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Economie

AMADOU KANE DIALLO, D.G. de Cosec, PCA du Cosama : “ Des bateaux taxis sur l’axe Dakar- Rufisque en juillet”

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AMADOU KANE DIALLO, D.G. de Cosec, PCA du Cosama : “ Des bateaux taxis sur l’axe Dakar- Rufisque en juillet”

Porté à la présidence du Conseil d’administration du Consortium sénégalais d’activités maritimes (COSAMA) qui gère le bateau « Aline Sitoé Diatta », remplaçant du « Joola », le Cosec s’est paré d’habits neufs, aux côtés du Port autonome de Dakar, de Maritalia et de la Sotram (CCBM). Le Directeur général du Cosec, Amadou Kâne Diallo, aborde dans cette interview exhaustive, les projets du Sénégal en matière de navigation maritime et fluviale.

Monsieur le Directeur général, avec le début des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, c’est un autre pas franchi par le Sénégal. Comment se déroule le portefeuille du Cosec qui annonce également l’arrivée des bateaux-taxis ?

En fait, le Conseil sénégalais des chargeurs n’était malheureusement pas très bien connu dans ses missions d’assistance et de promotion des chargeurs - il faut entendre les opérateurs économiques - et, d’autre part, l’amélioration des conditions du transport maritime, par la réalisation d’infrastructures maritimes et fluviales. C’est de ce point de vue que le Cosec s’est positionné au niveau de la ligne maritime, en s’engageant à réaliser la voie pour le compte de l’Etat. En outre, s’agissant de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, il était demandé à l’époque de créer une société maritime référant (l’ancienne Somat -ndlr). A côté du port, le Cosec y a participé à hauteur de 24,5 % du capital et y occupe le poste de président du Conseil d’administration. Ensuite, l’Etat devait affréter un bateau, le « Willis », en attendant le Aline Sitoé Diatta, et comme le propriétaire avait exigé de travailler avec une société plutôt qu’avec l’Etat, ce dernier a choisi le Cosec comme l’interlocuteur direct. Le Cosec se positionne donc comme un élément incontournable dans le désenclavement du Sud par la mer. C’est alors, à juste titre, quand le Président a pensé à la création d’un consortium sénégalaise d’activités maritimes, qu’à côté de Serigne Mboup de CCCB, Ali Ndiaye de Maritalia et la future Union des femmes chefs d’entreprises, le Cosec a été sollicité pour prendre 20 %, ce qui lui a aussi valu la confiance du consortium qui m’a nommé PCA du Cosama. Tout cela démontre la pertinence du slogan « le Cosec au cœur du transport maritime au Sénégal ». Ainsi, parallèlement au désenclavement du Sud, le Cosec se positionne également pour celui de Dakar, par le projet des bateaux-taxis. C’est une idée très chère au Président Wade en vue du désengorgement de la capitale par la frange maritime et qui a été reprise au rebond par le Cosec. Traduite en actes concrets, ce sont 4 bateaux déjà construits qui seront livrés. Evidemment, pour qu’ils puissent assurer correctement la liaison maritime Dakar-Rufisque-Mbour, via Thiaroye, il faut bien qu’on construise des quais et des gares maritimes. Pour Rufisque, les travaux ont démarré et seront achevés en fin mai. Nous pensons ainsi pouvoir commencer l’exploitation de la ligne Dakar-Rufisque avec 4 bateaux au départ, en espérant que la gare maritime de Dakar sera terminée d’ici là. Par ailleurs, pour gérer ce type de transport, nous allons créer une société d’exploitation au capital de 2,5 milliards, qui regroupera d’ailleurs toutes les collectivités desservies. C’est ainsi que la Commune de Dakar a décidé de participer à hauteur de 20 %, Rufisque pour 5 %, Mbour 5 %, Bargny 1,5 % et Gorée 4 % selon la volonté du Président qui a souhaité y associer l’île. Les 55 % revenant au Cosec sont constitués par l’apport des 4 bateaux neufs, avec la possibilité de vendre des parts au secteur privé s’il le désire. Nous y conserverons évidemment une position intéressante, une sorte de portage, parce que le Cosec est un instrument privilégié de dialogue public-privé. Les bateaux taxis, c’est un peu le début d’une nouvelle aventure en matière de transport par la frange maritime.

Une telle aventure suppose une mise aux normes exhaustives, puisque vous évoluez dans un domaine où l’on n’admet aucune faille. Comment comptez-vous gérer cet aspect ?

Vous savez, en matière de transport de personnes, on est régi par des lois internationales qu’on ne peut pas transgresser, au risque de ne pas être admis aux certifications nécessaires. Parce que les passagers ne sont pas uniquement des Sénégalais, qu’il peut y avoir d’autres nationalités, comme on l’a vu dans le Joola. Il faut donc respecter les normes internationales pour avoir le droit de transporter. Sinon, d’ailleurs, la marine marchande ne délivre pas les certificats de navigation. En outre, avec ce qui s’est passé ici, rien ne peut se faire en dehors de ces normes. C’est ce qui explique les conditions qu’il a fallu remplir pour effectuer la liaison Dakar-Ziguinchor. C’est aussi pourquoi on ne passe pas encore par Carabane, tant qu’il n’y aura pas un bon quai et une gare maritime. Pour cela, l’Etat a pris toutes les dispositions et Effiage (ex-Fougerolles -ndlr) a été choisi pour la réalisation.

Mais le Cosec, ce n’est pas uniquement la liaison maritime vers le Sud. Jusqu’où comptez-vous aller ?

Rien qu’en matière de désenclavement, il y a un volet méconnu, celui de la desserte de l’île à Morphil au Nord et même, l’ouverture de cette région au reste du pays, grâce au fleuve Sénégal. Une société est en activité à ce niveau, la société de navigation sur le fleuve Sénégal dirigée par la Mauritanienne des transports maritimes internes dont le siège est au Mali au sein de la Comanav (la compagnie malienne de navigation) qui est au même niveau que le Cosec avec 33 % du capital, avec pour objectif de réaliser la navigabilité sur le fleuve de Saint-Louis à Ambédidi au Mali. Grâce aussi à l’appui de l’OMVS qui se charge de régler les questions liées aux infrastructures. Beaucoup de ressources seront mobilisées pour non seulement faire de Saint-Louis un port de commerce, de pêche et de plaisance et peut-être même un terminal minéralier, mais également tout au long du fleuve jusqu’à Ambédidi au Mali, il est envisagé la réalisation de quais, la réfection de ceux qui existaient et des infrastructures connexes pour permettre à des bateaux d’accoster en partant de Bakel, Matam, jusqu’en aval. L’OMVS a déjà procédé aux études bathymétriques et établi un balisage sommaire le long d’un petit chenal où un certain tirant d’eau peut passer. En outre, l’organisation a prévu de réaliser le dragage du lit qui est assez onéreux. Mais c’est ce qui permettra la navigation et qui va faire revivre le fleuve et la vallée et désenclaver complètement l’île à Morphil. Vous voyez donc que nous participons également au désenclavement du Nord. Mieux, au plan international, il y a l’ouverture du Sénégal vers le reste du monde, vers l’hinterland d’abord qui est l’Afrique de l’Ouest, en passant par le Mali. Le Cosec a participé aux côtés du PAD à la création du port sec de Bamako. Nous avons injecté dans les entrepôts du Sénégal au Mali 1,2 milliard, contre 1,4 milliard du PAD. Toujours dans le multimodal, cela permet aux marchandises de voyager dans les deux sens, du reste de l’Afrique de l’Ouest à Dakar et vice versa. Ensuite, nous pensons à l’ouverture vers les pays du Maghreb, avec la création d’une ligne maritime qui partira de Dakar en passant par Nouadhibou et Nouakchott pour rejoindre Casablanca et Tanger. L’étude de faisabilité est achevée et le secteur privé y participe aux côtés des autorités du Sénégal, de la Mauritanie et du Maroc. C’est le Président Baïdy Agne qui préside d’ailleurs le comité des privés. Le Cosec qui joue un rôle fondamental dans la réalisation de cette ligne, contribue à organiser les privés, abrite des séminaires et permet de supporter la participation du Sénégal. Plus loin encore, nous participons à un projet d’ouverture vers toute la Ummah islamique, parce que depuis sa création en 1975, le Cosec est membre de l’AISA (association islamique des armateurs) qui est une sous-structure de l’OCI. L’AISA a initié la création de la Ba’aka Shipping Company (Basco) dans laquelle le Cosec détient 1 % d’un capital de 30 millions de dollars et on a tout fait pour que la Mauritanie aussi y soit présente pour 1%. Ce sont les deux seuls pays dans cette compagnie qui va faire tous les pays de la Ummah, jusqu’au Emirats et en Malaisie, etc. Et l’on a demandé que le Sénégal puisse être desservi, ce qui nous permettra d’agir dans l’approvisionnement en hydrocarbures, par exemple. L’idée chère au Président de la république est donc de nous ménager une ouverture vers les autres parties du monde.

Il est évident que si le rôle du Cosec dans le dialogue Public-Privé explique bien des avancées, il reste que tout ce bouillonnement doit avoir d’autres soubassements. Qu’est-ce qui a fondamentalement changé au cours des dernières années ? Est-ce plus de volonté politique ? Plus d’engagement ?

C’est tout ça. D’abord, nous avons un président qui est un visionnaire et qui en veut. Ensuite, puisque moi je suis venu de la Présidence pour rejoindre le Cosec, je comprenais son état d’esprit, je n’avais qu’à essayer de mettre en œuvre ses idées. C’est comme lorsqu’on a commencé à parler des APE. A notre niveau, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait là un instrument en discussion depuis 5 ans et que l’Afrique était absente. Alors que c’est ce qui va régir les conventions de transport de marchandises par voie de mer, qui va donc remplacer les règles de Hambourg et de l’OIT, etc. Nous avons pensé qu’on ne pouvait pas rester les bras croisés et le Cosec a organisé les chargeurs et les transporteurs africains à travers des rencontres, ce qui a abouti à la naissance d’un groupe Afrique piloté dont le porte-parole est un consultant recruté par nos soins et, alors que les réunions se tenaient aux Nations Unies, à Vienne ou à New York, on a réussi à faire reculer sur deux articles, l’ensemble des pays du monde, y compris les Etats-Unis, la Chine, etc. Pour le dernier round qui se tiendra en juin à New York, il est reconnu qu’on a pesé de tout notre poids. Pourquoi on a osé ? Mais parce qu’on a saisi l’idée du Président Wade selon laquelle l’Afrique doit désormais être un partenaire et non plus tendre la main, mais se battre d’égal à égal dans le jeu de la mondialisation qu’on ne doit plus subir. C’est ce qui a créé un état d’esprit nouveau au Cosec, d’autant qu’aujourd’hui, c’est le monde des idées et nous travaillons à bousculer les choses pour aider le pays, en tout cas à la réalisation des idées du président de la République dans deux directions que moi j’ai retenues : le développement des infrastructures et le dopage du secteur privé pour qu’il soit le moteur du développement.

Comme le Cosec est un peu le représentant du privé, à travers tous ceux qui importent ou exportent, et que nous avons pour objectif de les promouvoir et de le assister, nous essayons de booster les choses dans ce sens. De même, par l’amélioration des conditions du transport maritime, parce que tout ça fait partie d’un environnement qui permet au privé de se développer.



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