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Economie

Alioune CISSE (Directeur de l'Arm) : Pas de rupture dans l'approvisionnement en riz en vue

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Alioune CISSE (Directeur de l'Arm) : Pas de rupture dans l'approvisionnement en riz en vue
Alioune Cissé est l’administrateur de l’Agence de régulation des marchés. Dans l’interview qu’il nous accordée, le ‘gendarme des marchés’ soutient sans ambages que le Sénégal est préservé d’une rupture dans l’approvisionnement en riz de sa population, mais ne cache non plus l’impuissance de l’Agence de régulation des marchés (Arm) à défendre les consommateurs contre la surenchère spéculative et certains phénomènes des marchés. Entretien.

Wal Fadjri : Le spectre d’une pénurie de riz brandi par certains commerçants est-il totalement exclu pour le Sénégal ?

Alioune Cissé : Sauf cas de force majeure, il peut être soutenu que le Sénégal est préservé de toute rupture dans l’approvisionnement de sa population, dans la mesure où les stocks existants à l’heure actuelle, compte tenu des arrivages prévus les semaines et mois à venir, se situent à un niveau apte à couvrir trois à quatre mois de consommation. Il s’y ajoute que l’Inde, comme l’a signifié le président de la République, a marqué sa disponibilité à fournir à notre pays une quantité de 600 000 tonnes de riz par an. Cette opportunité est de nature à assurer la sécurité alimentaire des populations sénégalaises, en attendant que la souveraineté alimentaire soit acquise à travers le Programme national d’autosuffisance en riz (Pnar) initié dans la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana).

Wal Fadjri : Quelle est l’ampleur de la spéculation, les produits les plus touchés ?

Alioune Cissé : La spéculation, même si elle a existé auparavant, est en train de s’estomper depuis qu’un arrêté interministériel portant fixation des prix de certaines variétés de riz a été pris en date du 16 avril 2008. Sans aucun doute, le riz a été le produit le plus touché du fait des habitudes de consommation des Sénégalais, mais également par le fait d’une spéculation entretenue en amont et dont les conséquences n’ont pas manqué d’impacter en aval sur le niveau des prix à la consommation. Il demeure entendu que les services techniques du ministère du Commerce sont à pied d’œuvre pour traquer et réprimer, autant que faire se peut, toute tentative d’entrave à la libre concurrence et à la non-conformité aux prix fixés.

Wal Fadjri : Les producteurs locaux se plaignent de n’être pas assez protégés, est-ce le cas ?

Alioune Cissé : Toutes les filières agricoles qui ont atteint un certain niveau de production apte à leur conférer une masse critique raisonnable, bénéficient de mesures de sauvegarde les plus idoines possibles. C’est le cas des filières comme l’oignon, la tomate, la banane et à l’époque, en 2004, du maïs. Si le riz n’est pas encore dans le pipe-line, c’est parce que la production locale sur cette spéculation n’est pas encore apte à couvrir les besoins de consommation du pays pour un minimum requis, c'est-à-dire quatre mois au moins. Il demeure entendu que la production locale se doit de s’atteler à une recherche de compétitivité en vue de s’inscrire dans la dynamique de mondialisation des échanges commerciaux.

Wal Fadjri : Et pour ce qui est des consommateurs, l’Arm a-t-elle les moyens de les défendre contre la flambée des produits de consommation courante ?

Alioune Cissé : Vous touchez là un problème assez délicat qui appelle l’implication de tous les services concernés. Au demeurant, l’Arm ne dispose pas pour l’instant de l’arme la plus déterminante pour défendre les consommateurs contre la hausse des prix, à savoir le fonds d’intervention et de régulation qui devrait lui permettre de disposer de stocks de régulation ayant un caractère dissuasif. Cependant, elle s’est dotée de moyens susceptibles de lui permettre : d’initier et de mettre en œuvre des schémas de commercialisation pour les produits agricoles et de travailler en synergie avec les structures techniques de l’Etat qui sont habilitées à user de moyens juridiques et réglementaires pour faire appliquer les mesures et décisions prises. En substance, l’Arm fait, mais également fait faire.

Wal Fadjri : Si tel est le cas, qu’avez-vous fait concrètement pour maîtriser les prix ?

Alioune Cissé : L’Arm n’a pas attendu aujourd’hui pour contribuer à la maîtrise des prix. Les concertations tenues de manière périodique avec les importateurs ont impacté sur le marché depuis que la structure a été mise sur pied en 2002. Toutes les velléités de hausse ont été jugulées à l’exception de celle que nous vivons et qui n’est en aucun cas l’exclusivité du Sénégal. Les deux leviers qui auraient permis, par exemple, sur le riz, de maîtriser les prix s’avèrent être la disponibilité d’un stock de régulation géré par l’Arm ou l’existence d’une production locale qui serait utilisée pour concurrencer le segment de marché du riz importé. C’est aussi le lieu de rendre un hommage appuyé au Premier ministre qui, en rapport avec le ministère de tutelle, a pris d’importantes mesures portant sur la baisse de la fiscalité sur le riz, permettant à cette denrée d’être à un prix inférieur à 300 francs, c’est-à-dire le prix le plus bas de la sous-région africaine. Maintenant que les prix sont fixés d’autorité, l’Arm peut, en parfaite synergie avec les structures techniques du ministère du Commerce, veiller à l’application, de manière la plus rigoureuse possible, de l’arrêté interministériel portant fixation des prix de certaines variétés de riz, notamment par un suivi quotidien de tous les marchés du pays, un relevé des prix pratiqués et une mise à disposition des résultats d’enquêtes à l’autorité compétente en vue de permettre des prises de décision idoines.

Wal Fadjri : Par rapport à la Goana, ne pensez-vous pas que l’objectif doit être régulé au lieu de vouloir atteindre les objectifs d’un seul coup ?

Alioune Cissé : Le Sénégal vit une époque où il faut aller vite et bien. Les échéances sont pressantes, notamment dans le domaine alimentaire où les pays sont obligés de produire leurs besoins nutritionnels. L’étape des études de faisabilité est dépassée, car des programmes ont déjà été entrepris dans le sens initié par le chef de l’Etat. Il convient tout juste de les adapter au contexte actuel et de passer à l’opérationnalisation. L’idéal, c’est que les objectifs soient atteints le plus vite possible en vue de préserver le Sénégal de toute vulnérabilité dans l’approvisionnement de sa population.

Wal Fadjri : Quelles sont les missions dévolues à l’Agence de régulation des marchés ?

Alioune Cissé : La libéralisation de certaines filières et de la distribution s’est traduite par un relatif désintérêt des activités de suivi du fonctionnement et de l’organisation des marchés de certains produits de base. L’expérience tirée des dysfonctionnements du marché au cours des dernières années du régime socialiste a rendu nécessaire la mise en place d’une organisation apte à prendre en charge l’ensemble des missions de surveillance et de suivi des denrées stratégiques. C’est sous ce rapport que le président Abdoulaye Wade, lors du symposium national sur les Stratégies de développement et de promotion des exportations (Stradex), le 16 octobre 2001, dans un discours mémorable sur la relance des filières locales, disait : ‘J’ai décidé, pour appuyer convenablement le secteur et lui permettre de tirer pleinement profit des opportunités du marché international, de mettre en place une Agence de régulation des marchés, chargée notamment de définir une organisation commune des marchés des produits agricoles, de gérer un fonds d’intervention et de régulation et de favoriser l’exploitation d’un système de stockage fixe et mobile’. Cela dit, le domaine d’intervention de l’Arm est circonscrit sur un certain nombre de produits agricoles, notamment le riz, l’oignon, le maïs, la tomate, la pomme de terre, le mil et ses variétés et la banane. Le gouvernement de la République du Sénégal, par décret, a mis sur pied l’Agence de régulation des marchés, une structure placée sous la tutelle technique du ministère chargé du Commerce. Elle est conçue comme une réponse à la nécessité d’ouverture de perspectives nouvelles à la production agricole locale. A ce titre, l’Arm constitue un instrument d’aide à la prise de décision pour les différents marchés, un creuset de données stratégiques destinées à contribuer à la formulation, la conduite et l’évaluation de politiques agricoles et commerciales pour les décideurs. L’Arm est aussi un outil de veille, d’alerte et d’anticipation par rapport aux éventuels dysfonctionnements, dont le marché pourrait faire l’objet. Elle est, en plus, une structure d’appui, de soutien et d’accompagnement chargée d’apporter des solutions à la crise de confiance des consommateurs et leur régulière désaffection pour les produits locaux. Tout comme l’Arm intervient pour apporter des solutions aux pratiques spéculatives, sources d’entrave à la libre concurrence et à la sécurité alimentaire et de stabilité socio-politique devant permettre à notre pays d’être à même de se prendre entièrement en charge pour son alimentation de base.



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