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Economie

Christian Sina Diatta, ministre des Biocarburants ET des Energies renouvelables : « Ceux qui pensent que le nucléaire est un rêve se trompent »

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Christian Sina Diatta, ministre des Biocarburants ET des Energies renouvelables : « Ceux qui pensent que le nucléaire est un rêve se trompent »

Il est de ceux qui croient fermement à l’option énergétique du Sénégal, c’est-à-dire en misant sur les énergies renouvelables et les biocarburants et même le nucléaire qu’il pense réalisable. Dans cet entretien, Christian Sina Diatta, le ministre en charge de ce département explique la vision du Sénégal et les perspectives qui s’offrent au pays.

Le Sénégal fait des énergies de nouvelles et renouvelables et des biocarburants une priorité. Sur le plan pratique où en est-t-on ?

En fait, il ne s’agit pas pour le Sénégal de dire à un moment donné que la priorité c’est l’agriculture, la mer ou les énergies. Le secteur de l’énergie s’impose à tous. La géopolitique énergétique internationale des produits énergétiques que sont le pétrole, le gaz et le charbon inquiète le monde entier par la situation des cours. Ce qui fait que le recours aux énergies alternatives autres que celles que j’ai cité se fait partout, que ce soit aux Etats-Unis, dans les pays du Sud, dans les pays équatoriaux, en Europe, en Asie. Dans tous les continents, on assiste à une sorte de rush, chaque pays voulant trouver des alternatives par rapport à ces problèmes énergétiques. Il existe même, de nos jours, une autorisation à installer des centrales nucléaires civiles à travers la solidarité internationale afin de juguler certaines difficultés.

L’option, c’est que la couverture végétale permette à l’homme de travailler sur la nature et de produire des carburants à partir des plantes oléagineuses. On peut aussi utiliser les énergies marines ou l’énergie solaire et bien d’autres. Aujourd’hui, ce ne sont plus que des discours, ces grands projets sont déjà réalisés dans certains pays. Donc le Sénégal n’ayant pas de pétrole, de charbon et ayant peu de gaz, il s’est inscrit dans la recherche de solutions pour survivre et s’affranchir de ces difficultés du pétrole et ainsi améliorer sa croissance économique. Voilà la raison de la nouvelle orientation de la politique nationale qui est celle des énergies, des infrastructures et de l’éducation. Ces trois secteurs développés ne peuvent induire qu’une croissance économique et le panier de la ménagère pourra enfin se remplir.

Mais concrètement, où en est le gouvernement sur ce projet énergétique ?

La politique de l’énergie a été pensée par le président de la République et une mission confiée au gouvernement. Elle se traduit par la création d’un ministère des Energies renouvelables et des Biocarburants. La création de ce ministère est unique en Afrique et peut-être au monde. Où en sommes-nous ? A la création de l’architecture du ministère. Mais d’importants programmes sont en chantiers, cela dans tous les domaines. Que ce soit en énergie nucléaire, en énergie renouvelable solaire. Dès que le budget sera voté, certains de ces projets seront inaugurés. Nous en avons également d’autres comme les biocarburants. Les promoteurs économiques se bousculent depuis plusieurs mois aux portes du Sénégal. Ainsi, nous avons de nombreux projets concrets dont certains sont en cours de réalisation sur le terrain. En biomasse, présentement, nous sommes sur un dossier très important de traitement des déchets. Pour la plupart de ces projets, l’investissement vient de l’extérieur et on n’a pas une dépendance vis-à-vis du budget de l’Etat.

A quand les premiers fruits de votre action ?

Sans doute dans les premières semaines après le vote du budget, parce que nous allons mettre en place une machine de ruissellement des eaux de mer, entre autres. Pour les autres projets de type biocarburant ou de certains espèces végétales comme le tournesol, il faut attendre après sept mois pour avoir les premières graines. Mais les promoteurs promettent d’installer des usines de transformation au Sénégal. Autrement dit, la production nationale de ces produits sera exportée. Nous aurons alors les cultures et la transformation des produits. Mais, depuis quelques années, nous avons des tentatives qui ont été un succès puisque les rendements de production de canne à sucre dans le nord du Sénégal ont été très importants. Et le degré de la consommation de canne à sucre en éthanol a été fait avec succès, il reste à quantifier ces efforts. Cependant, des promoteurs veulent faire une agriculture irriguée entre 60 et 600 mille hectares pour produire de l’éthanol dans notre pays. Nous sommes présentement sur le projet d’importation véhicules qui ne coûteront pas chers en consommation de carburants. Faut-il le dire, l’éthanol coûte moins cher que l’essence. Ce qui nous permettra de faire des pas importants au niveau économique.

Depuis que l’idée du nucléaire a été lancée au Sénégal, les gens se posent beaucoup de questions, certains qualifiant vos propositions de chimères. Est-ce une réalité ou une chimère ?

C’est d’abord une réalité internationale. Elle l’est aussi pour le Sénégal car nous y sommes plus sérieusement qu’on ne le pense. Mais, je préfère ne pas m’y étendre davantage. Les gens verront les résultats dans les prochaines années.

Mais au moment où le Sénégal n’arrive pas à maîtriser le fossile, comment peut-il penser au nucléaire qui coûte plus cher ?

Au Sénégal, on aime poser des questions à contre temps. Quand par exemple on examine un domaine d’énergie déterminé, économiquement on calcule en termes de coût du KWH ou du Watt. Sur ce plan, le nucléaire est moins cher que les autres secteurs à part l’hydro-éolienne. Autrement dit, si le Sénégal réunit toutes les formes de dépenses et produit l’énergie nucléaire, cette énergie lui coûterait moins cher que les facteurs qui interviennent dans l’énergie. Donc, c’est un faux débat de dire que nous ne pourrons pas y arriver. Si le projet est intéressant, les promoteurs seront intéressés à investir sur le nucléaire et revendre l’électricité à la Senelec ou à d’autres compagnies d’électricité qui seront sur place et gagner de l’argent. Des pays seraient prêts à installer des centrales dans notre pays et le Sénégal ne déboursera pas un sou, et les factures d’électricité ne seront plus élevées. Ce sont ces cas de figure qui sont tout à fait possibles pour le développement de notre pays. Ceux qui pensent que c’est un rêve se trompent. Vous savez, l’indice de développement humain varie comme le logarithme du Pib. Cela veut dire si le Pib varie entre 10, 100 et 1000 etc., l’indice de développement humain varie entre 1, 2, 3°¶. Il est lent. Et quant on fait la comparaison des problèmes macro-économiques et micro-économiques, il y a confusion. On ne peut les comparer. Si vous voulez mettre l’accent sur le panier de la ménagère pour provoquer l’inflation, vous déstabilisez votre économique. Donc ce que fait le gouvernement du Sénégal est bien pensé. Il s’agit de créer des infrastructures de qualité, mettre l’accent sur l’éducation et disposer d’un personnel de qualité pour assurer le développement.

Est-ce que le Sénégal a un potentiel humain et économique pour accompagner son programme nucléaire ou se fera-t-il accompagner par des bailleurs extérieurs ?

La réalisation d’une centrale nucléaire dépend d’un chronogramme qui comprend tous les aspects que vous évoquez. Nous n’attendons pas d’avoir un potentiel disponible. Et même si on forme plusieurs personnes, il faudra un prix, entre ceux qui vont travailler dans la centrale, ceux qui vont l’exploiter. Car, pour faire fonctionner une centrale, il faut au moins 200 personnes.

Déjà, j’avais crée un 3è Cycle en Physionomie nucléaire depuis 1992 et la fin de ce mois, j’aurais la soutenance d’un doctorat de troisième cycle. Il y en a un qui a déjà soutenu. Il est parti en France. Il a travaillé sur des questions très difficiles notamment les processus essentiels qui permettent de comprendre l’interaction entre les particules dans un réacteur, qu’il soit nucléaire ou thermonucléaire. Un sénégalais a été formé à l’Institut des Mathématiques et des Sciences physiques de Porto-Novo (Bénin). Donc, on a plus de personnes formées qu’on ne le pense. On dispose aussi d’ingénieurs en génie nucléaire qui sont à l’étranger dans certains laboratoires de renommée internationale. Ce sont des sénégalais. Ainsi, on ne part pas de zéro. Nous avons aussi des médecins qui ont fait de la médecine nucléaire, des biologistes et autres qui travaillent avec les spécialistes du nucléaire. Au niveau de l’agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), nous avons une longue histoire d’interaction qui fait que le Sénégal s’était préparé à un possible événement d’une telle situation.

L’hydraulique, le solaire et l’éolienne. Autant de sources énergétiques qui restent encore inexploitées. A quand leur exploitation ?

Dire qu’on n’a pas encore exploité ces énergies, c’est oui et non parce que le Sénégal a eu plusieurs programmes d’énergies renouvelables. Il y a des tentatives, par exemple en énergie éolienne. Mais la vitesse du vent est moyennement faible au Sénégal, c’est 3 m/s mètres. Au Sénégal, il y a des jours où les feuilles des arbres ne bougent pas. Cela veut dire que nous n’avons pas de vent contrairement à ce que pensent certains. Ceux qui prétendent qu’on n’a du vent au bord de la mer, oublient que cet air circule de façon turbulente et il est en interaction avec les vagues.

Pour les éoliennes, nous avons de l’écoulement lagunaire autant que possible. Il y a des zones marines où le vent souffle dans une direction déterminée. Concernant le solaire, nous sommes en train d’explorer les énergies faibles, moyennes domestiques, mais aussi les énergies élevées. Nous sommes engagés dans les programmes de ce type. Pour revenir aux éoliennes, il existe une formule à exploiter, celle de l’hydro-éolienne immergée. Si nous avions une batterie d’éoliennes sur 21 kilomètres au niveau de l’embouchure de Rufisque dans l’océan au large de 6 kilomètres que l’on plonge à plus de 20 mètres de profondeur et qui ne gène pas la navigation, on aurait de l’énergie qui serait équivalente à celle de 3 mini centrales nucléaires. Nous sommes engagés sur ces types de programmes qui sont en train d’être développés dans les pays du Nord comme l’Angleterre, la Norvège, la France, l’Australie. Pour les biocarburants, nous avons les algues qui sont une autre source que nous offre la mer. Et au Sénégal, nous avons des centaines de milliers de variétés d’algues. Parmi elles, celles dont la croissance est si rapide que si l’on prend des bioréacteurs d’algues, la récolte se fera toutes les 3 heures et demie. Nous aurons ainsi besoin de 30 fois moins de surfaces avec les algues que les plantes. Tous ces projets sont en cours d’exploitation par le gouvernement qui cherche des Sénégalais qui accepteraient d’investir dans ces domaines, mais aussi des promoteurs extérieurs que nous avons contactés et qui doivent arriver. Nous pensons que ces programmes ne soient pas un rêve, mais une réalité et pas une chimère.

Quelles sont les zones qui ont été ciblées pour la culture zatropha (tabanani) ?

Aucune zone n’est exceptée. Tout le pays peut abriter les cultures de zatropha qui est un produit résistant. Les sociétés qui viennent ont la carte hydrique du Sénégal et on peut toujours compléter par l’irrigation par goutte à goutte des champs qui seraient mis en cultures. Nous pensons qu’il est possible de faire la culture mixte dans ces conditions.

Donc on a excepté aucune zone sauf là où on a une forêt plus au moins dense. Car si les promoteurs doivent raser complètement les espaces de tous autres végétaux et ne mettre que le zatropha pour des questions de rendements, cela posera des problèmes. Aussi, les choix définitifs qui se feront dans les prochains mois dans le cadre de la phase d’études de faisabilité, il faudra que ces zones de plus 40 mille voire 100 mille hectares par prometteur soient considérés comme des zones d’aménagement concertées (ZAC) et que l’Etat puisse être le régulateur dans la manière d’exploiter, ensemble avec ces sociétés, les fruits de ces cultures au bénéfice du peuple sénégalais.



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