Compte des Ics à New York : Plus de 4 milliards bloqués par un transporteur norvégien

Après les saisines conservatoires faites par un groupe d'hommes d'affaires français sur les comptes des Ics à Paris et New York, un transporteur maritime norvégien en a fait autant sur le compte logé à la Société générale de New York. Par le biais de son cabinet d'avocats Holland & Knight, Odfjell Seachem A/S a obtenu, le vendredi 13 janvier dernier, une autorisation de saisine conservatoire de 5 millions de dollars américains, soit environ 4 milliards 480 millions de francs Cfa.

On dirait que c'est la poisse qui est en train de s'abattre sur les Industries chimiques du Sénégal (Ics). En effet, après les saisines conservatoires sur plus de 8 milliards de francs Cfa opérées à Paris et New York (voir Walf quotidien n° 4150), Odfjell Seachem A/S a sollicité lui aussi une saisine conservatoire. Le transporteur norvégien, représenté par le cabinet d'avocats Holland & Knight, a obtenu, le vendredi 13 janvier dernier, du juge Casey, à New-York, une autorisation de saisine conservatoire de 5 millions de dollars américains, soit environ 4 milliards 480 millions de francs Cfa, du compte des Ics auprès de la banque Société générale.

Cette saisine est d'autant plus surprenante qu'Odfjell Seachem A/S fait partie du pool de transporteurs imposé aux Ics par le partenaire Indien, Iffco. Plus étrange encore, le transporteur d'acides phosphoriques Odfjell Seachem A/S est le leader du pool de transporteurs qui est en situation de monopole illicite (antitrust) auprès des Industries chimiques du Sénégal. Un partenaire qui prendrait de gros risques en s'attaquant aux actifs des Ics sur le territoire de l'Oncle Sam alors qu'il est en situation de monopole illicite (antitrust), et ce dans un pays dont chacun connaît les lois et positions fermes en la matière. Sous ce rapport, ce pool composé en l'occurrence de Stolt-Nielsen, Odfjell et Jo Tanker sont tous accusés par une Cour de justice américaine pour accord illicite de monopole (Antitrust). Un pool détenu par ailleurs par des membres d'une même famille.

Pour ce qui est de la saisine effectuée sur le compte des Ics de la Société générale de New York, il y aurait bien pourtant une explication, qui reposerait sur un accord tactique entre Odfjell Seachem A/S et les Indiens de Iffco. Un accord qui serait de mettre l'actionnaire "Etat sénégalais" au pied du mur et ce, à la veille du 17 janvier 2006 (aujourd'hui), jour de reprise des négociations de restructuration des Ics, entre Etat sénégalais, Indiens et banquiers. La stratégie mûrie est qu'Iffco, en prenant le contrôle des Industries chimiques du Sénégal, cesserait toute action contre Odfjell Seachem A/S, et l'Etat sénégalais se retrouverait une fois de plus roulé dans le... soufre.

Avec cette saisine conservatoire du transporteur norvégien, c'est un autre front qui s'ouvre pour la direction des Ics. Pour le même motif : non respect des engagements souscrits. En ce qui concerne les premières saisines de fin décembre dernier, c'est un montant cumulé estimé à 15 millions de dollars américains (environ 8 milliards 400 millions de francs Cfa) qui est sous saisines conservatoires dans les comptes des Ics à Paris et à New York. A l'origine, une plainte d'un groupe d'hommes d'affaires français. Ces derniers avaient signé un contrat avec les Ics. Et comme la direction de l'entreprise n'a pas respecté sa signature, les saisines conservatoires ont été faites. Les dommages et intérêts réclamés par les plaignants sont chiffrés à 75 millions de dollars américains, soit près de 42 milliards de francs Ca.

Le montant cumulé des deux saisines portent maintenant sur 20 millions de dollars américains, soit environ 13 milliards de francs Cfa sur des comptes bancaires où transitent l'essentiel des recettes en dollars tirées de l'exportation de l'acide phosphorique.

Odfjell, Groupe norvégien, qui a fusionné en 2000 avec Seachem, figure parmi les leaders mondiaux de transport de produits chimiques. Un contentieux avec les Ics serait lourd de conséquences pour une entreprise qui recherche ses marques financières. Le préjudice subi par le plaignant n'est pas encore chiffré. Une gestion de crise des plus discutables...