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L'Afrique n'a pas besoin de la France

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L'Afrique n'a pas besoin de la France
Lors du 25e sommet Afrique-France, Nicolas sarkozy a tout fait pour réunir le maximum de dirigeants africains. Mais Paris a de moins en moins de poids dans l'économie du continent.

«La France n'a pas besoin de l'Afrique», avait déclaré Nicolas Sarkozy en 2006 lors d'une visite à Bamako, la capitale du Mali. Mais il semble avoir changé d'avis. Pendant le 25e sommet Afrique France qui s'est tenu du 31 mai au 1er juin 2010 à Nice, le chef de l'Etat français a fait tout son possible pour réunir la grande majorité des dirigeants africains. Et surtout, il a mis l'accent sur le développement des relations économiques avec l'Afrique. Le président avait d'ailleurs invité les grandes entreprises françaises à participer à la rencontre.

«Ce sommet avec les thèmes mis sur la table (gouvernance, sécurité et climat), avec la présence des entreprises, tourne la page d'une relation complexe et complexée», a déclaré le président français. Mais malgré ce changement de cap annoncé, la France aura le plus grand mal à conserver ses positions sur le continent. Dans les années soixante, l'Afrique représentait 40% des exportations françaises, contre 2% à l'heure actuelle.

La bataille commerciale est d'autant plus dure que l'Afrique recommence à susciter des convoitises. Et la France n'y a plus de chasse gardée. Même dans le pré carré francophone. De plus en plus de pays investissent sur le continent. La Chine n'est pas la seule à tisser sa toile. Loin s'en faut.

LA CHINE

En dix ans, elle a décuplé ses échanges commerciaux avec le continent, devenant le premier partenaire commercial de l'Afrique noire. En 2008, ses échanges commerciaux ont atteint 108 milliards de dollars. Pékin a récemment signé des accords portant sur des milliards de dollars avec la République démocratique du Congo et le Nigeria. Elle construit des routes, des stades et des hôpitaux sur tout le continent.

Contrairement aux Occidentaux, la Chine n'impose pas de conditions politiques en échange de ses investissements. Elle est ainsi devenue un partenaire majeur de pays en froid avec l'Occident, tels que le Soudan, le Zimbabwe ou l'Angola. Elle investit de préférence chez ceux qui possèdent de grandes ressources en matières premières tels que le Soudan, l'Angola, la RDC ou le Gabon. Mais, même dans des pays comme le Bénin qui ne dispose pas de matières premières en abondance, elle est devenue très influente. Signe des temps, la France n'est plus le premier partenaire commercial du Bénin. C'est désormais la Chine.

LE JAPON

Inquiet de la présence massive de la Chine en Afrique, le Japon a récemment décidé d'investir massivement sur le continent. Pour l'instant, Tokyo est surtout présent dans le domaine de l'aide au développement, notamment dans le secteur de l'agriculture ou dans celui du développement de l'énergie solaire.

LES ÉTATS-UNIS

Voulant diversifier leurs sources de pétrole et devenir moins dépendants du Moyen-Orient en la matière, ils investissent tout particulièrement dans le golfe de Guinée. Au Nigeria, mais aussi en Angola, pays qui fut longtemps leur adversaire politique.

Les Etats- unis sont le principal partenaire politique de l'Afrique du Sud, du Nigeria et du Kenya. Pays particulièrement influents sur le continent. Par ailleurs, Washington est de plus en plus présent en Afrique francophone, notamment dans le Sahel. Au nom de la lutte contre al-Qaida, des liens étroits sont tissés avec les autorités maliennes.

L'INDE

Plus discrète que la Chine, elle est très active sur le continent notamment à travers son importante diaspora présente dans toute l'Afrique anglophone, en particulier en Afrique du Sud, au Nigeria, au Kenya, en Ouganda ou au Malawi. Le cinéma et les séries télé indiennes font un tabac sur le continent noir.

LE BRÉSIL

Occupe une place croissante dans l'économie de pays tels que l'Angola qui connaît l'une des croissances les plus rapides en Afrique, grâce à la manne pétrolière. Le Brésil investit tout particulièrement dans le domaine pétrolier. Mais il est aussi très présent dans celui de la culture. Les Angolais sont de grands consommateurs de telenovelas brésiliennes. La nouvelle bourgeoisie -notamment les jeunes femmes- a pris l'habitude de faire des week-ends shopping au Brésil. Le Portugal, l'ancienne puissance coloniale, n'attire plus autant. Signe des temps, des milliers de Portugais font la queue au consulat d'Angola à Lisbonne afin d'obtenir des visas pour venir travailler dans ce pays perçu comme un «nouvel eldorado».

LES PAYS DU GOLFE

Investissent massivement en Afrique du Nord, mais aussi en Afrique noire, notamment au Sénégal. Très présents dans le secteur des télécoms, mais aussi de l'hôtellerie, ils ont récemment obtenu la gestion du port de Dakar jusqu'alors chasse gardée du group français Bolloré. La Libye aussi investit massivement sur tout le continent, de Bamako à Cotonou jusqu'en Afrique australe. Même le Malawi n'est pas épargné par les investissements du colonel Kadhafi.

L'IRAN

Développe des relations étroites avec des pays «parias» tels que le Zimbabwe. Mais entretient aussi d'excellents rapports avec le Sénégal, comme vient de le montrer récemment l'affaire Clotilde Reiss. Karim Wade, le fils du président Abdoulaye Wade a effectué plusieurs séjours à Téhéran. Par ailleurs, la religion chiite gagne aussi du terrain en Afrique, notamment au Maghreb. L'hebdomadaire francophone marocain, le Journal avait consacré à ce nouveau phénomène une une intitulée «Bienvenue chez les chiites».

LA GRANDE-BRETAGNE

Le Royaume-Uni a conservé des liens très étroits avec les pays qui comptent le plus sur le continent, notamment le Kenya, l'Afrique du Sud et le Nigeria. Une influence discrète mais réelle. A l'indépendance, un certain nombre de Britanniques sont restés sur place et ont conservé leurs terres. Au Kenya, les «white kenyans», les Anglais qui ont pris la nationalité kenyane, sont toujours très puissants dans le domaine économique.

Au Rwanda, Londres a supplanté Paris. Le régime de Paul Kagamé accorde d'ailleurs sa préférence à la langue anglaise.

L'ALLEMAGNE

Beaucoup moins médiatisée que celle des Français, l'influence économique des Allemands est grande, notamment en Namibie, au Nigeria et en Afrique du Sud, le pays qui représente 40% du PIB africain. L'Allemagne a longtemps été le premier partenaire économique de l'Afrique du Sud. Selon le Spiegel, près de 100.000 Allemands vivent dans la région du Cap.

«Si la France n'a pas besoin de l'Afrique», comme l'affirmait Nicolas Sarkozy en 2006, l'inverse semble aussi vrai. Surtout dès lors que le PIB de l'Afrique progresse de près de 5% par an depuis une décennie.


Photo: Une délégation chinoise de la China Railways Enginnering Company accueillie par des travailleurs congolais à Kinshasa le 29 mars 2010. REUTERS/Katrina Manson





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