Même si Sénégal Airlines se veut «un employeur offrant l’égalité des chances», des voix s’élèvent dans le milieu aéronautique sénégalais pour «sommer» les autorités compétentes à fermer le cockpit du nouveau pavillon national à «des vautours qui ont mis, par des pratiques inadmissibles, Air Sénégal International (Asi) à genoux». Et de brandir les résultats d’un «audit caché» dont les conclusions se passent tout simplement de commentaires.
L’Intersyndicale, constituée du Syndicat des pilotes de ligne sénégalais (Spls) et du Syndicat unique des travailleurs des transports aériens et activités annexes du Sénégal (Suttaaas), avait donné le la en attirant, le 15 juin dernier, l’attention des pouvoirs publics. Car, pour eux, «des individus, dont la responsabilité est fortement engagée dans la faillite d’Air Sénégal International, rôdent, aujourd’hui, autour des administrateurs de la nouvelle compagnie Sénégal Airlines, avec comme seul objectif de prendre en otage le Directeur général, Edgardo Badiali, et reconduire les mêmes pratiques qui ont conduit à la rupture avec la Royal Air Maroc».
Plus de 300 millions détournés
Si nos sources, proches de l’Intersyndicale, ont jugé utile de revenir à la charge, c’est parce que, disent-ils, «des indiscrétions leur sont parvenues, comme quoi, deux influents membres du tour de table de Sénégal Airlines sont en train de peser de tout leur poids pour faire bénéficier à des protégés trois postes stratégiques qui sont à pourvoir : Directeur des ressources humaines, Directeur administratif et financier et Directeur commercial». Et c’est pour indiquer que «parmi les prétendants, il y en a dont la responsabilité est mise à nu par un audit à propos d’un détournement de plus de 300 millions de FCfa dans les représentations commerciales de Ziguinchor, Bissau et Paris». Même si les trois agents impliqués dans ces détournements ont été licenciés, il reste que «leurs complices n’ont jamais été inquiétés, alors que les rapports ont été remis à l’ex-Direction générale d’Air Sénégal International».
Violation flagrante des procédures
Selon toujours les conclusions de cet «audit caché», il ressort que «les procédures internes (contrôle de gestion des vols et service tarifaire) étaient délibérément violées». Et nos sources de lister «les péchés de ces vautours qui rôdent autour de Sénégal Airlines : il y a, par exemple, la pratique qui consistait à ouvrir, en pleine saison, des classes de réservation déjà fermées afin de permettre à des proches de bénéficier des tarifs les moins chers, au lieu de conserver les classes disponibles et naturellement plus chères, comme il est d’usage dans les autres compagnies. Il s’y ajoute les multiples réductions de tarifs et les contrats bidon de sponsoring (entre 1 et 100 millions) avec des bénéficiaires prenant des billets gratuits jusqu’à concurrence des montants convenus».
Billets distribués à tour de bras
Le hic, poursuivent nos interlocuteurs, c’est que «plusieurs de ces bénéficiaires passaient par des agences de voyages qui procédaient à la vente de billets d’avion sur les vols d’Air Sénégal International, via des agences de voyage de la place, à des tarifs dérisoires et faisaient retirer les billets gratuits concernés auprès des agences de la compagnie». Ce qui fait que «120 millions de FCfa ont été perdus, en moins de 2 ans, sur le trajet Milan-Dakar-Milan avec des billets gratuits et d’autres bradés à 100 euros, alors que le billet le moins cher coûte plus de 500 euros».
Accumulant des pertes successives, la représentation commerciale de Milan a, d’ailleurs, fini par rendre l’âme en 2007. Les mêmes «écarts» ont été constatés sur les lignes Dakar-Paris, Dakar-Marseille et Dakar-Lyon
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