Face à la crise, la solution pour l’Afrique risque de venir encore des pays riches, qui doivent penser à l’Afrique lorsqu’ils élaborent des programmes pour aider leurs économies. C’est une exhortation de la Banque mondiale.
La crise financière qui frappe le monde n’épargnera pas le continent africain, qui peine déjà dans sa lutte contre la pauvreté. Initialement sous-estimée, la contagion de ce qui a débuté comme une crise dans le secteur des prêts hypothécaires aux Etats-Unis, constitue une véritable menace qui anéantirait les acquis en matière de réduction de la pauvreté en Afrique induits par de bons taux de croissance situés entre 5,9 % et 8,1 % pour environ 65% de la population africaine durant la décennie 1997-2007, peut-on lire dans un communiqué publié par la Banque mondiale.
Ce document a été rédigé à la suite d’une vidéoconférence de presse, animée par Mme Obiageli Ezekwesili, Vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique, depuis Addis-Abeba, le 3 février dernier, en marge du 12e Sommet de l’Union africaine. Mme Ezekwesili était connectée par vidéo à des journalistes dans 21 capitales africaines. La vice présidente de la Banque mondiale a invité «les pays riches à penser à l’Afrique lorsqu’ils élaborent des programmes pour aider leurs économies face à la crise financière». Pour elle, «il est crucial pour les pays riches de ne pas se focaliser sur des réponses internes insulaires à la crise».
Ainsi, Mme Ezekwesili a réitéré l’appel lancé précédemment par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, aux pays donateurs pour qu’ils «consacrent 0,7% du montant des mesures incitatives qu’ils prendront face à la crise, à un fonds de vulnérabilité pour l’Afrique». Un tel fonds devrait servir à financer les dépenses directes pour des projets d’urgence, visant la résorption du chômage de plus en plus croissant auquel toute l’Afrique fait face en ce moment.
Une situation de chômage qui résulte de la fermeture d’exploitations minières, de la suspension ou de l’annulation de projets dans les secteurs les plus durement touchés par un renversement des flux de capitaux privés et des budgets publics moins consistants, ainsi que de la baisse des prix des matières premières et de la diminution des recettes provenant du tourisme et des transferts des migrants. Le Fonds de Vulnérabilité pour l’Afrique financerait également des programmes portant sur des filets de sécurité et répondra aux besoins fondamentaux des plus pauvres parmi les pauvres, notamment dans les domaines de la santé, l’éducation, l’alimentation en milieu scolaire, des intrants pour les agriculteurs, etc. Il aiderait aussi à maintenir le flux des crédits vers les Petites et moyennes entreprises qui sont les moteurs de croissance, de création d’emplois et de richesses.
La Banque mondiale prévoit de demander la mise en place de ce fonds, lors du sommet du G-20 qui se tiendra à Londres au mois d’avril prochain.
Au cours de sa vidéo-conférence, Mme Ezekwesili a exhorté les gouvernements africains à «tenir le cap des réformes dans le secteur public, à construire des Etats plus efficaces, à former et retenir des fonctionnaires intègres et compétents, et à débarrasser le secteur public de bureaucraties inefficaces».
Un appel leur a été lancé pour l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques, soulignant la nécessité d’abandonner les subventions qui profitent à ceux qui n’en ont pas besoin. Ainsi, une bonne moitié du déficit de financement, environ 40 milliards de dollars américains, qu’accuse l’Afrique chaque année pour couvrir les besoins urgents en infrastructures, pourrait être couvert par l’amélioration de l’efficacité dans le fonctionnement du service public.
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