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Economie

CREDIT A… Aliou Dia, président de «Forces paysannes» : «Il faut un fonds de commercialisation pour le monde rural»

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CREDIT A… Aliou Dia, président de «Forces paysannes» : «Il faut un fonds de commercialisation pour le monde rural»

Le député non inscrit, a participé, du 11 au 13 octobre derniers, au séminaire du Cnia. A la fin des travaux, et dans cet entretien, il a donné son point de vue sur la situation du monde rural.

Vous avez pris part au séminaire d’évaluation organisé par le Cnia. Quelles sont les mesures prises au terme de votre rencontre ?

Je dois dire que nous avons évalué, sans complaisance, la campagne de commercialisation 2005/2006 qui a été, encore une fois de plus, caractérisée par les bons impayés. S’agissant de cette campagne, il fallait qu’on réévalue, le système carreau usine, qui a montré ses limites et qui a créé un malaise économique et social au niveau des paysans et des opérateurs économiques. Nous avons formulé des recommandations en direction de l’Etat, des huiliers et des opérateurs, pour une bonne campagne de commercialisation.

La première mesure qui a été prise, c’est que le point de collecte soit le centre de gravité de tout le processus, c’est-à-dire que tout se fasse au niveau du point de collecte. Il faut bannir les dépôts et éradiquer définitivement les bons impayés. Il va falloir, donc, des mesures d’accompagnement en créant un fonds de commercialisation pour appuyer les opérateurs à la recherche de financement, parce que ces opérateurs ne disposent pas de surface financière leur permettant d’aller prendre directement au niveau du point de collecte, régler les frais y afférents et effectuer le paiement sur place. Il va falloir donc que l’Etat crée un fonds de commercialisation qui leur permettra, d’avoir un départ financier et de compter sur des préfinancements, ou bien des acomptes des huiliers. Il faut également accompagner les huiliers à la recherche de financement au niveau des banques nationales et internationales. Il faut qu’il y ait un contrôle de proximité au niveau des centres de réception comme au niveau du point de collecte, pour l’effectivité du paiement. Je crois que quand on prendra ces mesures-là, certainement la commercialisation peut ne pas avoir de problèmes, parce qu’on aura un financement qui constitue le nœud du problème. Quand le financement est bouclé et suffisant, il n’y aura plus de problèmes.

D’autres recommandations sont aussi faites pour le problème de semences à livrer, parce que les deux sont liés. Nous avons dit qu’il va falloir, d’ores et déjà, qu’on démarre la campagne d’achat de semences deux semaines avant la campagne de commercialisation, pour permettre aux opérateurs semenciers de disposer des stocks à temps et de les livrer à temps. Ce qui nous permettrait, à partir du mois d’août, de commencer au niveau du sud du pays, des régions de Kaolack et Fatick, les distributions de semences.

Par rapport à cette campagne-ci, êtes-vous optimiste ?

Je suis optimiste dans la mesure où cette année on a fait un pas important, le diagnostic qu’il faut et préconisé, à temps, les solutions.

Ce qui reste maintenant c’est qu’il y ait la volonté politique et que l’Etat accepte de jouer le jeu. Avec les échéances à venir, je crois qu’il faut être optimiste et que des solutions idoines seront prises.

Certains craignent que l’arachide ne disparaisse. Qu’en pensez-vous ?

Elle est, aujourd’hui, malmenée au niveau national comme international. Mais le problème est que l’arachide est très importante dans nos comportements alimentaires, mais également sur le plan économique. C’est la seule culture de rente qui, pendant les récoltes, peut insérer plus 80 milliards de francs Cfa dans le monde rural. Et quoi qu’on dise, l’huile d’arachide ne peut être concurrencée par aucune autre huile. Dire aujourd’hui que l’huile d’arachide est combattue au niveau international, il n’ y a rien de plus faux. Il y a que les acteurs ne veulent pas jouer le jeu en prenant en compte les intérêts du petit producteur. C’est pour cette raison que l’année dernière, quand on a acheté le kg d’arachide à 150 francs, avec l’aide de l’Etat qui a subventionné 45%, des voix se sont élevées au niveau de la Banque mondiale, et qui disaient qu’on peut en acheter à 200 francs le kg. C’est un produit prisé ici et ailleurs, donc la filière arachide a de l’avenir. Le problème c’est la volonté politique, une organisation du monde rural et un encadrement pour les intérêts du petit producteur.

Avant la rencontre de Saly, vous avez sillonné le territoire national pour vous enquérir de la situation dans le monde rural. Quelles sont les préoccupations des paysans ?

La préoccupation des paysans, c’est l’écoulement de leurs productions après les récoltes. Partout où vous allez, on vous dit, mais oui, on pense tout simplement à l’arachide. Si vous allez dans la région du fleuve, on vous dit, nous cultivons du riz, de la tomate, de la patate douce, mais l’Etat ne semble se focaliser que sur l’arachide.

Il faudrait donc qu’il y ait une bourse des prix qui gère, en même temps, le problème de l’arachide, mais aussi le prix du kg de mil. On a commencé déjà à récolter le mil. Certainement, les paysans vont commencer à bazarder le kg à 45 francs pour l’acheter, en juin, à 200 francs. C’est la bourse des prix qui va régler le problème du mil, des haricots, des gombos.

Le problème numéro 1 du paysan sénégalais est de savoir où est-ce qu’il va écouler sa production après de durs labeurs.



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