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Economie

Amadou Kane Diallo DG du Cosec : ‘Je suis loin d’être le directeur général de société le mieux payé du Sénégal’

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Amadou Kane Diallo DG du Cosec : ‘Je suis loin d’être le directeur général de société le mieux payé du Sénégal’
Il a beau vouloir évacuer le débat sur le rapport de l’Ige sur ses avantages financiers. Seulement, il ressurgit toujours. Comme, s’il voulait en finir, une bonne fois pour toutes, Amadou Kane Diallo détaille pour les lecteurs de Walf cette affaire dans laquelle il a occupé l’épicentre. Le Dg du Cosec jette un coup de projecteur sur l’entreprise qu’il dirige et qui était méconnue du grand public. Ayant, également, une casquette de politique sur la tête, Kane Diallo fait le point de la situation politique de Podor à deux ans de la présidentielle. Et dévoile ses ambitions. 

Wal Fadjri : Il y a quelques mois, le Cosec avait été éclaboussé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat relativement à votre salaire et à vos autres avantages. Quelle est la suite qui a été donnée à cette affaire ?

Amadou Kane Diallo : Je me suis tellement épanché sur la question ! En réalité, le rapport de l’Ige date d’août 2008. Et des réponses ont été apportées. Mieux, il y a beaucoup de recommandations dedans qui sont en train d’être suivies. Donc, c’est un an après que le rapport est tombé dans l’escarcelle d’une certaine presse qui en a fait la publication. Par la suite, j’ai été invité dans un débat public et j’y ai apporté les clarifications nécessaires. Donc, cette affaire est derrière nous. Mais comme vous avez des lecteurs qui sont différents, peut être qu’il est important de repréciser certaines choses. D’abord, il n’est pas question de détournement dans ce rapport. Il est question d’un contrat que j’aurais signé avec le Conseil d’administration concernant tous mes traitements à savoir mon salaire et mes indemnités. Et du point de vue de l’Inspection générale d’Etat, les conditions de traitement étaient exorbitantes. On a parlé de 9 millions de francs Cfa mais ce n’est pas le cas. C’est la moitié de cela. Ce que je gagne, indemnité de logement et tout compris, est dans les limites du raisonnable. Toujours est-il que, c’est un contrat que je ne me suis pas fait tout seul. C’est un contrat que le conseil d’administration a signé avec le directeur général pour prévenir des problèmes qui s’étaient posés avant que je ne vienne. Je me suis dit que le plus simple, c’est de remettre ce contrat parce qu’il avait proposé un golden parachute qui était que si je devais partir après des années de bons et loyaux services, on devrait me payer une certaine somme pour que je ne tombe pas dans dèche. Parce que le problème qui s’était posé est qu’un directeur général s’était endetté mais en partant, il n’avait plus rien pour payer. Et donc, pour qu’ils puissent m’accorder une quelconque dette au niveau de l’entreprise - ce qui est le cas pour les autres travailleurs - il fallait qu’ils le gagent sur quelque chose. Et c’était sur ce contrat. Le nombre d’années que je vais passer ici va occasionner qu’on me paye une certaine somme et, à partir de là, ils pouvaient me prêter de l’argent à l’instar des autres travailleurs du Cosec qui jouissent aujourd’hui de la bonne santé financière de la société. C’est sur ces entrefaites que le contrat a été signé. Compte tenu de tout le bruit, j’avais pris sur moi, avant même que le rapport ne soit publié, en parfait accord avec le président du conseil d’administration, de renoncer à l’ensemble du contrat et de me mettre à leur disposition. Donc, c’est un débat dépassé à ce point de vue aussi. Et ce débat a été très gênant pour l’ensemble des travailleurs.

Tout compte fait, l’Ige n’a fait que son travail parce qu’elle doit contrôler les sociétés et le Cosec est un établissement public à caractère professionnel. Les recommandations de l’Ige, de mon point de vue, sont toutes pertinentes. Elle a recommandé la relecture du décret qui régit les traitements des Dg et des Pca de façon globale pour une harmonisation.

Wal Fadjri : Vous dites que, aujourd’hui, les choses sont rentrées dans l’ordre. Est-ce que vous pouvez être plus précis ?

Amadou Kane Diallo : Je veux dire que le débat s’est arrêté. C’est un débat qui n’était occasionné ni par l’Ige, ni par le Cosec encore moins par l’Etat, de mon point de vue. Il y a des personnes, dont je tairai les noms qui ont eu à faire des dénonciations dans la presse pour d’autres raisons. En plus, une certaine presse a disposé du rapport numéro 6 de l’Ige. Ce qui est d’ailleurs un problème. Et à partir de ce moment, le débat s’est re-posé. Mais si je dis que le débat est clos, c’est parce que j’ai apporté les réponses et le public a compris. Je suis très loin d’être le directeur général de société le mieux payé du Sénégal. C’est tout à fait le contraire. Ensuite, si je défalque les indemnités, je me retrouve avec un net de 2,5 millions de francs Cfa. C’est pas cher payé pour un directeur général. Donc, je pense que le problème ne se pose pas. Je suis gêné parce que je suis père de famille, je suis un homme politique et je distille un certain nombre de valeurs auxquelles je crois. C’est pourquoi j’étais gêné qu’on dise qu’il y a des gens dans une certaine entreprise qui font ce qu’ils veulent. Le plus important pour moi, c’est que j’étais arrivé à un moment où la situation était difficile mais, Dieu merci, on est en train de la changer radicalement. D’une situation déficitaire, on est devenu excédentaire. Pour tout vous dire, je n’ai pas voulu cumuler deux traitements. Je suis maire de Ndioum et je devais avoir 3,6 millions de francs Cfa l’année auxquels j’ai renoncé pour les mettre à la disposition de la mairie et des étudiants de la localité.

Mais la meilleure manière de prouver que ce débat est dépassé, c’est que le Cosec fait toujours l’objet de toutes sortes d’audit. On a été audité par l’Agence de régulation des marchés publics (Armp). Le rapport est disponible sur le net. Nous n’avons pas eu de problèmes du tout. Il y a juste des recommandations qui sont en train d’être suivies par le Cosec.

‘Si je défalque les indemnités, je me retrouve avec un net de 2,5 millions de francs Cfa. C’est pas cher payé pour un directeur général’

Wal Fadjri : Vous parlez de cumul et le président du conseil d’administration du Cosec, Ahmed Fall Braya, est en même temps député. Est-ce que cela ne gêne pas ?

Amadou Kane Diallo : C’est une question qui est réglée par l’Assemblée nationale. S’il est maintenu jusqu’à présent Pca, c’est par la volonté des organisations professionnelles. Parce que le poste de Pca appartient au secteur privé et celui du directeur général procède par nomination du président de la République sur proposition du conseil d’administration avec contreseing du Premier ministre. Et puis l’Assemblée a dû, certainement, instruire ce dossier et s’est peut-être rendu compte qu’on n’est pas dans le cas d’école que vous signalez. Ici, le Pca n’a pas de salaire mais une indemnité. Toujours est-il que son mandat a expiré comme il aime à le rappeler mais il attend que les organisations professionnelles prennent les dispositions pour son remplacement.

Wal Fadjri : Jusqu’à une période récente, le Cosec était méconnu du grand public. Est-ce que vous pouvez parler de son rôle ?

Amadou Kane Diallo : Le Cosec est un établissement public à caractère professionnel qui a été créé en 1975. Son rôle était d’assister et de promouvoir les chargeurs, ceux qui importent ou exportent. Pour l’organiser, un conseil d’administration a été créé, composé des organisations professionnelles, à hauteur de 75 % des membres à travers la Conseil national du patronat (Cnp), la confédération nationale des entreprises du Sénégal (Cnes), l’Unacois et la Chambre de commerce. Les 25 % viennent de l’Etat à travers le ministère de l’Economie maritime dont elle dépend, le ministère de l’Economie et des finances qui est la tutelle financière et le ministère du Commerce. Comme observateurs, nous avons le Contrôleur financier qui dépend du président de la République et le Port autonome de Dakar. Ce qui fait 14 membres au total. C’est ce conseil qui régule la marche du Cosec. La direction générale est mandataire de la volonté du conseil.

Une question s’est posée sur la nécessité de supprimer le Cosec ou de le laisser continuer son travail. Et les travailleurs ont dit qu’il fallait que le Cosec continue d’exister mais qu’il soit là pour résoudre les questions d’investissement que le secteur privé souhaite avoir. C’est à partir de là qu’on avait changé l’ordre de la composition du conseil en dotant le privé de 75 % et l’Etat garde les 25 %. Ce qui n’était pas le cas avant. Ce qui fait alors que le Cosec est un instrument de dialogue public-privé au service du secteur privé.

Les opérateurs économiques ont souvent des problèmes parce qu’il y a parfois un défaut de maîtrise du jeu commercial mondial. Donc, il fallait une institution qui soit là pour les assister. De plus, les opérateurs économiques sénégalais ont très peu de moyens pour être dans le commerce mondial et il fallait une institution pour les appuyer dans la prise en charge des billets et des stands pour leur permettre d’aller dans les salons, les foires, etc.

Mais dans la mesure où le Cosec est financé par 0,2 % des droits de douanes sur les marchandises importées, il fallait développer de façon optimale les conditions de réception et d’expédition des marchandises par voie de mer. Donc, le Cosec s’est attelé, en l’absence de structure comme un armement national ou d’autres, à rendre facile le transport des produits pour aider le secteur privé à bien se positionner dans le commerce intra et internationale. De ce fait, souvent, nous prenons la place de l’Etat pour faire des réalisations qu’il aurait dû faire pour aider le secteur privé à se développer. Quitte à se faire rembourser plus tard. Ce qui permet aussi d’huiler les rapports entre le privé et le public. Parce que pour qu’un pays se développe, il faut un secteur privé national fort.

Wal Fadjri : Il y a un paquet de bonnes intentions mais après 5 ans à la tête de cette société, est-ce que vous pouvez-nous faire le bilan du Cosec sous votre direction ?

Amadou Kane Diallo : Nous sommes là depuis 5 cinq et nous avons essayé, sur le plan de la gestion, de faire en sorte qu’il y ait des résultats intéressants. Nous avions trouvé ici une situation qu’il fallait redresser. Nous avons fait l’objet de redressements fiscaux et un contentieux qu’il fallait gérer où, dans nos livres, on disait que l’Etat nous devait 5 milliards et l’Etat disait qu’il ne nous devait pas cette somme. Il fallait solder ce compte parce que cela pouvait créer un déséquilibre au niveau de l’écriture comptable. L’Etat nous a finalement versé 1,5 milliard de francs Cfa sur une somme qui a été arrêtée autour de 3,8 milliards. Et tout ce gap, il fallait le résorber du point de vue comptable sinon tous les chiffres seraient faux. Mais nous avons réussi à le faire en réduisant les dépenses et en maîtrisant mieux les produits grâce à l’utilisation de l’informatique et aux bons rapports que nous avons avec la douane. Ensuite, nous avons initié un nouveau produit qui s’appelle le Bordereau de suivi de cargaison. Tout cela a permis d’assainir d’abord la gestion, de multiplier notre chiffre d’affaires par deux et d’inverser la tendance qu’il y avait entre le budget de fonctionnement et celui d’investissement, parce que 70% était consacré au fonctionnement du Cosec et le reste à l’investissement. Pour Samba Laobé Fall qui est le bateau baliseur, le Cosec y a participé pour 1,7 milliard de francs Cfa. Nous avons continué la construction de la gare maritime de Ziguinchor, ce qui a permis à Aline Sitoe Diatta d’être une réalité. Nous avons participé à l’affrètement du bateau le Willis avant qu’Aline Sitoe ne vienne. Nous avons construit la gare maritime de Rufisque et nous avons acheté des bateaux-taxis qui n’ont pas encore démarré parce qu’il y a eu changement d’orientations. Nous avons également acquis un certain nombre de biens immeubles pour que le Cosec ait la possibilité de pouvoir se développer en interne.

Wal Fadjri : En parlant des bateaux-taxis, il se susurre que la commande a été faite sans études préalables ?

Amadou Kane Diallo : Ce problème a été longuement évoqué. Les bateaux-taxis, c’est un projet de liaison de la banlieue que j’avais trouvé ici. Le président de la République a parlé d’une idée de faire des taxis maritimes. On a repris cela au vol et on a dit que, au lieu de faire de grands bateaux, nous allons faire de petits bateaux rapides pour développer l’utilisation de la frange maritime entre Rufisque et Dakar et désencombrer la voie routière. On a pris ce projet et on l’a managé sur fonds propres du Cosec à hauteur de 1,3 milliard de francs Cfa et nous avons pu acquérir 4 bateaux. Nous avons construit le ponton de Rufisque, sa gare maritime et formé tout le personnel nécessaire. Tout cela a été fait dans les règles de l’art. Il y a eu une commission mixte qui a vu la participation de toutes les structures disponibles au Sénégal qui connaissent l’activité maritime, à savoir l’Asmar, la direction de la marine marchande, etc. Donc, tout a été mis en œuvre avec des études préalables. Rien ne s’est fait sans étude. Et tout le monde était d’accord que c’était une bonne chose. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que les bateaux arrivent ici et jusqu’à leur mise à l’eau. Mais, il s’est trouvé que, au dernier moment, un bulletin météo a été mal exploité en disant que 8 mois sur 12, ces bateaux ne pouvaient pas naviguer sur la mer parce que la houle est supérieure à 1,5m. C’est parce qu’il y a eu des études qu’on a pu dire cela. Les études ont dit que ces bateaux sont de classe D. Ce qui signifie qu’ils ne circulent que si la houle est inférieure à 1,5m. Et il y a eu une polémique qui est partie à partir de là et qui a abouti à ce que le gouvernement ait pris comme décision, dans la mesure où dans la deuxième phase on allait acheter des bateaux qui résistent à une houle supérieure à 1,5 m qui devaient faire Mbour, Saly, etc, d’accélérer cette procédure et de redéployer ces bateaux sur des eaux plus calmes où il n’y a aucun problème. Parce que, un projet, ce n’est pas seulement des questions techniques. C’est aussi des questions de confiance et d’économie. Si les populations n’ont plus confiance parce qu’on a tellement mal parlé, elles ne prendraient pas les bateaux. Secundo, on ne pouvait pas acheter tout de suite de grands bateaux parce que le problème de remplissage se poserait.

Pour en revenir à ce fameux bulletin météo, je dois vous dire que toutes les études que nous avons faites montraient que la houle était inférieure à 1,5m au moins 9 à 10 mois sur 12. Parce que les deux mois doivent servir à faire du carénage. Donc, pour confronter les deux versions, j’ai confié le dossier à la météo nationale même si l’option était déjà prise. Et quand la météo a étudié, elle a conclu au fait que ce bulletin concernait les 20 km des côtes, c'est-à-dire la navigation au large alors que les bateaux-taxis circulent sur un couloir de 3km des côtes. Donc, ce n’était pas le problème des bateaux-taxis. L’étude que la météo a faite sur les 3 km des côtes a conclu que sur Rufisque, il n’y a que 20 jours où la houle est supérieure à 1,5m sur l’année, et sur Dakar 98 jours. Ce qui est différent du fait qu’on resterait 8 mois sans activité.

‘Si les populations n’ont plus confiance parce qu’on a tellement mal parlé, elles ne prendront pas les bateaux-taxis’

Wal Fadjri : Peut-on savoir les ambitions à court, moyen et long termes du Cosec ?

Amadou Kane Diallo : On a réussi à positionner le Cosec comme une structure leader au niveau de l’Afrique de l’ouest et du centre dans les 25 pays qui participent à l’Organisation du transport maritime en Afrique de l’ouest et du centre (Omaoc). C’est le résultat d’un travail qui a été fait depuis 2004 pour nous positionner comme un des leaders au niveau de l’Afrique de l’ouest et du centre. Au niveau international aussi, on avait trouvé qu’il y avait une discussion sur une convention qui allait régir le transport de marchandise par voie de mer au niveau de l’Organisation des Nations unies. Et dans cette discussion, j’avais trouvé qu’il y avait une absence de l’Afrique et que tout allait s’imposer à nous. Dieu merci, grâce au travail qu’on a pu faire aussi bien au niveau de notre ministère, de celui des Affaires étrangères et de notre représentation à New-York, on a réussi à faire en sorte qu’on soit reconsidéré comme membre de cette commission de discussion et embarquer toute l’Afrique au point que dans les discussions finales à Rotherham, il y a eu la marque de l’Afrique grâce au Sénégal. Ce n’est pas moi. J’ai eu la chance de mettre la main sur un éminent professeur de Droit maritime, Ibrahima Khalil Diallo. C’est pourquoi aussi, nous souhaitons qu’au niveau de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) que l’Afrique réagisse de cette manière. Sinon, on va nous imposer des choses qui ne nous arrangeront pas. Nous sommes au courant aujourd’hui qu’il y a une bataille autour du Bordereau de suivi de cargaison (Bsc) pour le faire supprimer. Ce qui fait l’affaire des autres pays mais pas des Africains. Nous allons donc tout faire avec le ministère du Commerce et des Affaires étrangères pour que l’Afrique réagisse en bloc pour qu’on ne se fasse pas avoir. Parce que c’est cela qui est nouveau depuis 2000. On a un peu de culot. On peut taper sur la table pour dire qu’on n’est pas d’accord. Il n’y a plus de peur à ce niveau-là. Nous devons être raisonnable et avoir seulement des arguments. Nous devons être audacieux. Puisqu’on ne peut pas commercer sans parler et discuter avec les armateurs, il ne faut pas qu’on soit bouffé par les armateurs. Il ne faut pas que les prix de transport des marchandises soient fixés n’importe comment sans qu’on n’intervienne alors qu’on doit subir les contrecoups. Ceci, pour que, à défaut d’une instance de régulation de ces prix de transport, qu’il y ait au moins des actions qui nous permettent de maintenir ces coûts de transport. Il y a, entre autres solutions, la création d’une grande compagnie maritime nationale et d’une compagnie sous-régionale qui permettraient d’avoir des prix de référence. C'est-à-dire qu’en joint-venture avec les autres, il faut qu’on arrive à pousser les armateurs étrangers qui ont plus de moyens que nous à tenir compte de nous et qu’on ait des prix à la baisse.

Wal Fadjri : Et, c’est quoi les autres chantiers ?

Amadou Kane Diallo : Les autres chantiers, c’est de faire en sorte que notre secteur privé soit de plus en plus fort, que l’environnement des affaires soit plus intéressant, d’accompagner tous les efforts de notre gouvernement. Avec la Grande offensive pour l’agriculture et la nourriture en abondance (Goana), le président de la République a dit qu’il faut que des magasins de stockage existent pour que le paysan ne puisse sortir son produit et le vendre que quand le marché est intéressant. Nous nous sommes donc engouffré dans la réalisation d’entrepôts et de fabriques de glace pour que le pêcheur ne puisse pas jeter son poisson parce qu’il y a personne pour l’acheter. Dans ce cadre, nous avons les entrepôts de Saint-Louis que nous allons finaliser bientôt. Nous avons aussi un projet vers le nord pour accompagner la Goana afin de permettre à cette zone de pouvoir écouler ces produits et d’être intégrée dans l’économie pas seulement sénégalaise, mais sous-régionale et même mondiale. Le nord pourra alimenter le Sénégal grâce à la Goana et on aura à freiner les importations pour que le Sénégalais puisse consommer ce qu’il a produit. Nous avons aussi avec le Port autonome de Dakar construit au Mali ce qu’on appelle les entrepôts sénégalais au Mali pour que le corridor-Dakar Bamako soit fluide.

‘Le vote de 2012 sera une élection où la communauté Pulaar aura son mot à dire’

Wal Fadjri : En plus de votre casquette de Dg, vous êtes également responsable politique à Podor. A un moment donné, la fédération départementale fonctionnait comme une armée mexicaine où on ne savait pas qui commande malgré les renouvellements. Depuis, cela s’est un peu tassé. Est-ce à dire que chacun a eu sa part du gâteau avec les nominations des cadres du département à des postes de responsabilités ?

Amadou Kane Diallo : Il faut retenir qu’avant les renouvellements, j’étais déjà au Cosec. Ensuite, je pense comme vous l’avez dit que le département de Podor est problématique à cause de ses richesses. Il a beaucoup de cadres. Donc, puisqu’il y a beaucoup de béliers dans le troupeau, c’est tout à fait normal qu’il y ait beaucoup de coups de cornes. C’est juste cela. Il fallait du temps pour mettre tout cela en musique. C’est la durée qui devait pouvoir régler la question du leadership. Je pense que le bilan qu’on a eu depuis 2006 -où on a eu quand même à monter la fédération où je suis le président- quel que soit alpha, il est exemplaire par rapport aux autres départements du Sénégal et par rapport même aux autres segments du Sopi. De ce point de vue, nous avons engrangé beaucoup de belles victoires. Donc, même si à un moment donné, on était une armée mexicaine où chacun était son propre chef, il faut avouer qu’à un moment précis, on a fait ce qu’il fallait faire. C’est ainsi que, à la présidentielle de 2007, nous avons apporté 57 mille voix au candidat Abdoulaye Wade. Aux élections législatives qui ont été boycottées, nous avons apporté 43 mille voix malgré le taux d’abstention énorme à l’époque. Nous avons remporté les sénatoriales correctement et envoyé Mme Hawoly Thiello au Sénat. Et aux élections locales, si on agrège les résultats que nous avons obtenus dans les 22 collectivités locales du département de Podor, nous avons engrangé 43 mille voix. Laissant loin derrière Bennoo avec ses 18 mille voix. Si on s’en tient aux 43 mille voix de ces locales, on se rend compte que le département de Podor, après Dakar est le premier département du Sopi. Je pense donc qu’il faut rendre grâce à cette équipe-là. Chacun a fait son travail. Aujourd’hui, je pense que certains ont été récompensés. On a eu un vice-président à l’Assemblée nationale et un ministre de la République (respectivement, Moussa Oumar Sow et Amadou Niang, Ndlr). Nous avons eu d’autres qui ont été placés par le biais de leur travail également aux postes de directeurs de cabinet, directeurs de sociétés, etc. Mais nous pensons que, sur le plan politique, il y a encore des choses à faire. Heureusement qu’il y a un renouvellement en vue avec le Parti démocratique sénégalais libéral (Pdsl). Les gens devront respecter ce que les renouvellements vont ressortir et qui devraient, à la limite, correspondre avec la vision que nous avons. Quand des chevaux sont en course, on voit bien ceux qui sont fatigués, ceux qui se détachent, ceux qui s’arrêtent, etc.

Wal Fadjri : Quel rôle Podor compte jouer dans la réélection du président de la République en 2012 ?

Amadou Kane Diallo : Je prends tout le monde à témoin. En 2005, quand on avait fait le ‘meeting du millénaire’ à Ndioum, lors de la pose de la première pierre du pont de Médina Ndiadbé, j’avais déclaré que non seulement nous allons réélire le président en 2007 mais nous allons aussi le réélire en 2012. C’était un mot qui était sorti de ma bouche sans savoir pourquoi. Dieu merci, maintenant que Wade lui-même s’est déclaré candidat en 2012, notre slogan est ‘Wade 2012 au premier tour’. Le Premier ministre, Soumeymane Ndéné Ndiaye est venu en novembre à Ndioum et on lui a montré notre détermination à porter Wade au pinacle en 2012. Le président lui-même est venu à Cas-Cas le mois passé et nous avons fait une démonstration de force, avec l’ensemble des cadres du département. Et dans le discours que j’ai prononcé, j’ai dit au président que Podor est sécurisé et qu’il peut compter sur nous. Nous avons gagné 20 collectivités sur 22. Les deux qu’on a perdu, nous ferons tout pour les reprendre. Ensuite, nous allons utiliser nos possibilités pour aider à reconquérir Dakar. Parce que le vote de 2012 sera une élection où la communauté Pulaar aura son mot à dire. Les bastions qui vont être en jeu sont des bastions où l’exode rural a renvoyé nos compatriotes. Nous allons aussi nous investir dans la diaspora parce que le vote de la diaspora, c’est le vote des frontaliers. C’est pour cette raison que nous pensons que le parti doit être suffisamment alerté pour qu’on soit au cœur du dispositif de reconquête des zones perdues et de conservation des zones gagnées. Nous sommes absents du comité directeur jusqu’à présent. Mais, il est temps de pouvoir compter sur les chevaux que nous sommes et le grenier que nous constituons pour le Sopi afin que le président Wade puisse facilement remporter les élections de 2012. Parce que nous sommes convaincus que l’Alternance a beaucoup fait. Même s’il reste à faire.

Wal Fadjri : En revenant un peu sur les élections locales, vous avez été accusé de fraude informatique dans votre victoire à Ndioum. Quelle réponse apportez-vous à cela ?

Amadou Kane Diallo : Ce n’est pas vrai. Ces élections n’ont connu aucune fraude (…). A Ndioum, les gens ont parlé de transfert d’électeurs. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai eu des parents, des amis, des personnes qui croient au projet de société que Kane Diallo a présenté et qui se sont dit qu’ils vont voter à Ndioum et ils se sont inscris à Ndioum. Et ce sont des Ndioumois pure souche. Ces gens-là m’ont permis, au lieu de battre mes adversaires par 200 voix d’écart, de passer à 528 voix. Après, ils n’ont vu que du feu et on dit que j’ai fait déplacer des gens qui étaient nés ailleurs pour venir voter dans la localité. Ils ont fait un recours et ont été déboutés. Ils sont allés à un échelon supérieur et ont été, une nouvelle fois, déboutés. Il ne peut pas y avoir de fraude informatique. Les gens ont beau parler mais ne donneront aucune preuve de fraude. En plus, s’il était possible de voler, pourquoi on aurait perdu les grandes villes du pays aux locales ? C’est la preuve par trois que c’est faux.

‘Il ne peut pas y avoir de fraude informatique. Les gens ont beau parler mais ne donneront aucune preuve de fraude’

Wal Fadjri : Qu’est-ce que les réalisations annoncées du Millénium Challenge account dans la zone du nord vous inspirent ?

Amadou Kane Diallo : Franchement, nous devons voter pour Wade. Parce que, c’est la première fois que l’on voit des investissements massifs et structurants dans la zone. Nous allons avoir le pont de Ndioum, le pont de Gayo et la réalisation de pistes à l’intérieur de l’Ile à morphil. (…). Cerise sur le gâteau, nous avons le programme que le ministre Karim Wade veut réaliser pour qu’il n’y ait plus de bac au Sénégal. Partout où il y a un bac, le ministre d’Etat veut qu’il soit remplacé par un pont. Et cela est une volonté de faire du pays un pays émergent.

Propos recueillis par Ibrahima ANNE et Seyni DIOP



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