BCEAO: Abdoulaye Bio-Tchané, candidat à la succession de Banny ?

Le nom de l’actuel directeur du département Afrique du Fmi, M. Abdoulaye Bio-Tchané, est cité parmi les potentiels remplaçants de Charles Konan Banny. Il n’est pas le seul à aspirer à cette fonction. Rempilera, rempilera pas ? C’est lundi prochain 27 mars, que sera connu le successeur de Charles Konan Banny à la tête de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) qu’il dirige depuis 1990.

Nommé Premier ministre de Côte d’Ivoire depuis le 04 décembre 2005, Charles Konan Banny est allé à Abidjan au moment où son mandat était arrivé à son terme après avoir déjà été prolongé en 2004 pour une durée d’un an. Ce fut aussi à une époque où, dans son propre pays, des candidats à sa succession avaient commencé à se manifester. Il est ainsi du ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Paul Antoine Bohoun Bouabré, qui occupait ce poste jusqu’à l’avènement du gouvernement de transition dirigé par M.  Banny. Passé depuis au poste de ministre d’Etat, ministre du Plan, mais éminent et influent membre du parti de Laurent Bagbo, le Front populaire ivoirien, M.  Bouabré est sans doute devenu plus discret sur ses intentions. Mais, estiment certaines sources proches du dossier, il n’est pas le seul Ivoirien intéressé par le moelleux portefeuille de gouverneur de la Bceao. La 10ème réunion ordinaire des chefs d’Etat de l’Union économique et monétaire Ouest Africaine (Uemoa), qui se tiendra, lundi 27 mars 2006, à Niamey, capitale du Niger, devrait permettre de lever les équivoques qui persistent depuis le départ de M. Banny. Au nombre des sujets à l’ordre du jour de cette réunion, figure bien la nomination du gouverneur de la Bceao. A l’issue de la rencontre qui s’était déroulée à Niamey le 23 décembre 2005, décision avait été prise par le sommet des chefs d’Etat, de prolonger le mandat de M . Banny pour une période de trois mois, après constat de l’expiration du précédent. La conférence avait aussi confié à M. Damo Justin Barro, vice-gouverneur de nationalité burkinabé, l’intérim du mandat du nouveau mandat de trois mois du gouverneur Banny, après avoir constaté l’indisponibilité de celui-ci suite à sa nomination à la Primature ivoirienne. Mais elle avait surtout réclamé un audit institutionnel de la Bceao dont les conclusions, hautement confidentielles sont attendues sur la table des chefs d’Etat à l’occasion du sommet de Niamey. Le fonctionnement opaque de la Bceao n’est pas du goût de tous les Etats dont certains s’estiment lésés dans la répartition des postes. De même le maintien en fonction de hauts cadres frappés par la limite d’âge de départ à la retraite mais jugés proches de Charles Konan Banny est souvent cité dans certains milieux diplomatiques. " M. Baro rendra compte dans détails des actions entreprises et donnera les réponses appropriées aux questions essentielles posées par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement sur l’administration de la Bceao, en associant la Boad et la Commission de l’Uemoa ", avait expressément réclamé la conférence des chefs d’Etat à l’issue de leur réunion du 23 décembre 2005. Après 100 jours à la tête du gouvernement ivoirien, il est peu probable que M. Banny revienne à Dakar pour retrouver son poste qu’il occupe depuis 1990. D’où la question de la suite à donner à son intérim après l’épuisement de la prorogation de son mandat dont la validité s’achève à la prochaine session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat. La conférence des chefs d’Etat lui désignera-t-il donc un successeur ou prolongera-t-elle cette situation d’intérim après quinze années passées à la tête de l’institution ? Si du côté du camp Bagbo des candidats se sont déjà manifestés dont l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, M.  Bouabré ne serait pas, à en croire certaines sources, le seul Ivoirien à lrgner du côté de l’avenue Abdoulaye Fadiga qui abrite le siège de la Bceao. Des ressortissants d’autres Etats membres sont également officiellement en lice. Il en est ainsi du Nigérien M. Ali Gamatié, vice-gouverneur de la Bceao et dont la candidature a été rendue publique bien avant le départ de M.  Banny. Par ailleurs le nom de Abdoulaye Bio Tchané, actuel directeur du département Afrique du Fonds monétaire international est également cité par certains milieux. De nationalité béninoise, M. Bio-Tchané est réputé pour ses liens avec M. Banny qui même s’il ne sera pas le seul maître du jeu, côté ivoirien, dans la désignation de son successeur ou la prorogation de son mandat, n’en sera pas moins influent, détenteur qu’il est, du poste de ministre de l’Economie et des Finances devant participer à la réunion extraordinaire du Conseil des ministres statutaire, qui se tiendra à Abidjan, vendredi prochain, 24 mars 2005. Si M. Bio-Tchané se retrouve un jour à la tête de la Banque des Huit, ce serait un remake de l’histoire... dans l’autre sens. On se souvient, en effet, que M. Alassane Ouattara s’était retrouvé à la tête du département Afrique du Fonds après avoir quitté les fonctions de Premier ministre de Côte d’Ivoire et de gouverneur de la Bceao à la tête de laquelle il avait remplacé le défunt Abdoulaye Fadiga, un autre Ivoirien. Reste la question de la rotation ou pas des postes. Principe revendiqué par certains chefs d’Etat dont celui du Sénégal, Me Wade, et rejeté jusqu’ici par la Côte d’Ivoire, naguère mastodonte économique de l’Union et dont l’influence et le poids se sont sensiblement effrités avec les crises répétitives qui la secouent depuis 1999. Outre la nomination du gouverneur de la Bceao, le poste de président de la Banque ouest africaine de développement (Boad) est aussi à pourvoir après le départ de son occupant, Yayi Boni, pour la présidentielle béninoise qu’il semble avoir toutes les chances de remporter. Pour le comte du Sénégal, le directeur général de la Banque internationale pour le Commerce et l’industrie du Sénégal (Bicis), M. Amadou Kane s’est porté candidat à la succession de M. Boni.