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Economie

CONSOMMATION : Pas de hausse sur le prix de l’eau, selon Amadou Seydou Dia, Directeur de l’Hydraulique urbaine

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CONSOMMATION : Pas de hausse sur le prix de l’eau, selon Amadou Seydou Dia, Directeur de l’Hydraulique urbaine
Le directeur de l’Hydraulique urbaine rassure les consommateurs : une augmentation du prix de l’eau n’est pas envisageable. « Pour le moment, il est hors de question d’augmenter le prix de l’eau », a déclaré dans cette interview Amadou Seydou Dia. Il rassure aussi les populations sur la potabilité de l’eau rougeâtre qui coule parfois des robinets.

Des informations sur une éventuelle hausse du prix de l’eau circulent. Qu’en est-il réellement ?

Je pense qu’il n’est pas envisageable de procéder à une augmentation de l’eau. C’est bon quand même de rappeler que, depuis 2003, il n’y a pas eu d’augmentation du tout. Donc, c’est l’Etat qui prenait en charge le déficit dans sa facture. Ce que l’on peut dire, c’est que cette facture devient de plus en plus importante et qu’il va falloir mettre des stratégies pour la réduction de la consommation de l’administration et, en conséquence, réduire sa facture. Pour cela, des mesures sont déjà prises et d’autres sont en vue. Nous avons déjà commencé à résilier un bon nombre d’occupants qui n’avaient pas droit à la gratuité de l’eau mais qui occupaient des locaux de l’administration. C’est un travail qui a déjà commencé à Dakar et qui va s’étendre dans les régions. Le deuxième point est que nous sommes en train de mettre en place un système d’entretien et de maintenance du réseau de l’administration, car il est très fréquent de voir un robinet qui coule 24h sur 24. Si ce système de maintenance est mis en place, il va parer à tous ces problèmes. Le troisième levier sur lequel nous nous appuyons, c’est la remise en état du réseau de l’administration qui est très vétuste et qui casse à tout moment. Il est question de faire un diagnostic approfondi et d’y apporter des solutions. On pense qu’en combinant ces trois éléments, nous pourrons réduire sensiblement la facture de l’administration qui va lui permettre de payer ses factures à bonne date. Aussi, il y aura une économie d’eau. Cette économie d’eau peut être redistribuée à d’autres demandes domestiques, mais qui paient à la bonne date. Cette solution pourra soulager le secteur dont l’équilibre est déjà atteint. Mais on cherche à le maintenir. Je voudrais à l’occasion rappeler aux populations que l’Etat est le premier responsable, mais il n’est pas le seul. Les populations aussi doivent contribuer à pérenniser ce système qui est fonctionnel. On a mis en place une réforme du secteur depuis 1996 qui a donné ses résultats. Il est hors de question de remettre en cause ce système performant. C’est pour cela que nous invitons les populations à contribuer à sa pérennisation. Pour le moment, il est hors de question d’augmenter le prix de l’eau.

Le prix de l’eau ne va pas bouger, mais ceci jusqu’à quand ?

Je rappelle que dans le contrat de concession qui lie l’Etat à la Sones, l’Etat s’est engagé à garantir l’équilibre financier. Cela veut tout dire, l’Etat va préserver l’équilibre et trouvera des solutions. Pour le moment, les solutions que nous préconisons, c’est de jouer sur la réduction de la facture et au niveau de l’Etat, de prendre en charge le différentiel. J’invite les populations à être très sensibles à ce travail que l’Etat est en train de développer. Elles doivent s’impliquer aussi davantage dans la gestion du système.

Vous évoquez les factures de l’administration, est-ce à dire qu’elle ne s’en acquitte pas correctement ?

L’administration s’acquitte correctement de ses factures. Ce qu’il faut noter, c’est qu’il peut y avoir un retard dans le paiement dû aux procédures. Mais elle s’est toujours acquittée de ses factures. C’est le retard du règlement des factures qui peut jouer, peut-être, au niveau de la trésorerie de la Sones. Mais toutes les factures de l’administration sont payées.

A combien peut-on chiffrer le manque à gagner dû aux pertes d’eau causées par la défectuosité du réseau ?

Je vous donne un exemple : avec la Sde, nous avons procédé à un diagnostic du réseau de l’Université de Dakar, ce qui nous a permis de déceler d’abord des fuites dont on a estimé le volume d’eau perdu. Ces fuites réparées vont permettre à l’Université de Dakar d’économiser sur sa facture d’eau 100 millions par an. C’est à titre indicatif. Je vous invite à multiplier cela sur l’ensemble des bâtiments de l’administration. Si le réseau est remis en état et surveillé, on pourra faire des économies substantielles.

Comment se fait la fixation des prix de l’eau ?

Les mécanismes de fixation se basent sur le modèle financier. A la réforme du secteur, un modèle financier basé sur beaucoup de paramètres a été mis en place. Il s’agira à chaque année de faire tourner ce modèle financier. C’est sur la base du modèle financier qu’il faudra augmenter. Il peut arriver à certains moments, si tout va bien, qu’il y ait des réductions. Pourquoi pas ?

Pouvez-vous expliquer de façon terre à terre ce modèle financier ?

L’expliquer terre à terre serait difficile, parce qu’il prend en compte beaucoup de paramètres techniques, financiers, économiques. Ce sont des formules mathématiques qu’il faudra tourner pour avoir des résultats palpables. C’est un peu difficile d’entrer dans les détails, mais ce modèle est adopté, approuvé.

On fait venir de l’eau du Lac de Guiers et pourtant les coupures sont fréquentes à Dakar. Qu’est-ce qui explique cela ?

Généralement, en ce qui concerne notre réseau propre, les coupures d’eau surviennent quand il y a par exemple des incidents. Cela est rare. Il peut arriver qu’il y ait une rupture de grande conduite. Ce qui est aussi rare. Les ruptures sont généralement occasionnées par les coupures d’électricité. Toutes nos stations fonctionnent à l’électricité. Ce sont des moteurs, des pompes qui remplissent les réservoirs. Une fois que la coupure est longue, les réserves sont carrément épuisées. Si l’électricité revient, il va falloir recharger pour remettre l’eau dans le circuit. On a également des forages latéraux qui fonctionnent à l’électricité. En cas de coupures, ils s’arrêtent.

On parle d’eau contaminée au niveau de la banlieue. Qu’en est-il réellement ?

Après nos examens, on s’est rendu compte que le plus souvent cela est dû à un problème de conservation au niveau des ménages. Certains ménages ont des réservoirs d’eau qui ne sont pas propres. S’il y a intrusion d’un corps étrangers, ces problèmes se posent. Ce n’est donc pas dans le réseau. Ce dernier est fait en sorte que certains éléments ne peuvent pas y vivre. Donc, s’il y a contamination, c’est en dehors du réseau. Le diagnostic fait nous a montré qu’il y a des éléments dans le réservoir. Nous avons procédé, en rapport avec la Sde, à monter des clapets anti-retour qui empêchent l’eau de revenir dans le réseau. Dorénavant, nous allons indiquer aux gens qui ont des réservoirs de mettre en place des clapets anti-retour. L’eau que la Sde distribue est testée, vérifiée et potable. Le reste est un problème de conservation et de manipulation.

Parfois quand on ouvre son robinet, on voit de l’eau colorée. Pouvez-vous nous apporter la garantie que l’eau de la Sde est potable partout au Sénégal ?

C’est une très bonne question qui revient souvent. L’eau colorée rouge, cela veut dire qu’elle est chargée en fer. L’eau qui sort du réseau est claire, mais en contact avec l’air, il y a immédiatement oxydation. C’est ce qui apporte à l’eau cette couleur rougeâtre. Mais dans le réseau, elle est potable, elle est testée. Il y a eu des analyses bactériologiques et chimiques. Nous sommes bien conscients de cette situation, parce que l’eau, ce n’est pas seulement le goût, il y a la perception. En termes d’hygiène et de potabilité, elle respecte les normes. Mais il faut que nous arrivions à régler ce problème, nous sommes en train de voir comment. La solution consiste à mettre en place une usine de « déferrisation » dont le processus est déjà engagé. Une fois que cette usine sera mise en place, nous allons collecter toutes les eaux chargées en fer pour les traiter. C’est un système de cascade et d’aération pour éliminer ces éléments. Et on va se retrouver avec une eau claire. C’est plutôt une question de perception et non de qualité.

Vous parlez de déferrisation, cette quantité de fer rendant l’eau rougeâtre n’est-elle pas dangereuse pour la santé ?

Les analyses ont prouvé que c’est acceptable. Ce n’est pas dangereux pour la santé. Si c’est dangereux, nous ne pouvons pas nous permettre de livrer à la population une eau nuisante.

Donc vous déferrisez pour rassurer...

L’eau, ce n’est pas seulement le goût, il y a la perception. Il arrive très souvent que les gens consomment une eau claire, belle, mais polluée. Nous voulons allier qualité et perception.

Qu’en sera-t-il des populations des zones rurales dont les forages sont souvent en panne et qui veulent disposer d’eau potable ?

Je m’occupe de l’eau urbaine, mais cela ne m’empêche pas de parler de l’hydraulique rurale qui fait des efforts importants dans le changement des équipements, la réparation. Ils sont en train de voir quel système faut-il mettre en place, le mode de gestion, afin de déléguer la gestion à des structures privées qui vont prendre en charge les réparations dans un temps très court. Il y a des programmes de renouvellement des forages qui sont en cours.

Où en est-on avec le projet d’Office du lac de Guiers ?

L’Office du lac de Guiers est un problème qui est déjà réglé. La loi a été votée, le directeur général nommé. Donc c’est fonctionnel.

N’y aura-t-il pas doublon avec le travail de la Sde et de la Sones ?

Non, l’Office aura pour charge de gérer le lac dans toutes ses formes (adduction d’eau potable, élevage, agriculture...). La Sde viendra intégrer cette gestion. Cet office a une fonction beaucoup plus large. On peut dire que c’est une approche intégrée de la gestion du lac.

Il se dit que l’arrêt des forages de Thiaroye a contribué à l’accentuation des inondations dans la banlieue. Qu’en est-il ?

Les gens le disent, il peut y avoir un effet, mais ce n’est pas le seul. La nappe est saturée au niveau de Thiaroye avec les inondations. Ces forages peuvent avoir une incidence, mais pas tellement majeure. Notre problème aussi, c’est qu’il y a des forages qui sont très chargés que nous ne voulons pas mettre à la disposition des populations. Ce problème pourra être réglé si, d’une part, on met en place cette unité de déferrisation qui prend en charge ces eaux chargées. Et d’autre part, il y a un Programme de développement des marchés agricoles du Sénégal (Pdmas) en rapport avec le ministère qui consiste à déconnecter les maraîchers du réseau de la Sde par la mise en place d’autres forages. Ces forages à l’eau que les gens ne veulent pas pourront être récupérés en rapport avec le Pdmas. Donc, c’est créer un réseau à part consacré aux maraîchers. Le programme est en cours et a un début de financement.

Le contrat de la Sde arrive bientôt à terme, sera-t-il reconduit ?

Ce contrat arrive à terme en avril 2011. D’ici là, l’Etat doit réfléchir, voir quel système mettre en place pour garder le secteur dans sa fonctionnalité. Des réflexions sont en cours, mais il y a des orientations qui se dessinent, à savoir la concession intégrale. Mais des études seront menées pour voir quelle sera sa forme.

Quel serait le bilan de la Sde si vous aviez à le faire ?

Je ne dirais pas bilan de la Sde, mais bilan du secteur. Il y a la direction de l’Hydraulique urbaine qui représente le ministère, il y a la Sones et la Sde. Chacun a sa partition. Si la Sde parvient à donner de l’eau correctement, c’est que les autres secteurs ont eu à jouer leur partition. Donc le système est satisfaisant. Si on regarde dans le rétroviseur, avant les années 1996, nous avions des images horribles, les gens couraient de gauche à droite, les bassines sur la tête, à la recherche de l’eau. Mais avec la réforme, on est arrivé à régler tous ces problèmes qui constituent maintenant de vieux souvenirs. On a de l’eau en permanence maintenant. Evidemment, il peut y avoir de petites ruptures. Mais l’essentiel est que la population arrive à disposer d’eau 24h sur 24. D’autres mesures sont en train d’être prises pour réconforter le système. Donc, le bilan est satisfaisant pour tout le monde et particulièrement la Sde qui est l’entité la plus visible parce que c’est là où les gens vont payer les factures. Sinon il y a les autres entités, la Sones qui réalise les gros travaux qu’elle met à la disposition de la Sde, il y a l’Hydraulique urbaine qui supervise, contrôle le respect des engagements.

Envisagez-vous la désalinisation de l’eau de mer pour satisfaire la demande en eau ?

On est en train de mener des études, on s’est demandé pourquoi ne pas rentabiliser cette masse d’eau dormante. On a fait deux conduites jusqu’au Lac de Guiers, la seconde va bientôt arriver à saturation. Faudra-t-il une troisième ou voir une alternative comme le dessalement. Les demandes en eau à Dakar et à Mbour sont croissantes. La contrainte du dessalement, c’est au niveau de l’énergie. La technologie est évolutive, on pense qu’il y aura une bonne maîtrise. En tout cas, le dessalement n’est pas exclu. Ce que nous voulons, c’est que le prix soit compétitif. Si ce n’est pas le souci de préserver le pouvoir d’achat des populations, nous aurions pu immédiatement engager une unité de désalinisation. Mais à quel prix?



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