Comme en 2007-2008, la crise alimentaire menace le monde. C’est ce que craint le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation à l’ONU, Olivier de Schutter, dans un entretient publié ce mardi 17 août sur le site de Rfi.
Selon M. Shcutter, « les stocks sont relativement faibles, bien qu’ils ne soient pas à leur niveau historiquement le plus bas, et la demande est en augmentation constante, notamment en raison de la production d’agro-carburants à partir de plusieurs matières premières agricoles.
Pour 2011, on prévoit que la demande sera supérieure à l’offre, ce qui crée un véritable défi pour la communauté internationale ». Il ajoute que les pays importateurs de denrées alimentaires qui sont en déficit seront peut-être ceux qui auront les plus grandes difficultés puisque leur facture va augmenter dans des proportions importantes.
Déjà, les experts craignent une flambée des cours mondiaux du blé du fait des incendies en Russie qui ont détruit une importante partie de la récolte de ce pays. Moscou a même décidé de diminuer ses exportations de la céréale.
Plutôt prévenant, l’Egypte a acheté 180 000 tonnes de blé - la deuxième fois en deux semaines- car le gouvernement de Moubarack ne veut pas connaître de nouvelles émeutes de la faim comme en 2007, d’après toujours le site de Rfi.
Hyper-dépendant de la production extérieur, le Sénégal a-t-il tiré les leçons de sa crise alimentaire ? Rien n’est moins sûr, car le pays accuse souvent le coup du renchérissement des cours mondiaux des denrées généralement négociées en dollar, laquelle monnaie s’est sensiblement redressée. Malgré lancement de l’initiative Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), le Sénégal reste encore grandement tributaire des exportations notamment en riz, blé et lait, toutes denrées de premières concommations.
Or, pour l’expert de l’Onu, « on n’a pas tiré tous les enseignements de la crise et, pour beaucoup, les pays sont relativement mal préparés à une hausse des prix alimentaires que l’on peut redouter ». Il ajoute que ces pays, dont fait partie le Sénégal fait partie, n’ont pas eu le temps reconstituer des systèmes de stocks alimentaires permettant à la fois de gérer la hausse des prix en développant des réserves et d’écouler de la nourriture à bas prix en période de fièvre comme celle que l’on vit aujourd’hui. « Ils sont donc insuffisamment préparés à ce qui s’annonce comme une hausse généralisée des prix alimentaires ».
Les gouvernants sénégalais devraient prendre la pleine mesure de la menace, eux qui ont pris l’habitude de se comporter comme la cigale de la fable : « ne pas prévenir ».
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