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EMPRUNTS - Le Sénégal n’obtient que 65 milliards sur son objectif de 100 : L’Etat en déficit de crédit

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EMPRUNTS - Le Sénégal n’obtient que 65 milliards sur son objectif de 100 : L’Etat en déficit de crédit

EMISSION - L’opération devait rapporter 60 milliards : L’emprunt obligataire ne récolte que 25 milliards de francs

Le gouvernement avait déjà chanté victoire et claironné partout qu’il avait même commencé à payer ses arriérés de créance avec les sommes récoltées sur le marché financier. En fin de compte, il s’avère qu’il y a eu beaucoup de vantardise, et que les institutions financières régionales n’ont plus une grande confiance envers les engagements de l’Etat sénégalais.

Un joli flop, comme dirait l’autre. Le gouvernement se retrouve gros Jean comme devant, pour n’avoir pas pu obtenir les 100 milliards de francs qu’il cherchait. Après avoir lancé une double opération d’émission des bons du trésor, pour 40 milliards de francs et d’emprunt obligataire pour 60 milliards de francs Cfa (Voir Le Quotidien n°1626 du mardi 10 juin 2008), le gouvernement pensait avoir réglé d’un seul coup de baguette tous ses problèmes de dette intérieure. La preuve, le mardi 17 juin, en marge de la revue annuelle conjointe du Programme d’eau potable et d’assainissement pour le millénaire (Pepam), le ministre d’Etat, chargé de l’Economie et des Finances, M. Abdoulaye Diop, claironnait devant des confrères que l’Etat était en train -déjà- de payer ses arriérés de dette dus aux entreprises du secteur privé.

LE SATISFECIT DE ABDOULAYE DIOP

Dans les journaux Le Populaire et Wal Fadjri, M. Diop s’avançait jusqu’à prétendre : «Je confirme que nous allons payer toute la dette intérieure avec l’emprunt. Nous sommes en train de payer depuis hier lundi (Voir Le Populaire n°2570 et Wal Fadjri n°4871 du mercredi 18 juin 2008». Se félicitant de la réussite de l’opération, le ministre a ajouté que son gouvernement a récolté 108 milliards de francs Cfa, alors qu’il n’en cherchait que 100 auprès de banques et institutions financières de la zone Uemoa. Or, voilà que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, qui a joué un rôle d’intermédiaire pour l’Etat du Sénégal dans cette opération, vient de publier un communiqué, qui est aussi un démenti des déclarations du ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances.

On apprend dans ledit communiqué, que le Sénégal, qui avait demandé 60 milliards de francs Cfa en obligations du Trésor, n’a pu en obtenir que 25 milliards de francs Cfa, à la clôture de l’opération, le 19 juin dernier. Un gap de 35 milliards gêne donc les opérations, et qu’il faudra couvrir par tous les moyens, pour que le Sénégal puisse faire face à ses engagements. Néanmoins, la question a été posée de savoir ce qui pouvait expliquer ce revers, assez sérieux et inédit dans l’histoire des opérations du Sénégal sur le marché financier sous-régional. Et là, les avis des spécialistes se rejoignent.

UNE SIGNATURE PEU FIABLE

Le Sénégal aurait pêché par excès de confiance, laissent entendre tous les spécialistes des finances interrogés par Le Quotidien. Le gouvernement ne semble pas s’être pas rendu compte du malaise ambiant et du peu de confiance que suscite auprès de plusieurs institutions financières, sa signature, quand il s’agit d’immobiliser des ressources financières pour une durée de temps assez longue. «Dix ans, c’est une longue période, et pleine d’incertitudes, même pour un pays aussi politiquement stable que le Sénégal. Surtout dans un contexte de crise économique», juge un analyste économique. Un autre de renchérir : «Peut-être que les acteurs veulent voir comment vont évoluer les politiques de redressement économique actuellement mises en œuvre, avant de se lancer dans des opérations financières qui comportent tout de même, une certaine dose d’incertitude.» Quoi qu’il en soit, ce revers, puisqu’il s’agit bien d’un, traduit le peu de crédit que les financiers accordent encore aux engagements financiers du Sénégal, quand le pays est laissé à lui-même.

Pis, ce sont des partenaires que l’on croyait des plus fidèles à l’Etat, qui ont fait capoter l’opération. Le Quotidien a pu avoir confirmation que c’est le revirement de la Compagnie bancaire de l’Afrique de l’Ouest (Cbao) qui est à la base de cette contre-performance. Selon les informations que Le Quotidien a pu obtenir, l’administrateur général sortant de la banque, M. Patrick Mestrallet, s’était engagé à prendre une bonne part des obligations émises par la Banque. Malheureusement, les nouveaux actionnaires majoritaires de la boîte n’ont pas voulu s’engager sur cette voie. Les Marocains de Attijariwafa Bank ont, semble-t-il, pour option de travailler plus avec le secteur privé de la sous-région, au lieu de s’engager auprès des institutions étatiques.

L’autre élément déterminant de la frilosité de la Cbao serait, selon les spécialistes, le niveau de l’endettement intérieur. La banque serait l’un des plus grands créanciers des entreprises auxquelles l’Etat doit de l’argent. Et ladite dette pèse également pèse également sur la banque qui, de ce fait, ne voudrait pas mobiliser d’autres ressources sur une longue période, auprès du même débiteur, l’Etat. Ce retrait de la Cbao s’est ajouté à la défection d’une autre institution financière importante, la Citibank, qui a désisté.

Pour rappel, l’emprunt obligataire est émis pour une échéance de dix ans, alors que les bons du Trésor, dont l’opération a été un franc succès, ont des échéances beaucoup plus courtes. Ces valeurs s’échelonnent sur quatre échéances, qui vont de 182 jours à 728 jours, pour des sommes relativement modestes. Ce qui explique que le communiqué de la Bceao ait pu enregistrer en ce qui concerne cette opération, un taux de couverture des soumissions mises en adjudication, de 101%, quand les émissions obligataires n’ont pu faire mieux que 41,6% de couverture.

ET MAINTENANT ?

Le communiqué signé du directeur national de la Bceao, M. Birame Sène, indique que le Trésor sénégalais devra convertir ses obligations en bons en compte, pour obtenir le reliquat des 100 milliards de francs Cfa qu’il vise. Cependant, signalent tous les observateurs, cette opération ne va pas s’avérer aussi rentable pour le gouvernement, que le ministre Abdoulaye Diop l’avait claironné au départ. En effet, les bons du Trésor étant des ressources à échéance très courte, ne sont pas indiqués pour payer des dettes. De plus, leurs intérêts sont beaucoup plus élevés que les emprunts obligataires. Une fois la dette des entreprises payée avec ces bons, il faudra bien trouver d’autres artifices pour ne pas faire mentir Abdoulaye Diop qui disait, auprès des confrères, que le Sénégal a encore une très importante marge d’endettement. Le tout, sous la haute surveillance des institutions de Bretton Woods.

 



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