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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

DAROU KHOUDOSS : En attendant la reprise des Ics

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DAROU KHOUDOSS : En attendant la reprise des Ics

On a coutume de dire que quand les Ics éternuent, Darou Khoudoss s’enrhume. Il est vrai que le petit village très moderne accuse le coup des déboires des Industries chimiques du Sénégal. Soit. Il demeure que le conseil rural a pris en compte cette donne et fait preuve de beaucoup de créativité et d’ingéniosité pour faire face à la crise des Ics.

Ainsi, un projet de 200 milliards, qui prend en compte toutes les dimensions du développement endogène et autocentré de la zone qui regorge de potentialités, est en incubation et se trouve à un stade très avancé. C’est un nouveau jour qui se lève sur Darou Khoudoss, qui connaît une morosité certaine...

Le coquet village s’étale d’une manière inéquitable le long de l’axe routier venant de Tivaouane. C’est une charmante localité aux maisons blanches, dispersées autour de spacieuses rues sablonneuses. Actuellement, le village ne connaît plus la frénésie d’antan, avec l’entrée en hibernation du géant qu’est le complexe des Industries chimiques du Sénégal (Ics).

Darou Khoudoss, dont le sort était étroitement lié à celui des Ics, vit dans une sorte de léthargie perceptible dès l’arrivée du visiteur. Le garage des taxis clandestins, qui était un lieu névralgique, trépidant et vivant, semble mort de sa belle mort. Le trafic est presque nul. Cela se traduit pour les populations par une sorte de marasme que ressentent toutes les strates de la population. D’abord, la forte population de saisonniers pour qui Darou Khoudoss servait de cité-dortoir a quasiment fondu. La démographie a ainsi connu une forte décélération. Tous les secteurs connexes ont subi cette régression également.

Par exemple, les ménagères, qui vivaient des abonnements des saisonniers à deux repas quotidiens, se morfondent. Les restauratrices guettent le client ; les logeurs qui avaient beaucoup investi dans l’immobilier à cause du boom démographique épient le locataire et, les jeunes, eux aussi affectés, courent derrière des emplois de journaliers au niveau des Ics.

A Darou Khoudoss, l’impact de la crise que traverse les Industries chimiques du Sénégal se mesure à tous les niveaux de la vie.

Pour M. Gora Diène, conseiller rural et président de la commission Environnement, ces difficultés rejaillissent même sur la distribution d’eau dans le village. « Les Ics nous ont fait savoir que face à leurs problèmes, il leur est très difficile d’assurer un approvisionnement correct en eau du village qui ne cesse de s’étendre. Il y a même des quartiers qui ne peuvent pas avoir de l’eau avant la nuit ».

Au-delà de cette situation conjoncturelle, M. Diène reconnaît que les Ics ont toujours rendu de grands services aux villageois en leur fournissant de l’eau, une ambulance à chaque fois que de besoin, en donnant des bâches, des chaises et des tentes pour les cérémonies religieuses, des bœufs lors du Maouloud et bien d’autres aides en espèces et en nature. De nos jours, les populations de la bourgade partagent le pain noir avec les employés du complexe industriel ; en attendant des jours meilleurs ...

MATAR NDIAYE, PRESIDENT DU CONSEIL RURAL DE DAROU KHOUDOSS : “Un projet intégré de 200 milliards pour valoriser les potentialités”...

C’est en 2000 que la Communauté rurale de Darou Khoudoss a vu le jour, consacrant ainsi le détachement du village de Mboro qui l’étouffait. Après la prise de l’acte administratif par les autorités, la nouvelle entité est restée trois ans dans un flou administratif qui avait conféré à la communauté un statut hybride. Ce n’est qu’en 2003 que la Communauté rurale jouira de son plein exercice. Un projet intégré de 200 milliards de francs sera mis en œuvre pour tirer le maximum de profits des potentialités de la zone immensément riche, lutter contre la pauvreté et l’ émigration clandestine. Avec des potentialités énormes en matière de maraîchage, d’arboriculture, de pêche, d’élevage et d’industries extractives, la Communauté rurale, couvrant une superficie de 450 km2, pour 50.000 habitants, est l’une des plus riches du Sénégal. Du point de vue des ressources naturelles à tout le moins.

Seulement, l’enclavement interne, le manque d’eau potable, l’inexistence de certaines infrastructures de base et la mauvaise répartition des établissements humains sur cette large bande des « Niayes » (ces immenses terres très fertiles s’étendant de la lisière de Sébikotane à Lompoul) sont les principaux freins à son développement endogène et autocentré.

Ces maux se posent même en goulots d’étranglement à l’épanouissement des populations qui pourtant, tirent profit de sa terre (bénie) pendant 9 mois sur 12 ; ce qui est quasiment un record pour notre pays. Les résultats enregistrés peuvent être accrus de manière fort significative dans la zone, car on y perçoit une réelle envie de décoller des exploitants qui soutiennent être capables d’atteindre l’autosuffisance en légumes et fruits de notre pays et par-delà, toute la sous-région.

Pour le Président de la communauté rurale, la jeune collectivité décentralisée n’a pas attendu pour se mettre à l’ouvrage, surtout dans le domaine de la construction d’infrastructures socio-économiques qui faisaient cruellement défaut . « A notre actif, on peut retenir la réalisation de puits, d’un stade, de salles de classe, de pistes de production et la dotation des élèves en fournitures scolaires et matériels. Pour ce qui est de la politique de jeunesse, notre organe met à disposition de cette frange de la population tous les moyens dont il dispose. La construction de notre Hôtel communautaire se déroule de manière satisfaisante et cette réalisation va nous permettre de ne plus tenir les réunions et délibérations au domicile du Président de la communauté rurale, ce qui a cours depuis 2001 », a ajouté M. Matar Ndiaye, qui a aussi souligné que le conseil rural a réalisé des cases de Santé dont certaines ne sont pas encore fonctionnelles.

« Notre ambition est de créer un centre de Santé de référence à Darou Khoudoss qui compte entre 7 et 9.000 habitants, les quartiers rattachés étant pris en compte. L’un des besoins les plus pressants pour la population demeure l’alimentation en eau potable des populations, particulièrement de celles établies le long de la route des Niayes. Notre Communauté rurale est la seule à n’abriter qu’un seul forage à grande profondeur et qui est situé à Sao. Il est vital que des forages soient réalisés à Diogo, Fass Boye, Darou Diouf. Ces localités regroupent de fortes concentrations humaines et dans la zone, la nappe est affleurante, ce qui rend impossible la proximité de puits, par mesure d’hygiène. Vous comprendrez tout naturellement qu’à chaque fois qu’une épidémie éclate, notre zone paie un très lourd tribut ».

L’enclavement reste aussi une préoccupation majeure pour les populations de la Communauté rurale, à cause de la texture du sol qui est farineux et sablonneux. « Cet isolement pose des problèmes pendant les évacuations sanitaires. C’est aussi un frein pour l’écoulement des fortes productions de poissons (environ 200.000 tonnes mises à terre par an ), de légumes et de bétail dans la zone littorale.

« Les transporteurs refusent de desservir la zone, justement à cause de l’état défectueux des routes. Or, les villages du littoral ont besoin de voies de communication carrossables pour mettre en valeur leurs énormes potentialités », a ajouté M. Ndiaye. Selon qui, les localités de Fass Boye, Diogo et Dimbale doivent avoir des Cem, tout comme la transformation du Cem de Darou Khoudoss en lycée est un besoin pour les populations.

...Et favoriser le décollage économique et social de la zone

Dans la zone, près de 80 % de la population s’adonnent au maraîchage, à l’élevage et à la pêche. « Nous avons le potentiel pour atteindre à l’autosuffisance alimentaire de notre pays en viande, lait et légumes » Et, pour mieux articuler ces différentes possibilités, les élus ont jeté leur dévolu sur un projet de développement intégré d’une enveloppe de 200 milliards de francs.

« Le financement en est potentiellement acquis. « Quatre volets sont prévus dans ce cadre. Il y a d’abord la création de zones reproduction des poissons, protégées par les blocs de silex des Ics. Il est prévu également un volet maraîchage qui abritera quatre sites d’expérimentation et de vulgarisation des performances. Le volet Elevage du projet se déroulera sur 3 sites d’embouche et de production laitière.

« A cette fin, 20.000 têtes de bétail seront importées. Le volet habitat social reste l’un des plus importants de ce projet. car il mettra en service une usine de fabrication de panneaux pour la construction de 15.000 logements sociaux. Dans le sillage de ce volet, il est prévu la formation des jeunes en maisons escamotables. La cible visée sera recrutée et chacun d’entre eux bénéficiera d’un logement qu’il amortira à raison de 25.000 francs pendant 25 ans.

« Ce projet s’inscrit dans le cadre du développement autocentré mais aussi d’instrument de lutte contre l’émigration clandestine des jeunes. Les plans de localisation ont été déjà faits par les départements ministériels concernés et nos partenaires européens sont prêts à financer ce projet qui figurera parmi les plus importants au Sénégal, a ajouté M. Ndiaye qui a noté avoir été reçu par le chef de l’Eta le 14 juin, pour décliner ce projet qui sera un raccourci vers le développement de la Communauté rurale de Darou Khoudoss.

« Un protocole de 49.900.000 francs a été passé entre le Pndl et la collectivité. « Cette somme est dévolue à l’alimentation en eau des villages de Ndong et Keur Pathé Ndiaye, Keur Diobaye Allé Gaye. Nous prévoyons aussi d’électrifier l’axe Darou Ndoye-Diogo et raccorder Darou Salam Diouf sur cette enveloppe.

« Il reste entendu que le projet intégré prendra en charge la réalisation de pistes de production pour une meilleure desserte des zones enclavées », a ajouté le Président du conseil rural de Darou Khoudoss, qui a signalé que la collectivité s’attachera aussi au développement du tourisme balnéaire, vu la beauté et la qualité de ses plages.

GORA DIENE, PRESIDENT DE LA COMMISSION « ENVIRONNEMENT » : “La pollution de l’air n’a jamais été mesurée”

« Pour ce qui est de la pollution de l’air, aucune étude n’a jusqu’ici réalisé le point sur l’état de fait. Ou du moins, nous avions reçu une mission qui est venue faire toutes sortes de mesures, mais jusqu’ici, les résultats ne nous sont pas encore parvenus ». C’est ce qu’a indiqué en substance M. Gora Diène, conseiller rural, président de la commission Environnement du conseil rural de Darou Khoudoss.

Si des présomptions peuvent se faire jour, c’est sur la base de la fermeture de 22 puits dont les propriétaires ont été dédommagés par les Ics. « L’eau de ces ouvrages était devenue impropre à la consommation et à l’arrosage des plantes. Des bornes-fontaines ont été réalisées au bénéfice de ces personnes, mais le problème n’est pas pour autant réglé ».

Il a été généralement admis que le souffre et les phosphates s’avèrent extrêmement polluants et nocifs pour la santé . Le seul hic, c’est que cette « frousse » n’est basée sur aucune étude sérieuse qui fasse ressortir les dangers encourus par les populations.

Des moyens, des moyens...

« Pour la pollution marine également, même si l’on peut relever parfois des cadavres de poissons ou d’animaux marins rejetés sur la plage, rien ne permet d’affirmer que ces morts sont subséquentes aux rejets des Ics dans la mer. Quoiqu’il en soit, nous poursuivons notre action d’éducation et de sensibilisation des populations ».

En l’absence de moyens taris à cause des déboires structurels des Industries chimiques du Sénégal, le conseil rural de Darou Khoudoss s’est auto-saisi de la pérennisation du développement économique et social de la collectivité décentralisée qui abrite les Ics. Il est vrai que le lait a tari, mais ce n’était pas une raison suffisante pour le conseil rural de s’en remettre à la reprise des activités de l’industrie. Il y avait de quoi, car la zone d’emprise est un véritable éponge gorgée de potentialités immenses, mais sous-exploitées.

Aussi, une vision futuriste se dégage des projets ficelés par le conseil rural qui demeure conscient du fait qu’il a fort à faire, pour tenter de remplacer les phosphates qui en régime normal sont une véritable manne financière pour les alentours. Le village satellite de Mboro a frôlé l’asphyxie, prise à la gorge par le l’effondrement des affaires du centre d’affaires qu’était devenue Mboro.

En attendant des jours meilleurs subséquents à la reprise normale des activités de l’unité industrielle, Darou Khoudoss se morfond, tant les affaires naguère prospères des ménagères, des transporteurs, des logeurs et toute la chaîne active du village qui s’était dimensionné pour être florissant, battent de l’aile.

Et de nos jours, les fruits de cette créativité sont en fleurs et promettent une moisson satisfaisante pour toutes les couches de la population et des villages polarisés. La solution globale vise l’électrification des grands villages-centre, la desserte routière de ces localités importantes à plusieurs titres, l’adduction en eau potable et la capacitation des acteurs du développement.

Le pari est pris par le conseil rural qui se met en quatre pour relever les multiples défis induits par l’arrêt des activités des Ics. C’est dans le domaine du possible pour l’équipe dirigeante de la Communauté rurale. Qui s’est mobilisée pour soigner le rhume de Daru Khouribga, par un remède de cheval.

NDEYE KHADY KANE, CHEF DU POSTE DE SANTE : « Les bronchites ne sont pas la première cause de consultations »

Contrairement à une idée très répandue, les maladies pulmonaires ne sont pas les premières causes de consultations à Darou Khoudoss. Du moins, rien ne permet d’affirmer le contraire, selon le chef du poste de Santé qui nous livré les spectres des consultations dans la zone.

Mme Ndèye Khady Kane est chef du poste de Santé de Darou Khoudoss depuis 5 ans. Forte de sa pratique dans la localité, elle soutient que du point de vue des statistiques : « les bronchites sont la deuxième cause de consultations des populations dans la localité, loin derrière le paludisme qui est à l’origine des 1.300 à 1.400 cas de consultations d’août à novembre.

« Souvent, en faisant référence à la pollution de l’air, on nous parle des bronchites comme causes de consultations, mais cela n’est pas fondé du point de vue des statistiques. Il n’y a pas plus de cas de maladies pulmonaires ici qu’ailleurs au Sénégal. On note cependant beaucoup de cas de maladies d’estomac », a ajouté la femme de l’art. Selon elle, la structure souffre du manque d’ambulance qui est vécu comme un calvaire par les populations.

« Nous souhaitons avoir un appui en médicaments et matériels car les recettes suffisent à peine à couvrir les dépenses de la structure », a noté le chef de poste de Santé. Pour elle, le logement du chef de poste a aussi besoin d’être repris, car il est d’un âge très avancé.



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