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Economie

Cheikh Amar, le Bolloré sénégalais

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Cheikh Amar, le Bolloré sénégalais

Il gère le plus gros chiffre d’affaires dans le secteur privé sénégalais.  Cheikh Amar est le nouvel homme fort des affaires.  Portrait de cet homme que Business 24 surnomme désormais le Bolloré sénégalais.
 
Route de Rufisque ou route des hydrocarbures, c’est selon.  Là parmi les innombrables chemins qui mènent entre entrepôts et usines, un bâtiment quelconque au fronton duquel est inscrit TSE (Tracto service équipement). C’est le nouvel antre d’un dandy tropical, un self made man, un capitaliste au visage humain, un jeunot de 40 hivernages :  Cheikh Amar. Il se «réveille tôt et se couche tôt ». Il ne se mêle de rien d’autre que de son boulot.  «Je ne sors presque jamais », lance –t-il de sa voix de stentor qu’on entend du fond de ce long couloir qui mène à son bureau. Ici, c’est le modèle américain qui est à l’œuvre. Grande salle de réunion, bureaux en verre à moitié. Une sorte de transparence. Un personnel jeune. Le bureau du patron est sobre, quelques feuilles, un salon en cuir et chose étonnante pas d’ordinateur. Pourtant l’homme qui enchaîne café et petite bouteille d’eau minérale gère un chiffre d’affaires annuel de 42 milliards, sans doute le plus important pour un homme d’affaires sénégalais.  D’une main, il énumère ses activités : matériels agricoles, logistiques, usine d’engrais, activités immobilières et une nuée de petites entreprises. «Nous sommes une holding », dit Amar.  A part TSE, que « je gère personnellement, je délègue tout même TRE notre nouvelle filiale dans l’immobilier, la signature ne porte pas mon nom ». Tous les jours à partir de 17 heures, il reçoit les directeurs de filiales qui viennent lui rendre compte une fois par semaine de l’évolution de leurs activités.
On a entendu parler de cet homme, il y a sept ans quand lors de la FIARA 2003, il  y présente son business : une société anonyme qui épaule les paysans en leur vendant du matériel agricole importé d’Inde. «Ce sont des matériels agricoles efficaces à moindre coût que je leur vend. Le monde agricole est très complexe, mais je m’entends bien avec les paysans ». «Le président Wade m’a reconnu lors de la Fiara 2003. Je lui avais expliqué qu’on faisait du matériel agricole pas cher pour les agriculteurs, l’idée lui a plus. On s’est rencontré une deuxième fois à Touba, le khalife a fait les présentations et m’a qualifié de sérieux travailleur à qui il confie toute la logistique concernant le volet agriculture de Khelcom. Le président m’aide beaucoup car il me donne du travail et me fait confiance. »
On a encore entendu parler de cet homme quand en février 2006, il importa d’Inde 510 tracteurs, des cultivateurs, des semoirs, motopompes, offset, remorques pour une valeur de 16 milliards de francs Cfa destinés au monde rural. Le matériel agricole, exposé au Cices et réceptionné par le président de la République, était composé également de 55 unités de transformation de céréales, d’autant de mini-boulangeries, de 30 petites unités de traitement de miel, de 20 presses à huile, de 1000 moulins à céréales… Actuellement, il exécute le Programme d’autosuffisance en riz Phase I d’un montant de 27 millions de dollars US avec 2934 motopompes à haut débit, 4 stations de pompages, des barges, des tuyaux, des systèmes d’irrigations et divers accessoires. Une prouesse...
Sa vie dans les affaires a démarré dans la ville lumière, Paris au bord de la Seine. Ici, il a monté une petite boîte dans le transit et vend des voitures, des camions et du matériel de travaux publics (Tp). Un peu avant, il a financé ses études de BTS commercial en faisant de petits boulots. Il étudie et travaille en France débarque de temps à autre au bled, visite sa ville natale de Saint Louis. Dans la vieille cité, on se souvient de ce jeune garçon affable prêt à tout pour aider ses jeunes amis.  De  sa tendre jeunesse, il y a les réminiscences des cours privées Notre dame de Lourdes. Il n’était pas mauvais élève au primaire, puis le grand bleu du Lycée Charles Degaulle et enfin il use son pantalon à Delafosse dans la grisaille de la capitale, un peu loin des siens. Son éternelle épouse s’appelle Marie, un grand amour a pris racine dans la patrie de Marianne. C’était le bon temps. L’homme avait 24 ans, la femme 19. Quinze ans après, leur amour n’a pas cédé à l’usure du temps et leurs cœurs sanglotent, sanglotent, sanglotent tel un jazz orphelin. A TSE, leurs bureaux font face, madame est entrée dans le business.
De sa grande réussite, Amar a gardé la tête sur les épaules. Il est resté modeste et sympa. Cet homme n’oubliera jamais les prières de Serigne Saliou, le regretté. «Très jeune, j’ai dis à mon père que je voulais faire mon acte d’allégeance à Serigne Saliou. Tous les après midi, j’allais le voir et nous étions seul, il était assis sur sa chaise pliante », raconte Cheikh. Le saint homme lui indique la voie à suivre : le salut est dans l’agriculture, lui indique le guide mouride. Quand en 2001 l’enfant retourne au bercail, il a déjà grandi et le marabout lui confie l’approvisionnement  de Khelcom en matériels et intrants agricoles. C’est le grand début dans le monde rural. Aujourd’hui encore à l’évocation du nom de Mame Saliou, il a la voix remplie de tristesse et d’une grosse mélancolie. «Je lui dois tout, il a prié pour moi ».  Il y a aussi Wade. Un père pour lui. Amar parle directement au président. Sans intermédiaire.  «Si je le pouvais, il serait président à vie », clame sans innocence notre hôte. Il est dans le premier cercle de Karim ou encore de Pape Diop.  Des potes à lui. La rumeur enfle sur ce fameux projet de villas de très grand standing dans la zone de l’aéroport. Il y a investi plus de 15 milliards et reste stoïque malgré toute la clameur qui s’élève autour de cette affaire  «Je pense que cette année le chiffre d’affaires de TRE (Touba Real Estate) qui s’occupe de ce volet immobilier, ndlr) va dépasser pour la première fois celui de TSE », confie-t-il.  Sa méthode de management ressemble bien à celui d’une autre grosse réussite française, Bolloré». Comme le grand patron hexagonal, il délègue tout et entretien de bonnes relations avec les milieux politiques. « Mais je ne fais rien sans l’aval de Wade ».  Malgré le succès, il est resté le même. «Très ou trop modeste », commente un de ses employés. Il ne met les costumes que pour les rendez vous officiels.
Pour le futur, il entend rester sur son cœur de métier. «Il ne faut jamais concurrencer ses propres clients », dit sans ambages Amar. Ses activités, ce milliardaire le finance avec ses fonds propres et des lignes de crédits sur le très court terme. « Mes crédits à la banque n’excède jamais trois mois, je n’hypothèque jamais pour emprunter de l’argent ». De l’essor du capitalisme local, il remercie toujours Wade.  «Grâce au président de la République, aujourd’hui les hommes d’affaires sénégalais commencent à compter. Il faut rompre avec les pratiques passées qui consistaient à tout donner au monde occidental. Il nous faut un secteur privé national suffisamment fort ».
Du matériel agricole, il est passé aux engrais et exploite depuis deux ans les phosphates de Matam en produisant près de 50 000 tonnes d’engrais par an. « C’est pas une grosse affaire pour le moment, mais on va la développer.  Pour le moment on vend presque uniquement au Sénégal. » Demain, il sera dans l’usine des gros porteurs de Toglou dans la région de Thiès pour fabriquer des camions et de gros engins avec des partenaires soudanais. Bref, ce money maker est en train de devenir un véritable industriel d’envergure africain.



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