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[ Contribution ] PARITE ? QUELLE PARITE ? ( par Jean- Paul Dias)

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[ Contribution ] PARITE ? QUELLE PARITE ? ( par Jean- Paul Dias)

La loi dite de la « parité absolue » lors des élections législatives, sénatoriales et locales a été votée à l’Assemblée Nationale dans une atmosphère de kermesse. Au Sénat, tout autorise à s’attendre à un carnaval.

Faisant preuve d’un manque de courage manifeste, les formations politiques, toutes obédiences confondues, avaient déjà brillé par leur silence, craignant, à tord d’ailleurs, de donner dans le politiquement incorrect et de s’aliéner, ultérieurement, le vote féminin si tant est qu’il existe au Sénégal.

 La grande majorité  des députés hostiles à l’adoption de cette loi ont préféré s’absenter laissant, seuls, dans l’hémicycle, trois vaillants  mousquetaires pour oser défendre la vérité sociologique, culturelle et politique de notre pays.

 Résultat : une loi dangereusement opportuniste, inutilement démagogique, purement politicienne.  

 Loi Dangereusement Opportuniste 

 Depuis longtemps, une foultitude de femmes de ce que l’on appelle la société civile, instruites , parfois assez diplômées, s’agite dans des associations diverses et autres ONG. Elles apparaissent bien faites de leur personne, disposent d’emplois, de revenus et d’un standing matériel général respectables mais souffrent d’anonymat social malgré leur activisme.

 Pour bénéficier de la renommée sportive, les diplômes ne suffisent pas. Il faut passer par la souffrance des entraînements et, surtout, après 25 ans, il vaut mieux y renoncer. Quant à la célébrité artistique,elle ignore les licences et autres doctorats mais exige le talent. Reste la notoriété politique qui semble banale à acquérir puisque des ménagères y parviennent.

 Or là, nos bourgeoises ne se voient pas respirer la poussière des sentiers, pistes et chemins et en polluer leur défrisage. Elles ne s’estiment pas avoir vocation à s’égosiller ou acclamer dans les meetings, ne supportent pas l’envahissement militant de leur salon, les dépenses sociales (ex : ordonnances) qui s’imposent au responsable  politique, les démarches et réunions nocturnes car les chaînes de télévision cryptées n’attendent pas, le covoiturage (fait de partager sa voiture) avec la populace qui risque d’endommager le cuir des sièges etc…etc…

 Au total, les misères et autres difficultés de la vie politique, c’est pour les illettrées. Quant à un éventuel séjour en prison, la récurrence des attaques et dénigrements médiatiques, les potentielles agressions verbales voire physiques, ça c’est bon pour les hommes et les femmes ménagères. Pas question d’imaginer les vivre. La société civile méprise la galère. La posture idéale consiste à attendre qu’un groupe conquiert ou conserve le pouvoir pour se présenter sous CV ronflant et donner dans l’opportunisme d’offre de services.

 Voilà le type de femmes qui, après avoir tout tenté, ont poussé à la roue pour en arriver à cette loi inique. Elles souhaitent exister publiquement sans peine. A travers cette loi, elles ont obtenu la courte échelle dont elles ont toujours rêvé.

 Leur postulat de base réside en ce que, les femmes étant supposées plus nombreuses que les hommes ou au moins quantitativement en nombre égal, elles devraient se partager les responsabilités politiques avec ces derniers.

 Dans ces conditions, pendant qu’on y est, pourquoi pas une « parité absolue » entre jeunes et adultes, les premiers étant plus nombreux que nous. Idem avec les analphabètes plus nombreux que les diplômés et simples instruits ; avec  les ruraux plus nombreux que les citadins ; entre chômeurs et travailleurs ? etc…

 Pourquoi pas une « parité relative » entre chrétiens et musulmans ; à l’interne, entre confréries musulmanes, entre ethnies etc…

 Pour dire, simplement que cette loi est dangereuse et opportuniste. Déjà, on entend une femme députée déclarer que la nouvelle loi ne leur suffit pas. Il leur en faut davantage et plus et plus. Dans  la prochaine étape, elles vont exiger qu’alternativement la Présidence de la République soit tenue par un homme puis une femme, que les enfants portent leur patronyme, que puisque  le régime de droit commun du Code de la famille consacre la polygamie, qu’elles aussi aient droit à la polyandrie (plusieurs maris), en option, prix coûtant de la libération de la femme. Je vous vois sourire mais n’excluons aucune aberration .Que nul ne s’étonne, demain, que de nouveaux groupes sociaux revendiquent leur « parité ». Enfin, parler d’« absolu » relève du blasphème. Dans la vie, tout est relatif, seul Dieu est Absolu . 

 Loi Inutilement Démagogique 

 Les pays ci-après n’ont pas eu besoin de ce type de loi pour élire des femmes comme Présidentes de la République : Mesdames Lydia Gueiller (Bolivie ; première femme au monde à accéder à cette charge ) , Vigdis Finnbogadottir (Islande ;première en Europe ; de 1980 à 1996, elle effectuera 4 mandats successifs) , Helen Johnson Sirleaf (Libéria ; première et seule en Afrique) ; Corazon Aquino et Gloria Arroyo (Philippines) Michelle Bachelet (Chili), Isabel  Peron et Cristina Kirchner (Argentine), Violeta Chamorro ( Nicaragua), Mireya Moscoso (Panama). En février de cette année, le Costa Rica a élu la centriste Laura Chinchilla, Présidente de la République. Elle a été installée dans ses fonctions ce 8 mai 2010 !

 Dans certains pays, à régime parlementaire, la réalité du pouvoir politique se trouve entre les mains du Premier Ministre, un peu à l’image de la Grande- Bretagne. Sans passer par une inutile loi de « parité absolue », les pays suivants ont confié le poste de Premier Ministre à des femmes : Mesdames Sirimavo Bandaranaïké (Sri Lanka ; première femme dans le monde à ce poste électif ; 3 fois Premier Ministre ; première femme à diriger un pays musulman), Golda Meir (Israël), Indira Gandhi (Inde), Margaret Thatcher (Grande Bretagne), Benazir Butto (Pakistan).

 En termes de nominations, des femmes sont devenues premiers ministres. Citons, en manière d’exemples : Mesdames Elisabeth Domitien (Centrafrique, la première en Afrique), Edith Cresson (France), Agathe Uwilingiyimana (Rwanda), Mame Madior Boye (Sénégal).

 Dans nos pays africains, l’on ne note pratiquement plus de ministères chargés exclusivement de la condition ou de la promotion de la femme. De fait, dans le monde et en Afrique depuis les indépendances, le statut et la situation de la femme ont beaucoup évolué sans besoin de loi de « parité absolue ». En l’absence de ce genre de loi, les femmes ont pu entrer à l’Académie française, diriger de grandes institutions internationales (unesco ;oms), présider le Parlement européen, obtenir le Prix Nobel, porter des étoiles de Générale dans les armées, même en Afrique etc.. Elles n’ont pas eu besoin de béquilles, elles se sont réalisées toute seule.

 La démagogie sous-tend cette loi. Sinon, pourquoi pas une autre nomination de femme Premier Ministre dans ce pays comme s’y était engagé le Pouvoir ? Pourquoi pas la nomination de la femme attendue comme Vice –Présidente de la République puisque le prétexte annoncé se fondait sur une certaine « parité » ? Peut être que le crêpage de chignons à la présidence plombe le projet. Pourquoi pas la « parité absolue » dans le gouvernement, les sociétés d’état, les postes d’ambassadeurs, les directions d’administrations publiques, l’Armée etc…

 Pourtant, ce serait plus simple tandis que nul ne se sentirait attaqué. 
 
 

 Loi Purement Politicienne

 Les femmes de l’Opposition qui s’extasient après le vote de cette loi n’ont rien compris aux buts visés par les initiateurs du texte. Quand elles auront réalisé que leur attitude sexiste a desservi leurs formations politiques, il sera trop tard.

 En réalité, cette disposition légale a pour objectif d’affaiblir l’Opposition. Jusqu’en l’an 2000, le PDS n’aurait jamais été capable de remplir les conditions exigées par un tel texte car les réalités du terrain ne l’auraient pas permis ou, à tout le moins, auraient provoqué de graves dissensions.

 Aujourd’hui au pouvoir, le PDS pourrait priver un responsable homme d’une fonction élective sans crainte car à l’intérieur du système étatique, il est en mesure de le caser ailleurs.

 Tout le contraire des partis d’opposition surtout des partis de taille intermédiaire ou des petits partis que la nouvelle législation va, incontestablement, affaiblir au moment de la confection des listes.

 Donc cette loi n’intervient pas comme une générosité en direction des femmes ; elle a été adoptée dans la perspective d’embarrasser l’opposition, mieux de l’affaiblir en provocant de tiraillements hommes/femmes en interne.

 Les féministes s’attendent à ce que ces formations politiques, confrontées à un problème de candidates instruites à placer en position éligible, leur  fassent appel en vue d’un remplissage opportuniste. Elles se trompent. Personne ne le fera. Dans ces enceintes électives, vaut mieux une analphabète militante active qu’une bourgeoise cooptée.

 Nous sommes en présence d’une loi politicienne ; elle ne reflète pas la volonté générale. Hommes et femmes non activistes y sont hostiles.

 Mais auparavant, le pouvoir s’imagine qu’en guise de reconnaissance, les féministes amadouées auront appelé à voter pour son candidat à la présidentielle.

 Pour toutes ces raisons, cette loi doit être combattue par tous y compris par les femmes lucides, afin d’en obtenir le retrait. Quant aux députés absentéistes qui avaient fui le débat public mais qui, en privé, sont unanimement contre, nous espérons qu’il leur restera une once de fierté et de dignité qui les amènera à saisir le Conseil Constitutionnel car cette loi est manifestement anticonstitutionnelle.  

 Jean-Paul Dias 
 

 Publié dans les quotidiens dakarois suivants : Le Quotidien du 17 Mai 2010 p.4 et WalFadjri du même jour p.10



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