L’interview de Cheikh Omar Diagne suscite une importante réflexion sur la manière dont l’histoire, les valeurs religieuses et les identités culturelles sont perçu et discutées dans la société contemporaine. Dans ses déclarations, Cheikh Omar semble faire preuve d’une certaine condescendance à l'égard des opinions divergentes, notamment celles des personnes ayant vécu l'héritage des tirailleurs sénégalais. Sa position mérite une analyse approfondie, en particulier dans la manière dont elle aborde des questions délicates comme la mémoire collective et les responsabilités historiques.
Cheikh Omar Diagne soutient que ceux qui n’ont pas étudié ou lu de livre sur ce sujet devraient s’abstenir de contredire ses affirmations. Cependant, cette perspective témoigne d’un manque de considération pour l’expérience vécue des descendants des tirailleurs. En effet, la mémoire collective est souvent façonnée par des récits personnels et des vécus familiaux qui, même sans base académique formelle, possèdent leur propre validité. L’argument selon lequel une telle expérience devrait primer sur une analyse intellectuelle suscite une résonance profonde dans la communauté sénégalaise. Ce qui est particulièrement troublant, c’est l’impression que Cheikh Omar minimise cette mémoire en se présentant comme un autoritaire sur la question, ce qui pourrait relever davantage d'une suffisance intellectuelle que d'une recherche équilibrée de la vérité.
Lors de ses déclarations, Cheikh Omar se dit disciple de Cheikhal Islam Baye Niasse qui a beaucoup théorisé le Wahdat al-wujud, qui postule une présence divine dans toute chose. Cette position pourrait sembler paradoxale lorsqu'il se lance dans une critique acerbe de certaines pratiques religieuses. Néanmoins, l’utilisation des idéaux spirituels pour justifier une forme de rigidité intellectuelle ou de rejet des traditions vivantes et des témoignages vécus pose question. En affirmant que “ le Palais dafa raflé Yalla”il se trouve en porte-à-faux avec l'idée de Cheikhal Islam sur le Wahdat al-wujud,la présence divine partout et en tout lieu.Cela interroge la nature même de sa foi et de son engagement envers les principes de tolérance et d’ouverture qui sont au cœur de l’islam.Dans son discours, Cheikh Omar oque ses refus de demandes év émanant de différents tarikha alors qu’il était en fonction, ce qui illustre un complexe d’infériorité et un état de déracinement. Depuis Abdou Diouf jusqu'à nos jours, l’état du Senegal a toujours subventionné le pèlerinage à la Mecque et le pèlerinage des chrétiens à Rome, Cette situation, qui ne semble pas émouvoir Cheikh Omar, contraste fortement avec ses critiques des cérémonies religieuses.En parlant des pratiques des tirailleurs sénégalais comme l’esclavage sur les autres, Cheikh Omar semble ignorer le livre de Tijane Ndiaye, *Le Génocide voilé*, qui traite l’esclavage et les injustices subies par les africains . Les accusations qu’il porte à l’encontre des tirailleurs sont donc incomplètes et relèvent d’une vision biaisée des événements. De plus, il défend les Arabes tout en ignorant le fait que l'esclavage a également été instauré en Afrique par certaines de ces mêmes populations. Cette réalité historique, qui a conduit à des atrocités envers nos ancêtres, ne devrait pas être omise dans son analyse.Cheikh Omar Diagne mentionne la possibilité de refus des tirailleurs sénégalais et critique les décisions de certains guides religieux. Pourtant, un examen rigoureux de l'histoire nous rappelle que ces choix étaient souvent paix et survie. Il est crucial de replacer les actions des tirailleurs dans le contexte de leur époque. L’histoire n'est pas composée uniquement de héros ou de traîtres ; elle est tissée de nuances et d’ambivalence, et réduire les tirailleurs à une simple catégorisation injuste.
Lorsque vous mentionnez les traîtres, il est impératif d'aborder la question avec un historique complet, en tenant compte des choix parfois tragiques que nombre de nos héros en Islam dont tu te réfères toujours (au détriment des Ceddo )ont dû faire. L’histoire de Khalid ibn Walid et Malik ben Nuwayra ,de Aïcha et Ali, Ali et Mihawiya ibn Abu Sofiane etc… et d'autres figures de l’histoire, ont également été impliqués dans des controverses qui sont souvent interprétées comme des trahisons. Une étude critique de ces moments nous rappelle que l'histoire n'est jamais binaire ; face à des conflits internes, les choix sont rarement simples.
Il est également essentiel de rappeler que nos guides religieux, qui ont fait des choix difficiles pendant ces périodes tumultueuses, ont agi en fonction des réalités de leur temps,ils ont appris la leçon sur l’issue des guerres sainte de Maba Diakhou,Ahmadou Cheikhou, el hadj Omar etc...Ils ont bien fait de faire des compromis avec les colons pour sauver leur peuple. Leur décision d'envoyer des soldats aux armées françaises ne peut être vue que sous l'angle de la préservation de leurs communautés et de leurs adeptes comme l’avaient fait le prophète psl à Uhud et Hudaybiya Ignorer ce contexte ne fait qu'obscurcir notre compréhension collective de l'histoire. Notre religion, qui prône souvent le dialogue, nous encourage également à chercher des solutions .
Ousmane Fall Commerçant au marché Sandaga ousmaneofks@icloud.com
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