oublieux des véritables dimensions infinitésimales que lui concède sa précaire condition d’homo sapiens. Il est tout entier absorbé par l’exercice gratifiant du moment présent qu’il édifie comme véritable inhibiteur amnésique et l’impose aux sénégalais. Il faut dire qu’il a souvent réussi. Aujourd’hui, le scandale Ségura, les millions disparus de ses mallettes d’Ali Baba, les tripatouillages constitutionnels et institutionnels, l’escroquerie de son monument de la renaissance, les attaques et emprisonnements contre les libertés d’expressions et tant d’autres monstruosités semblent passer à l’oubli. Et puisqu’il en sort toujours indemne, son exaltation du singulier tend instinctivement à extrapoler ses ersatz de prérogatives façonnés en
sentiments diffus de supériorité à l’ensemble des sénégalais mais surtout de son parti où s’affrontent les myriades de rivalités placés au coeur de son système qu’il croit toujours maîtrisable. Ce qui est faux même si Wade impose ses règles depuis quelques temps avec le retour de son fils putatif.
En réalité ce qui semble être une discipline de parti retrouvée n’en est rien car, le premier choc passé, les libéraux conscients de leur cycle de vie politique en déliquescence notoire essaient de renforcer leur défense et cherchent à anticiper les prochaines étapes. Mais les langues se délient au PDS et vont continuer à se délier. Puis viendra le moment où vont surgir inévitablement les divergences profondes sur la stratégie à adopter, y compris parmi ceux qui avaient juré d’oublier les vieilles disputes pour favoriser le consensus.
Cette musique discordante a déjà commencé lorsque Serigne Mbacké Ndiaye, ministre-conseiller du chef de l’Etat averti : "si on ne gagne pas en 2012, beaucoup parmi nous iront en prison ! " Sa collègue Awa Ndiaye, ce ministre d’Etat aux abois parle de "jalousie" à l’endroit de son "modèle" et chef de file de la Génération du concret. De son côté, Omar Sarr dans des propos sans détour demande à Karim Wade de "prendre ses responsabilités". Dans ce concert encore inimaginable il y a quelque mois vient s’ajouter la voix du patriarche libéral Alioune Badara Niang : "Karim doit accepter ces retrouvailles, car Idrissa Seck n’est pas son adversaire mais son frère". Tout est clair comme une eau de source. La gangrène Karim Wade reste et demeurera encore le mal dans ce parti puisqu’Abdoulaye Wade refuse de renoncer à son plan de dévolution monarchique. Or le rejet populaire de cette option au sortir du 22 Mars dernier a soudainement obligé Wade à se rendre compte que ses compétences somme toute microcosmiques sont péremptoires. Il déclare malgré lui sa candidature pour 2012.
A cet effet, l’aveu d’extrême gravité dont parle le ministre conseiller, Serigne Mbacké Ndiaye, concerne au premier chef Karim Wade et tous ceux qui se sont indument enrichi à la faveur de ce pouvoir affairiste. La propension de cet homme à se targuer d’être le multiplicateur de projets n’est que le reflet parfait de son attachement aux relations ludiques et affligeantes avec l’argent. Wade son père quantifie quant à lui la teneur purement qualitative du temps en termes de séquences à support simplement utilitaire où chaque minute compte comme un projet d’enrichissement personnel ou familial en faisant fi de la clameur populaire. Lorsque dans un tel contexte, son propre ministre conseiller agite le spectre de la prison, il met Wade face à une vérité qui ne l’arrange pas, une vérité qui lui est trop insoutenable. Tout ce qu’il a illicitement bâti et acquis est irrémédiablement voué à disparition immédiate dès son départ de règne et cela hante le sommeil de Wade.
Le vieux a une peur bleue à la vue de ce lègue obscure qu’il a lui-même construit. Il est intimidé dans sa conscience par les traces noires dans la mémoire collective des générations futures. Il est rattrapé par la réalité immuable de la destinée mouvante de l’historicité dont l’incarnation se traduit chez Wade par l’usure physique et la personnification du rejet, de l’apathie et de la déconstruction de l’état nation du Sénégal.
Les dynamiques nées du 22 Mars et du 06 Novembre dernier ont créé un mouvement social sans organisation de masse structurée à la hauteur de ses pressantes aspirations pour porter activement ses revendications et ses arguments, reprendre et orienter le débat public, rendre clairs les intérêts communs puis signifier sans équivoque à Wade que le meilleur service à rendre au Sénégal est son départ. Epiloguer maintenant sur une candidature en termes de valeur absolue n’offre aucune finalité car Wade veut reprendre l’initiative et compte sur les divisions, les ambitions personnelles des uns et des autres pour y parvenir. D’ailleurs, si le Vieux nargue encore le peuple, c’est que Benno, les leviers d’opinions et les autres forces démocratiques s’opposent jusqu’ici de façon symbolique, se basant sur une critique éthique de la morosité existante, s’exprimant sur les événements que Wade impose, mais sans se transformer en mouvement de proximité à couverture nationale avec des mécanismes d’enracinement qui permettent un sursaut décisif de Saint Louis à Ziguinchor, de Dakar à Kidira…
Maintenant que les choses sérieuses se précisent avec la revue et la modification du code électorale en début décembre prochain suivi au mois de janvier 2010 de la révision des listes électorales, la vigilance effective pour protéger vigoureusement le processus électoral devient un impératif.
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