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Demande d'abandon de créances de plus de 80 milliards des Ics : L'Etat veut-il faire couler les banques locales ?

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Demande d'abandon de créances de plus de 80 milliards des Ics : L'Etat veut-il faire couler les banques locales ?

Le business plan présenté par les Indiens n’agrée pas les banquiers qui le trouvent pessimiste. Ils refusent d’abandonner des créances estimées à plus de 80 milliards de francs.

Abandonner des créances estimées à plus de 80 milliards de francs, c’est se faire hara-kiri. Et les banquiers, qui ont rejeté le business plan présenté par les Indiens dans le cadre de la recapitalisation des Ics, ne sont pas des Japonais. Les Indiens d’Iffco devront donc revoir leur copie. Leur business plan n’agrée pas les banquiers qui continuent d’afficher la fermeté.
Le comité paritaire mis en place, le 16 juin dernier, après la signature d’un accord de recapitalisation entre l’Etat sénégalais et le partenaire indien, a du pain sur la planche. Les banques n’entendent pas abandonner leurs créances. Un abandon serait synonyme de faillite pour certaines d’entre elles. A titre illustratif, les Ics doivent 18 milliards de francs à la Sgbs qui a affiché en 2006 un résultat net (bénéfice) de 10 milliards 143 millions de francs. Avec un bénéfice de 10 milliards 116 millions de francs, la Cbao court derrière une créance qui s’élève à 9 milliards de francs. La créance de la Bicis auprès des Ics est évaluée à 10 milliards 500 millions. Son résultat net est de 6 milliards 278 millions de francs en 2006.

Si elles épongent ces créances, les fonds propres de certaines banques de la place risquent de fondre comme beurre au soleil. Des banques comme Ecobank, le Crédit lyonnais, la Bst devenue Attijari bank, la Banque islamique du Sénégal (Bis) ou la Citibank sont les plus exposées. L’ardoise au Crédit du Sénégal (ex-Crédit lyonnais) est de 10 milliards de francs pour une banque, dont les fonds propres sont de 10 milliards 654 millions de francs, qui a réalisé un bénéfice de 123 millions de francs. Dans les livres de la Citibank, les fonds propres sont chiffrés à 12 milliards 700 millions de francs et les créances des Ics y sont estimées à 10 milliards de francs. Son bénéfice 2006 est de moins de 1 milliard 850 mille francs. Pour des fonds propres de 8 milliards 650 millions de francs, l’ex-Bst, qui a réalisé un résultat net de 1 milliard 417 millions de francs, prie pour que les Ics lui remboursent ses 4 milliards de francs contre 2 milliards pour la Bis. Ses fonds propres sont de l’ordre de 3 milliards 662 millions de francs et le résultat net 2006 de la Bis est de 94 millions de francs Cfa.

Thierry Latreille, économiste au département de la recherche à l’Afd, estimait que la part (3 points dans la croissance) des Ics est si importante que si sa situation ne s’améliorait pas rapidement, la crise aurait des répercussions sur d’autres secteurs, notamment le marché bancaire. ‘Les Ics sont le plus important emprunteur. Elles représentent 7 % des crédits bancaires locaux pour une dette estimée à plus de 80 milliards de francs Cfa, en légère augmentation par rapport à l’année dernière. Leur incapacité à rembourser les emprunts, souvent à très court terme, pourrait affecter la viabilité de certaines banques et fait peser un risque systémique sur le secteur bancaire sénégalais.’ Deux grosses incertitudes préoccupent les banquiers : l’évolution du dollar par rapport à l’euro (les ventes des Ics sont libellées en dollar) et le prix du soufre.

Les bailleurs de fonds (Afd, Boad et Bei) seraient plus sécurisés. Eux qui ont des garanties sur tout l’outil de production pour une dette de 50 milliards de francs. Alors que les banques ne détiennent que 63 milliards de francs de garantie. Selon les banquiers, il faut un traitement égal dans le cadre de ce dossier. La garantie bancaire a été d’ailleurs obtenue au forceps pour éviter le risque systémique. Elle est valable jusqu’au moment où tout le monde aura accepté la recapitalisation et la restructuration. Le règlement préventif arrivé à expiration le 30 septembre dernier a été prorogé au 31 décembre 2007. Et tant que les Ics sont sous régime du règlement préventif, les créanciers seront en stand-by. Si le business plan est cohérent, les créanciers vont l’accepter. Si le tribunal déclare que le business plan n’est pas possible dans ces conditions, c’est la liquidation totale. Au cas échéant, les banques brandissent la garantie.

La garantie a différé le risque systémique. Et la plupart des banques n’ont pas provisionné. Avec la garantie, le risque devient un risque étatique. Dans ce cas, les banques ne sont pas obligées de provisionner.

Les Indiens ont présenté plusieurs scénarii. Entre autres, un abandon de 50 % de créances et la restructuration du reste sur une échéance mais sans garantie de l’Etat. En norme Ias (International american standard) ou même locales, dans la situation des Ics, quel que soit le scénario retenu, il n’y a que deux alternatives : ou il y a la garantie de l’Etat et les banques ne feront pas de provisions pour la partie restructurée (15 à 20 ans) ; au cas contraire, en normes Ias ou locales, obligation de provisionner à 100 %. Avec comme conséquence : une crise bancaire.

Par ailleurs, le cadeau royal fait aux Indiens fait jaser les industriels sénégalais. Le choix de l’Etat serait-il de faire des faveurs aux Indiens et couler les banques ? Des industriels estiment qu’avec la moitié des faveurs faites aux Indiens, ils sauveront les Ics.

Sous ce rapport, le consortium formé autour d’Iffco s’est retrouvé avec 90 % des parts du capital alors que l’Etat sénégalais, qui détenait 47 % des parts, n’a plus que 10 % conformément au nouveau code minier. Dans les avantages consentis à Iffco sur la base de la convention, il y a l’octroi d’une exonération de 25 ans aux Ics dont une période de différé de 5 ans, celle de l’amortissement sur 15 ans de la dette des Ics qui est évaluée à plus de 240 milliards de francs, et celle des négociations avec les créanciers à qui Iffco demande d’éponger une partie de la dette. L’Etat sénégalais a fait que le partenaire indien soit dans un régime particulièrement sécurisé. Ainsi après l’arrêté des comptes, l’Etat lui octroie une garantie de passif c’est-à-dire que toute créance qui serait née avant l’arrêté des comptes mais qui n’avait pas été portée à leur attention tomberait sous le coup de cette garantie.

Rien n’est cependant encore perdu pour sauver les Ics. Si tout le monde y met du sien, les 2 500 travailleurs pourront retrouver le sourire.

 



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