Pour le chroniqueur Laurent Bigot, la France doit redonner du souffle à sa relation avec l’Afrique en écoutant les aspirations des jeunes, comme le font… les États-Unis.
On prête au président ivoirien Félix Houphouët-Boigny la paternité de l’expression « France-Afrique », en deux mots, dans les années 1950. Elle signifiait pour lui une histoire commune et une communauté de destin. Ce n’est qu’au milieu des années 1990, sous l’impulsion de l’association Survie, de François-Xavier Verschave, que l’expression fut contractée en seul mot, « Françafrique », pour revêtir son caractère péjoratif en désignant les réseaux affairistes interférant dans la politique africaine de la France.
Depuis lors, cette expression est devenue incontournable dans le vocable journalistique tout comme dans les discours politiques de campagne en France. Il faut dire que, faute d’idée sur la politique africaine de la France, la Françafrique est un raccourci pratique pour faire office de slogan : « Rompre avec la Françafrique », et tout est dit pour les gourous de la communication. Le premier à en avoir fait son programme, c’est Nicolas Sarkozy qui, alors ministre de l’Intérieur, le proclama lors de son discours à Cotonou en 2006 (il est vrai, vite oublié après celui de Dakar un an plus tard). C’était également la seule idée du candidat François Hollande en matière de politique africaine.
« L’Afrique ne mérite pas plus que d’autres continents d’être singularisée par les réseaux affairistes décrits par l’expression Françafrique » sauf qu’à bâtir son programme sur un cliché, on a vite fait de déchanter. Les Africains se demandent souvent quel est le problème des Français avec la Françafrique. Pourquoi stigmatiser ainsi l’Afrique pour évoquer des réseaux affairistes qui existent avec toutes les autres régions du globe?? Le scandale des frégates de Taïwan ou l’attentat de Karachi contre les employés de la DCN n’ont rien à envier à l’affaire Elf. Pas plus que les sulfureux Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine au non moins sulfureux Robert Bourgi. Je n’évoque même pas les relations avec le Qatar, ou plutôt avec l’argent du Qatar. Pourtant, la sphère médiatico-politique continue de se complaire dans ce cliché de Françafrique.
Nos valeurs font partie de nos intérêts
La véritable rupture serait d’enterrer cette triste expression pour revenir aux fondamentaux de l’Afrique. L’Afrique ne mérite pas plus que d’autres continents d’être singularisée par les réseaux affairistes. Proclamer la fin de la Françafrique, c’est d’abord proclamer son ignorance de ce qu’est réellement la relation franco-africaine, mais c’est surtout manquer singulièrement d’ambition. Ce slogan ressemble plus à de la verroterie politique qu’à un programme.
Laurent Bigot, ancien diplomate français est aujourd’hui consultant indépendant. Il dirige la société Gaskiya (vérité en langue haoussa) spécialisée dans le conseil en stratégie sur l’Afrique.
7 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2015 (08:11 AM)Les partisans de la France-Afrique se trompent d'époque. On est au 21ème siècle!!!!
RÉplik
En Décembre, 2015 (08:43 AM)Patrie
En Décembre, 2015 (10:04 AM)Anonyme
En Décembre, 2015 (10:21 AM)Lire l'article entièrement sur le monde pour se faire une opinion juste...
Mor Ndiakhoum
En Décembre, 2015 (10:24 AM)la francafrique est toujours vivace mais sous forme de collaboration entre le chaval et le cavalier. le premier va espérer un peu de foin après avoir transporté et subi quelques coups de cravache du second
Il faut s'adresser aux peuples et non à une fraction (division pour régner) surtout si c'est en l'achetant !
Anonymbame Diarré
En Décembre, 2015 (14:53 PM)doméramou thiopkatou guémél mome meussoul am respect thi nite bou nioul
bolé tchi moujaiidine deumeu térorist késsé ! France moy deukou niite deugueu
té mo niou saf , meme imigré yi syrien sakh bougouniou dém sénne deukeu mbokou nare you harame yi ,nama yalah bal ,mé dal founiou kham naniou dieum ,France sokhlowoul immigré diouliit ,boudé pour andi fi probleme aki sénne bombe deumeu yii
Anonyme
En Décembre, 2015 (20:24 PM)Participer à la Discussion