Les architectes du Sénégal ne sont pas du tout contents. Ils ont dénoncé le fait qu’ils ne soient pas associés dans le processus du boom immobilier que vit actuellement le pays.
Les architectes ont également récusé un certain nombre de pratiques qu’ils jugent illégales. Le cri du cœur a été prononcé le samedi 24 juin dernier lors de leur assemblée générale extraordinaire tenue à leur siège.
« Vous n’ignorez pas l’état dans lequel se trouve notre pays, notamment l’accroissement exponentiel des chantiers de construction, et nous avons le regret de constater que ce boom ne se fait pas avec l’intervention des maîtres de l’Art », a déclaré avec amertume le président de l’ordre national des architectes du Sénégal, Mamadou Berthé. C’est au cours d’une assemblée générale extraordinaire organisée le samedi 24 juin dernier à leur siège, sis au 17 boulevard de la République, que les architectes ont exprimé leur mécontentement et leur inquiétude face au mode d’exécution des travaux en cours. « Cette situation est extrêmement préoccupante et inquiétante à plus d’un titre », a lancé le président de l’Ordre national des architectes. Mamadou Berthé a estimé que le métier d’architecte est un métier professionnel qui n’est pas donné à n’importe qui : « L’acte de bâtir nécessite un art et des connaissances scientifiques et techniques éprouvées ». Et d’ajouter, « le Sénégal est un pays de droit où régissent des règles et des lois qui font que nul ne peut faire du jour au lendemain ce qu’il veut ». Le président de l’ordre des architectes de rappeler qu’il existe un cadre normatif et réglementaire qui définit le mode d’exécution de ce type d’opérations. Ce qui est une raison pour les architectes de constater que malgré cela, ils interviennent très peu. Pour lui c’est la cause des « séries de catastrophes regrettées encore à travers des chantiers qui se sont effondrés et autres ».
« Il est de notoriété public que certains projets ont été faits en dehors de l’ordre des architectes, c’est une chose que nous regrettons et nous voudrions que l’autorité revienne sur ce genre de chose et redresse le tir », a-t-il souligné. Dès lors, Mamadou Berthé a cru nécessaire de balayer toute idée de préférence des architectes étrangers par rapport aux nationaux. « Il est connu et admis que les compétences locales sont d’un très haut niveau dans la mesure où elles s’exportent, donc leur valeur et leur qualité ne font pas de doute », a noté le président de l’ordre des architectes, tout en s’indignant « qu’il y a parfois des dérives dans le cadre de l’émission des projets ». C’est d’ailleurs pour cette raison, que Mamadou Berthé a révélé qu’ils ont « pris la pleine mesure du péril et comptent mettre en œuvre tout ce dont ils peuvent disposer au plan juridique et légal pour lutter contre les illégalités ». Selon lui, « il est tout à fait illégal que quelqu’un qui n’est pas un architecte signe un projet et que des projets parachutés d’on ne sait où, se réalisent dans notre pays, ce qui ne se fait nulle part ailleurs dans le monde ». Mamadou Berthé s’est aussi indigné contre le fait qu’aucun architecte sénégalais n’est engagé dans les chantiers qui sont sur la corniche. « C’est inadmissible », a-t-il déclaré.
Le président de l’ordre des architectes a précisé que leur démarche est destinée à signifier leur mécontentement et leur désapprobation par rapport à ce qui se fait. Il a aussi tenu à annoncer que l’ordre des architectes organise vendredi 30 juin prochain, dans le cadre de l’année Senghor, un dîner-débat sur l’apport du poète Président à l’architecture. Il se déroulera à l’hôtel Téranga à 20 h 30 mn.
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