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OPINION - SENEGAL : La corruption, un mal endémique ?

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OPINION - SENEGAL : La corruption, un mal endémique ?

Dans le cadre de son émission interactive en langue wolof, « Laaju bisbi », (la question du jour), en rapport avec la corruption au sein de la magistrature, Walf Fm avait proposé aux auditeurs la question de savoir à peu près ceci : « Face à des problèmes faut-il faire du « maslaa » ou du « nëppë nëppël ». Se posait dès l’entame de la discussion un problème de compréhension et de définition au niveau des termes. Un seul auditeur s’est préoccupé de cela vers la fin des débats. En prenant la parole à posteriori, nous voudrions y ajouter quelques mots.

Pour nous, le « maslaa », emprunté nous semble t-il, à l’arabe peut être assimilé à la conciliation, dans le cadre de la recherche de solutions en cas de conflit. En conséquence elle met en situation deux protagonistes dont l’un, à propos d’un différend, a reconnu son tort et aimerait trouver un règlement du problème à l’amiable. Dans la tradition sénégalaise, africaine elle est une pratique généralement usitée, sans beaucoup de dommages, dans cadre de la solution des conflits.

Par contre le « Nëppë nëppël »(cachotterie), met en situation deux ou plusieurs individus, coupables ou informés d’actes délictuels qu’ils cachent à la justice, ou aux axillaires de la justice, tout en cherchant entre eux, une « solution » au problème. On peut dire que depuis des décennies, c’est cette pratique qui tient de ligne politique et par voie de conséquence de système gouvernement au Sénégal, lorsque surviennent des scandales, généralement, dans tous les domaines. Et ceci, de Senghor à Wade en passant par DIOUF. Alors plus de quarante ans que ça dure le phénomène est, comme qui dirait, devenu culturel. Aidé en cela par un autre phénomène beaucoup plus grave : l’impunité. Rappelons que l’ami et complice politique de Wade, Senghor, dans les années 60’ disait, faisant allusion aux pots-de-vin dans le milieu des B.T.P. avec la pratique des « classiques 1O% » : « Je n’épargnerai personne. Ni mes amis ni mes parents s’ils sont en faute ». On connaît la suite : Un népotisme érigé en système par la suite, a été une des causes du détonateur de mai 68, au Sénégal.

Avec Diouf, il suffit de se rappeler de cette « corruption constitutionnelle » la modification de l’article 35 de la constitution, de la traite des vaches à laitières, des sociétés d’Etat, la faillite générale des banques, de son passage à la télé lors du deuxième tour des élections de l’an 2000, moment où les citoyens ont fini de découvrir un président de la République totalement irresponsable. Avec ses réponses : « je n’étais pas informé, je n’étais pas au courant ». Toutes choses ayant joué au basculement de la situation le 19 mars 2000, en faveur du peuple amené par le FAL, dirigé par l’essentiel des leaders de l’opposition traditionnelle, « significative ». Dès son arrivée au pouvoir Wade s’est attelé à mettre sous le boisseau, le programme FAL dont l’aspect qui a le plus mobilisé les sénégalais, fut la question de l’enrichissement illicite éhonté sous-tendue par l’arrogance, la suffisance, la morgue des actuels compagnons de Bathily et de Dansoko. Wade fera tout, sauf manifester une volonté politique pour combattre ce mal. Sans être exhaustif, mentionnons-en seulement quelques cas qui montrent que le système Wade qui a perfectionné le système Diouf, mérite de figurer au livre Guînes, par ce que le dépassant.

Lors de la remise de diplôme de haut fonctionnaires sortant de l’ENA, Wade a dit à peu près ceci concernant le question des audits : « Les dossiers sont nombreux. Il faudrait que l’on arrive à trouver un moyen consistant à faire rembourser les coupables de crimes économiques et leur éviter la prison ». Nous le disons sous le contrôle des juristes, si ce message est bien décrypté par les Procureurs et juges d’instruction, cela voudrait dire : « Ne poursuivez pas, n’ayez pas la main lourde ! ». On sait ce qu’il en est advenu avec le traitement de ces dossiers d’audit : Une « sunami politique » faite de transhumance, d’impunité, sans précèdent dans l’histoire politique du Sénégal, en faveur de tous ceux acceptaient de devenir membre du Pds. La personne emblématique de ce jeu de dupe, tous les sénégalais qui suivent l’actualité politique, plébisciteront l’ancien Directeur des Chemin de fer qui avait le soutien du n°2 du Ps à l’époque par ce qu’il faisait du « Social » avec les deniers de…la Société des Chemins de fer du Sénégal. Donc peu de gens étaient surpris de son arrivée au Pds après son « non lieu » décrété par « Dame Justice ». Mais avec les autres affaires survenues les sénégalais ont découvert avec stupéfaction un phénomène qui a rendu possible certaines choses rocambolesques : la corruption de hauts fonctionnaires incompétents qui en s’épanchant à travers les médias ne se rendaient même pas compte, des bêtises, du mal qu’ils se font à eux-mêmes à leur corporation et à la nation sénégalaise.

On se souvient des déclarations de cette Inspectrice d’ Etat, pour montrer qu’elle s’est faite elle-même et qu’elle n’a jamais été pistonnée disait : « J’avais un salaire de 60.000 francs, comme infirmière. Je faisais du travail noir à l’Hôpital principal, ça me faisait deux salaires », dit-elle fièrement. Auparavant, pour se valoriser elle y ajoute cette confidence pour les lecteurs et les auditeurs des medias en montrant qu’elle a eu à faire intervenir Mama Abdou Aziz Sy, pour ne pas être affecté à Saint-Louis. Mais plus républicain que le fonctionnaire, le Cheikh lui demanda de rejoindre son poste. On peut imaginer qu’avec un fonctionnaire qui avoue une pratique délictuelle, « le travail noir », avec un tel état d’esprit et à l’ambition débordante, on peut tout lui faire faire. Parlant de la moralisation des mœurs politiques une bonne dame a eu raison de dire, recemment dans le quotidien Walfadjri, que Abdoulaye Wade devrait montrer le bon exemple en commençant à balayer devant sa propre porte. De ce point de vue, le journal Le quotidien dans son édition du Samedi 15 mars 2003, titrait à la page 3 : « Le président Wade, entrave-t-il l’action de la justice ?» Dans le corps de l’article il est question du ministre conseiller à l’Ambassade du Sénégal à Ottawa, avocat de son état et membre dirigeant de Aj/Pads à Dagana. Poursuivi pour escroquerie portant sur une valeur de 300 millions de francs, le juge d’instruction n’a pu avancer dans le dossier, faute de rappel à Dakar du diplomate par le président Abdoulaye Wade. Le même « Ablaye » à eu à brandir depuis Paris, un rapport d’audit sur les Ics, qu’il n’avait pas lu, mais avec cette volonté affirmée de le remettre à la justice dès son retour à Dakar. Qui a entendu ou lu quelque part, la Dic convoquer les mis en cause, épinglés par ce rapport et cités dans la presse ?

Dans un article paru dans Walf du 27,28 Mars, l’ancien Maire de Louga, M. Mansour Bouna Ndiaye, fait des révélations terrifiantes portant sur « la mort programmée de l’arachide, du coton et du franc Cfa ». Par contre le sucre de la Compagnie Sucrière sénégalaise, lui, bénéficie d’une protection du gouvernement de l’alternance. Tout ça est-il un « fait du prince », du ministre du commerce ou du Buur (roi) Saalum ? Mais un autre dossier qui exhale à mille lieux une puanteur de corruption, est celui du marché de « nettoiement endémique » de Dakar. Il est d’ailleurs en train d’exaspérer plus d’un dakarois parce qu’étant un véritable problème de santé publique. En parcourant la contribution « Un gré à gré de près de 80 milliards en gestation », cf.walf 27-10-85), de notre compatriote Issa Seck, administrateur général d’Eteco, qui apparemment n’a pas peur de perdre « des parts de marché », on appréhende bien là ou gît le livre en ce qui concerne cette nébuleuse affaire opposant le gouvernement /Alcyon /Ama(une petite société communale italienne ?) et consorts. « La société Suisse Alcyon a réussi à se faire adjuger le marché sous son propre nom à la place du groupement qui fut constitué avec Eroco-Sa,lors de la soumission.

A la place des 1800 francs par tonne de déchets traités proposé dans la soumission par Alcyon, c’est 2200 cfa par tonne qui figure sur la marché signé le 11 novembre 20001. ». Pourquoi les 400 francs en sus ? On peut se demander que fait cette curieuse Commission Nationale de lutte contre la non transparence, la corruption et la concussion ? Le tout Dakar parle de cet « immeuble de l’Environnement », ce « World Trade Center » du sahel « bi ci pist bi » (entendez l’ancienne piste d’aviation), qui serait la propriété d’un ancien ministre de l’alternance, très au fait de ce fameux marché irrégulier, illégal, de A à Z.

Voilà, pour les « poliglotologues » qui cherchent à brouiller les pistes, des faits qui recadrent la problématique de la corruption et la situent dans son véritable contexte de système politique antipopulaire et antidémocratique. Tous ces discours, ces bla-bla sur la corruption, genre : « La corruption est un fait mondial, c’est un fait de société », du prince Wade, du groupe « libéral démocratique » à l’Assemblée nationale), n’a pour seul objectif : biaiser le débat et éviter d’aller au fond des choses. Bien évidemment la corruption est un phénomène mondial. Mais généré par un système politique « le maatèy » (la licence), économique mondialisé « golo di bay, baabun di dundé » ( l’ Ouistiti cultive, le gorille s’empare de la récolte).

Aux grands maux, les grands remèdes a-t-on coutume de dire. En d’autres termes, pour éviter la métathase, pour parler comme le cancérologue, il faut amener le Sénégal malade, à la salle d’urgence et lui appliquer le traitement que les français et les béninois se sont appliqués. On a entendu toutes sortes de thèses concernant la corruption dans la magistrature. Les dominantes défendues par des membres de l’etablisment, dont certains ont mauvaise conscience, si elles ne cherchent pas à absoudre les coupables, militent pour une peine douce, pour ne pas dire la relaxe. Un ancien magistrat devenu avocat, puis ministre de la justice sous Diouf est passé sur deux différentes radio FM, le même jour, rien que pour atténuer l’onde de choc causé par l’affaire Aminata Mbaye. Etait-ce une façon de lancer des signaux forts qui voudraient dire : « Allez y tout doux…car nous sommes des initiés, nous appartenons à un camp ? ». Dans la bande d’annonce de l’émission, il pris le soin d’insister sur le nom qu’il porte et que des Sénégalais aiment bien entendre. En tout cas après les rappels de notre compatriote Me Me Assane Dioma Ndiaye, concernant l’expérience béninoise, ce serait rendre un mauvais service à la justice et à la démocratie que de refuser de faire comme nos parents béninois qui ont traduit en justice des centaines de magistrats coupables de faits délictuels.

N’essayons pas de réinventer la charrue, ne trouvons pas de prétextes à des dérives imaginaires pour refuser de prendre le taureau par les cornes. Le Bénin n’a t-il pas pu éviter, lors de la « révolution pacifique » des années 90’, des débordements connus lors de la révolution de 1789, en France ?

Dakar le 23 juillet 2006
Ababacar FALL-Barros<47>[email protected]<48>[email protected]
GRILA-Dakar(Sénégal)



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:37 PM)
    --

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