Contre l’usage accru des drogues en Afrique occidentale, le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc/Rosen) organise depuis hier, lundi 20 mars à l’hôtel Savana de Dakar un séminaire de formation sur l’évaluation des besoins, et la planification des interventions. Environ 24 participants venus de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Ghana, du Libéria, et de la Sierra Léone se sont joints à leurs collègues sénégalais pour réfléchir sur les voies et moyens d’éradiquer ce fléau.
« Nous comptons travailler avec ces jeunes qui devront jouer le rôle de relais auprès des communautés, des écoles, afin de mieux sensibiliser ces jeunes-là sur les risques et les effets de l’usage des stupéfiants ». Le propos est du coordinateur des projets régionaux du Bureau des Nations Unies de lutte contre la drogue et le crime, Mickel Edward, qui a entre autres reconnu que même si le séminaire a plusieurs volets dont celui de la sensibilisation, ils ont regroupé à Dakar les jeunes de six pays pour voire dans quelle mesure les jeunes eux-mêmes peuvent initier la création d’un réseau régional de jeunes gens qui voudraient s’impliquer d’une manière active et efficace dans la prévention de l’usage des drogues . Ainsi, ils vont les accompagner dans cette initiative, s’ils le souhaitent, dit-il, avec l’espérance qu’ils pourront être plus actifs à travers ce réseau dans leurs différents pays, à travailler avec les communautés et les écoles en sensibilisant les jeunes élèves et ceux de la rue qui représentent tous une couche vulnérable à l’usage des stupéfiants. L’usage des stupéfiants se rapporte généralement à la violence, c’est pour cette raison sans doute que Mickel Edward a indiqué que « …la Côte d’Ivoire, la Sierra Léone, et le Libéria sont des pays en situation post-conflit où les médias ont montré le rôle que les stupéfiants ont dû jouer dans les causes de la guerre et pendant la guerre ». À en croire les propos du coordonnateur régional des projets de l’Onudc, la drogue alimente la criminalité, ce qui sous-entend l’usage des armes. Ayesha K. Sankoh, une participante venue de la Sierra Léone ne dira pas le contraire « les atrocités étaient ravageuses, nul ne pouvait commettre de tels actes sans avoir préalablement consommer de la drogue, tuer des innocents, brûler des maisons, violer des femmes », a-t-elle révélé. Pour sa part, Jatu L. Jennifer, venue du Libéria, fait le même rapprochement, «c’est sous l’effet de la drogue que l’on tuait cruellement, détruisait tout », dira-t-elle. C’est pourquoi, il est question aujourd’hui de travailler avec les jeunes gens pour voir comment ils peuvent aider les enfants-soldats qui étaient impliqués dans la guerre pour les sensibiliser et les montrer qu’il y a une alternative, afin qu’ils bénéficient d’une vie normale. Par ailleurs, Antonio L. Mazzitelli, représentant de l’Onudc au Sénégal a reconnu qu’il y a un rapport étroit entre l’usage de la drogue et les situations de conflit ,« nous avons de plus en plus d’indications et de rapports qui pointent du doigt l’utilisation des drogues dans les différents pays en conflit, les enfants-soldats consomment des drogues ( du marijuana, de la cocaïne ou du trac) ». Le rapport annuel de l’organe international de contrôle des stupéfiants a révélé que « le cannabis est la principale drogue donnant lieu à un usage abusif en Afrique, son abus touchant plus de 34 millions de personnes ».
Toutefois, le Sénégal est représenté parce qu’il est un pays important dans la stratégie opérationnelle de l’Onudc, dans la mesure où la consommation des drogues n’y est pas au même niveau que dans les autres pays de la sous-région, a noté Mickel Edward, même s’il a reconnu que le taux de prévalence de l’usage du cannabis se situe entre 5 et 6 % pour ce qui concerne les jeunes scolarisés. Mais du fait qu’il a mis en place un bon programme de prévention vis-à-vis des jeunes, son expérience pourrait intéresser les autres pays. Enfin, le rapport annuel de l’Onudc a indiqué que « les trafiquants de drogues se tournent de plus en plus vers les pays d’Afrique de l’Ouest situés le long du golfe de Guinée pour acheminer clandestinement de la Cocaïne provenant d’Amérique du Sud vers l’Europe… » Ainsi faut-il plus de vigilance pour combattre ce trafic illicite. Le séminaire continue jusqu’au jeudi 24 mars prochain.
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