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Economie

Derrière l’écran de ton iPhone, l’usine ultra-monitorée de Pegatron

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Après l'acquisition d'un iphone... (JOHANNES EISELE / AFP )

Un journaliste de Bloomberg a pu visiter une des usines où sont fabriqués les iPhone, celle, "très mystérieuse", gérée par le sous-traitant d'Apple Pegatron dans la banlieue de Shanghai.

Son article dessine un environnement de travail ultra-connecté, presque totalitaire dans la façon dont les ouvriers chargés d'assembler les téléphones (dont les ventes viennent de connaître une baisse historique) sont gérés, surveillés et chronométrés.

"Après être passés par un détecteur de métaux pour vérifier qu'ils n'ont aucun objet qui pourrait être utilisé pour photographier et diffuser des photos de produits inédits, les ouvriers suivent des flèches sur le sol, entourés par des posters aux slogans censés être inspirants sur les murs.

Ils passent par une cage d'escalier entourée d'un filet de protection, pour éviter les accidents, ou les tentatives de suicide. Près des casiers, ils revêtent des filets à cheveux bleus et remplacent leurs chaussures par des chaussons en plastique.
A 9 h 20, les 320 ouvriers s’alignent par rangées de quatre avec une précision militaire pour l'appel.

'Bonjour!' crient-ils à l'unisson sous le regard attentif du maire [surnom donné au patron de l'usine], qui est rejoint par des chefs d'équipe remuants, chacun équipé d'iPad entourés de scotch noir."

Univers dystopique

Pourquoi Apple et ses sous-traitants, habituellement si peu enclins à montrer l'envers du décor de leurs produits, ont-ils accepté qu'un journaliste fasse le tour, certes très encadré, de cette méga-usine et décrive un univers si dystopique ?

Peut-être pour montrer que les conditions de travail, décriées par le passé, sont en voie d'amélioration. Depuis le scandale impliquant le sous-traitant taïwanais Foxconn, qui exploitait des étudiants pour atteindre les quotas de production de l'iPhone 5, Apple montre par tous les moyens, y compris médiatiques, qu'il fait des efforts.

D'où la visite dans l'usine de Pegatron, où l'organisation du travail, complètement assumée, a pour objectif d'éviter que les ouvriers… soient exploités. "Pour cela, écrit Shai Oster, Pegatron a adopté un système d'identification avec des badges reliés à une base de données qui suit en temps réel le temps de travail, les salaires et les dépenses comme les frais de dortoir ou la nourriture."

"Les tourniquets [par lesquels passent les ouvriers après l'appel du matin] sont reliés aux iPads des chefs d'équipe, qui reçoivent des alertes automatiques si un ouvrier a atteint la limite des 60 heures de travail hebdomadaires ou s'il a pointé six jours de suite."

"Cet arrangement a fait que près de 100 % des salariés sont en conformité avec la législation sur les heures supplémentaires" en Chine, écrit le journaliste. Apple note d'ailleurs que, dans son dernier audit datant de 2015, 97 % de ses sous-traitants respectent la semaine de 60 heures.

Du Wi-Fi gratuit, des salaires assez bas

C'est l'idée que veut faire passer Apple en révélant les coulisses de l'iPhone : effacer de l'inconscient collectif l'idée d'ateliers de misère, où la main d'œuvre, parfois mineure, est exploitée comme au 19e siècle. On parle ici de "campus modernes", inspirés de la Silicon Valley, "avec des services comme le Wi-Fi gratuit, des salles de télévision ou l'option de pouvoir louer une chambre plus grande dans le dortoir".

En 2015, l'ONG China Labor Watch avait publié un rapport sur les conditions de travail "misérables" dans l'usine Pegatron de Shangaï. Elle expliquait que, même si la durée hebdomadaire du travail a certes été ramenée de 63 à 60 heures, les conditions n'étaient "en général" pas meilleures qu'il y a deux ans.

Les ouvriers interrogés par Bloomberg (on imagine qu'ils n'ont pas été mis en avant par la direction au hasard) disent au contraire que les conditions de travail ne sont pas mauvaises, ou en tout cas bien meilleures qu'ailleurs. Le salaire mensuel, avec heures supplémentaires maximales, atteint "entre 4 200 et 5 500 yuans [571 à 749 euros]". L'un d'entre eux, qui dit seulement s'appeler Ma, n'est pas forcément contre la limitation des heures supplémentaires, mais note qu'avec des salaires si bas, ce n'est pas la direction qui oblige à travailler davantage, mais "les ouvriers eux-mêmes".

"Nous pouvons gagner plus en faisant des heures supplémentaires. Alors nous voulons toujours faire des heures supplémentaires."



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