Des sénateurs, s’exprimant à l’occasion de l’examen de la loi portant sur la réglementation bancaire dont le texte a été soumis à l’examen de l’institution parlementaire dont ils sont membres, ont dénoncé jeudi les taux d’intérêts élevés selon eux pratiqués par les banques et les institutions de microfinance, a constaté l’APS.
Les banques prêtent habituellement avec des taux d’intérêt compris entre 5 et 18 pour cent, mais ce chiffre peut atteindre 27 pour cent quand il s’agit par exemple des institutions de microfinance, a noté dans son rapport la Commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération du Sénat.
‘’Les taux d’intérêt au Sénégal sont extrêmement lourds, exorbitants comparativement aux Etats-Unis et en Europe’’, a ainsi dénoncé le sénateur Daouda Faye, plaidant pour un allègement de ces taux, pour appuyer les secteurs d’exportation comme la pêche et le tourisme, selon lui pourvoyeurs d’emplois.
Le sénateur Daouda Faye a aussi indexé les mutuelles d’épargne et de crédit qui ne respectent, a-t-il dit aucune réglementation, ce qui est selon à la base de beaucoup de problèmes notés dans ce secteur.
A sa suite, Madame Safiatou Ndiaye Diop a salué la loi qui a été votée pour organiser ces mutuelles en réseau, mais a mis l’accent sur l’accompagnement qu’il faut leur apporter.
‘’Ces mutuelles sont souvent ouvertes par des personnes non qualifiées et dont le seul mérite est de vouloir aider les populations. Il faut créer des cellules d’encadrement pour aider et former ces personnes’’, a-t-elle indiqué.
Elle a également évoqué la faiblesse des sommes allouées et les taux de remboursement trop élevés tout en suggérant à l’Etat de revoir de manière substantielle les montants accordés surtout aux femmes, afin que ces dernières puissent aller au-delà des dépenses quotidiennes en constituant de l’épargne.
Pour le sénateur Samba Ndiaye, les banques sont en surliquidité et malheureusement, a-t-il déploré, ‘’cet argent ne favorise pas le développement économique de notre pays, parce que les taux d’intérêt sont trop élevés’’.
Il a interpellé le ministre du budget Ibrahima Sar sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour permettre aux petites et moyennes entreprises de se développer, là où Sokhna Dieng Mbacké a, pour sa part, mis l’accent sur le fait que les nationaux ne détiennent pas majoritairement les capitaux dans les banques.
Son collègue Abdourahmane Touré a souligné que les taux d’intérêts pratiqués par les banques locales doivent susciter une réflexion de la part de l’Etat qui, en même temps, doit répondre à la question du financement de l’économie sénégalaise.
Ngoné Ndoye a dénoncé la situation dans laquelle vivent certaines femmes qui ont contracté des prêts dans des mutuelles et qui à la longue travaillent pour enrichir d’autres personnes parce qu’obligées de courir dans tous les sens pour rembourser les crédits contractés.
‘’Les femmes se décarcassent de 5 heures du matin jusqu’à 22 heures sans pour autant s’en sortir. Elles ne deviennent pas chefs d’entreprises et il y a également absence de leadership féminin’’, a-t-elle déploré.
Dans sa réponse, le ministre du Budget Ibrahima Sarr a reconnu les taux pratiqués par les banques peuvent être exorbitants, mais a cependant indiqué que les établissements bancaires ont, eux aussi, des charges à supporter pour couvrir leurs arrières.
Il a également fait valoir que la nature de l’investissement au Sénégal concerne plus le court que le dans le long terme. La tendance des Sénégalais à investir davantage dans l’immobilier plutôt que dans les autres secteurs y est, selon lui, pour beaucoup. Il a de ce point de vue plaidé pour un changement des comportements et des mentalités, pour remédier à cette situation qu’il juge préoccupante.
BS/BK
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