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Economie

ALEX SEGURA, REPRESENTANT RESIDENT DU FMI AU SENEGAL « Je pense que les institutions ont une responsabilité de dire la vérité »

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ALEX SEGURA, REPRESENTANT RESIDENT DU FMI AU SENEGAL « Je pense que les institutions ont une responsabilité de dire la vérité »
Alex Ségura, le représentant résident du Fmi semble s’étonner de l’émoi suscité par sa dernière sortie à travers des colonnes de nos confrères du « Quotidien ». Le diplomate pense en effet, qu’il est de la responsabilité des institutions de dire la vérité. Et en la matière, il n’y a rien de tabou ou qui ne soit du domaine public, assure-t-il, d’autant plus « que cela se trouve déjà dans le mémorandum qui sera publié dans le site du gouvernement et du Fmi. Il s’agit notamment des statistiques économiques à la portée de tout le monde », indique-t-il. 

Votre statut de représentant d’une institution internationale ne vous impose-t-il pas un devoir de réserve ?

Je pense que les institutions ont une responsabilité de dire la vérité. Le Fonds monétaire international (Fmi) a constaté que les fondamentaux des finances publiques du Sénégal sont solides, mais sont en train de se dégrader rapidement. Le niveau de la dette intérieure et extérieure est très faible comparé à celui d’autres pays africains notamment. Cela nous l’avons déjà dit. Le Sénégal de 1994 à 2005 a été considéré comme un exemple de discipline budgétaire. A partir de cette période cependant on a noté un certain déséquilibre du en partie au choc pétrolier et récemment à la flambée des prix des produits à grande consommation. Cela a conduit à une dégradation inquiétante de la position budgétaire de l’Etat. Si à cette tendance, on ajoute d’autres pressions de dépenses internes on arrive à une situation où l’Etat doit s’ajuster. Le Fmi a attiré l’attention des autorités sénégalaises depuis 2006. Il s’était rendu compte que les pressions sur les dépenses ont continué. Il a voulu donc attirer à nouveau l’attention de l’Etat du Sénégal, mais aussi de l’opinion publique sur le fait que s’il n’y avait pas de corrections, le Sénégal risquait d’avoir une crise budgétaire très grave. Le Fmi a également voulu noter que pour sortir de la situation difficile, il fallait jouer la carte de la transparence. Ce que le ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des finances a toujours fait. Au Fmi nous nous appliquons néanmoins le devoir de réserve qui est une obligation universelle sur la plupart des choses qui l’exigent. Je précise que ce que j’ai dit se trouve déjà dans le mémorandum qui sera publié dans le site du gouvernement et du Fmi. Il s’agit notamment des statistiques économiques à la portée de tout le monde.

Malgré le bon recouvrement des recettes observé, persistez-vous à dire qu’il y a des risques de non-paiement des salaires des fonctionnaires qui pointent ?

Le Sénégal est considéré parmi les meilleurs en matière de recouvrement de recettes fiscales en Afrique, certainement le premier au niveau de l’Uemoa. Cet énorme atout du Sénégal a permis que le système des finances publiques résiste jusqu’à présent. Les statistiques sur les recouvrements des recettes sont correctes. Entre 85 à 90 milliards de Fcfa par mois. Ce qui suffit en principe largement pour couvrir les dépenses liées au paiement des salaires des fonctionnaires. Cependant l’Etat du Sénégal avec le rythme actuel des dépenses y compris les subventions n’est pas en mesure de faire face en même temps au paiement des salaires des fonctionnaires, à couvrir les dépenses de fonctionnement de l’Etat et à payer les factures dues aux fournisseurs. C’est la raison pour laquelle il a déjà accumulé des factures impayées d’un montant de 150 milliards de Fcfa. Cela indique que le niveau de dépense actuel est trop élevé. Bien qu’aujourd’hui il n’y a pas de risque de non-paiement des salaires des fonctionnaires, s’il n’y a pas de correction, le problème que nous observons des difficultés de paiement des factures dues aux fournisseurs pourrait aussi se faire sentir au niveau d’autres postes de dépenses.

Le Sénégal peut-il encore émettre un emprunt obligataire en raison même des notations de l’Agence Internationale Standard & Poor’s ?

Le Fmi est franchement optimiste sur la capacité du Sénégal de mobiliser des fonds sur le marché de l’Uemoa à travers un emprunt obligataire. Le Fmi soutient même une telle intention des autorités. Elle est compatible avec le cadrage macro-économique sur lequel nous nous sommes déjà accordés avec l’Etat du Sénégal. Mieux, le Fmi encourage le gouvernement à lancer cet emprunt dans les meilleurs délais. Il veut ici rassurer les banques étant donné le faible niveau de l’endettement du Sénégal qui devrait certainement permettre le succès de cette opération. Celle-ci en tout état de cause devrait permettre à l’Etat d’apurer une grande partie des dettes aux fournisseurs. Il faut certes préciser que la dette interne et externe du Sénégal ne fait que 24% du PIB. Ce qui offre à votre pays une capacité non négligeable de mobilisation de ressources à travers par exemple les emprunts obligataires.

Cependant, le gouvernement s’est engagé à des ajustements budgétaires qui devraient rééquilibrer ses finances publiques de façon permanente.

Va-t-on dans ce cadre passer du programme « envié » de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) à la Facilité de la protection contre les chocs exogènes (Fpce) ?

Aujourd’hui le Sénégal est sous Ispe, ce qui veut dire qu’il est considéré par l’institution comme un pays en phase de stabilisation macro-économique avancée. Le Fmi ne souhaiterait pas que le Sénégal perde ce statut. C’est ce qui justifie pour lui la nécessité d’ajustement budgétaire qu’il recommande pour rééquilibrer les finances publiques. Maintenant par rapport à la Fpce, le Conseil d’administration du Fmi va examiner la possibilité que les pays qui sont membres puissent bénéficier de cette faciliter pour lutter contre les chocs exogènes sans sortir de l’Ispe. A ce moment là si les autorités présentent une requête, le Sénégal pourrait bénéficier de ressources financières du Fmi sans sortir de l’Ispe



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