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Enquête autour du déguerpissement des marchants du marché Kermel : Une grande nébuleuse que l'Etat a laissé pourrir…

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Enquête autour du déguerpissement des marchants du marché Kermel : Une grande nébuleuse que l'Etat a laissé pourrir…

•  105.600.000 f Cfa partis en fumée
•  400 commerçants dans la rue
Quatorze ans ! C'est le temps de souffrance des commerçants du marqué Kermel. Plongés dans les « ténèbres », suite à l'incendie allant de la nuit 22 au 23 septembre 1993, les commerçants du marché Kermel tentent depuis lors de trouver une issue de secours. Ce, malgré la volonté du collectif des commerçants de solutionner le problème.

Ainsi, pour leur faire oublier ce calvaire, la mairie de Dakar, en accord avec le comité de gestion, avait ordonné l'installation de cantines moyennant le versement d'une somme de 300 mille francs aux sinistrés. Mais une autre partie opposée, avait vilipendé une « gestion opaque du comité de gestion », parce qu'ayant vendu plus de cantines que prévu. Conséquence, sur arrêt préfectoral, les dernières installations ont été démolies ce dimanche (à 00 heures) par les hommes du commissariat du Plateau. Plus de 105 millions partis en fumée…

La sommation envoyée par le préfet, Mamadou Dia, au président du comité de gestion du marché Kermel, samedi après-midi, a anéanti les derniers espoirs des commerçants dudit marché. En effet, ce marché faisant partie du patrimoine historique classée, avait été secoué dans la nuit allant du 22 au 23 septembre 1993, ravageant au passage tous les biens des commerçants. Depuis lors, soit quatorze ans durant, les commerçants de ce marché continuent de se mouvoir dans le noir… Ainsi, le comité de gestion de la crise, composé des délégués des marchands d'objets d'art, du président du comité de gestion, des vendeurs de fruits, légumes, entre autres, avait volé en éclats des années après, suite à des divergences de vue. C'est alors la guerre entre les deux camps désormais créés. Ainsi, pour apaiser la situation, l'Etat avait « recasé » les sinistrés, en les installant aux alentours du marché. N'empêche, la situation a empiré. C'est le marasme, personne ne vient plus acheter dans ce marché, vu sa « perte de crédibilité », parce qu'il était en majorité fréquenté que par les étrangers, et Européens d'une manière générale. Même le coup de pouce de l'Union européenne, avec l'octroi d'une enveloppe de 4,5 milliards, n'a pas permis à Kermel de retrouver son lustre d'antan. Suffisant pour ses occupants de multiplier démarches et correspondances auprès des autorités pour lancer leur cri de détresse. Malgré ce Sos, Kermel refusa de se développer, parce que miné par des querelles internes. Certains délégués ou autorités en profitent alors pour se sucrer.

« L'Etat a fermé ses jeux quatorze ans durant… »

Selon Tapsir Ly, délégué des marchands d'objets d'art, l'Etat socialiste les a tués, et celui libéral les a enterrés avec armes et bagages. « L'Etat a fermé les jeux, et a laissé Dame Niang et Balla Sall abuser de nous », regrette-il. Faux, rétorque Balla Sall, qui indique qu'ils ont usé de tous les voix et moyens pour maintenir les commerçants aux alentours du marché, tout en s'attelant à la construction de cantines. Que nenni, charge Tapsir Ly, qui attaque son vis-à-vis Balla Sall, et s'étonne de la lenteur de l'Etat. Mieux, il énumère les correspondances envoyées par son « camp » aux différents ministres des Collectivités locales. « En octobre 2000, nous avions envoyé une correspondance à feue Marième Thiéwo Cissé Doucouré, puis les 07 et 18 juin et 06 août 2001 et 03 mars 2003 », rappelle-t-il.  Et de citer, entre autres, Seydou Sy Sall, ancien ministre de l'Urbanisme et de l'aménagement territorial (lettre du 13 août 2002), le maire de Dakar (Pape Diop lettre n-003194-vd ), le président Me Wade (le 29 janvier 23003/lettre n-000759), le ministre d'Etat et des collectivités locales (Aminata Tall par la lettre n-02831 du 19 octobre 2004), Me Wade à nouveau (n-073638/Pr du 27 octobre 2004), au ministre Mame Bassine Niang, Haut-commissaire des droits de l'homme et de la promotion de la paix (lettre n-0288 du 17 mars 2005) et enfin au président Mbaye Jacques Diop du Craes (lettre n-1306 du 23 août 2005). « Toutes les lettes ont été accusées, et répondues par les concernés, qui disent à chaque fois suivre l'affaire », dira M. Ly. Mais, l'Etat est resté de marbre, sans agir de manière concrète face aux requêtes de ces derniers.

Début du déclenchement de la procédure
Selon d'autres sources, proches de l'affaire, le 4 janvier 2007, le préfet de Dakar, accompagné du sous-préfet, a effectué une descente sur les lieux pour apprécier la situation. Le lundi 08 janvier 2007, c'est au tour du commandant Bocandé de la gendarmerie de Thionck, accompagné d'un capitaine de visite les lieux, et d'enquêter le sieur Balla, sur les tenants et aboutissants de cette affaire. Mieux, les mêmes éléments auront à entendre les sieurs Mbacké Thiam, Talla Guèye, Bocar Mamadou Ly et Ndiaye Ndéné, en guise de témoins pour plus d'informations. Ceci, avant que Dame Niang, chef de division des Halles et marchés de la ville de Dakar ne visite les lieux à la date du 29 mai 2006. Deux rencontres avec ces derniers feront décanter la situation, précise Balla Sall, président du comité de gestion du marché. « Il a finalement donné l'ordre à ce que l'on installe les cantines. Ceci moyennant une somme de 300 mille francs Cfa pour tout ancien sinistré. Par contre, le sinistré, s'il le désire, peut négocier avec toute personne intéressée », souligne ce dernier. Et d'ajouter que c'est Talla Gaye, délégué des arts, qui supervisait les installations et que les cantines étaient de l'ordre de 352. Faux, charge, Tapsir Ly, qui contrarie le chiffre avancé par M. Sall. Selon lui, « il y a eu une grande nébuleuse, parce qu'au lieu de bien expliquer aux commerçants, Balla Sall et son complice Dame Niang, faisant vendre les cantines à hauteur de 1.200.000f, 1.800.000 f, allant jusqu'à 3 millions, selon la superficie ».  Et de révéler que le modus operandi de ces derniers était la mise en place par Balla Sall d'une mutuelle dont lui-même est président du conseil d'administration, et à laquelle les commerçants sinistrés intéressés devaient verser chacun une somme de 300.000 mille pour avoir une cantine. C'est alors que Balla a fait appel à deux entrepreneurs, et Dame à un seul, fait savoir M. Ly. Toutefois, il existe un contrat contresigné par le président du comité de gestion du marché, Balla Sall, le chef de la division Hall et marché, Dame Niang, et le directeur de « Afrique-technique-industrielle ». Ainsi, ladite entreprise devrait se charger de la fourniture et de la confection de cantines en fer avec tôle de 12/10, de porte à rideau de 1,05 mètre x 2,10 m plus la peinture antirouille et peinture à huile couleur verte, plus pose et marquage, plus le transport pour une somme de 300 mille francs par cantine. « Sémou Diouf a été amené par Dame Niang », poursuit Tapsir Ly.

Destruction des installations et déguerpissement des commerçants

Au regard des nombreuses contestations de certains commerçants, délégués et autres lamentations des riverains, l'Etat par le biais du préfet a agi. Ainsi, le samedi après-midi, sous ces mots : « Il sera procédé au déguerpissement sans délai de toutes les cantines situées dans l'emprise du marché Kermel et alentours. Je vous demande en conséquence de prendre toutes les dispositions utiles pour quitter les lieux dès réception de la présence sommation » ; le préfet de la région de Dakar, Mamadou Dia, signe l'acte de mise à mort de ces cantines. Et c'est au coup de 00 heures passé de quelques minutes que des éléments du commissariat du Plateau sont venus détruire toutes les cantines. Lundi matin, une réunion de crise a été tenue au niveau du cabinet du maire de Dakar Pape Diop. Ce dernier, empêché, a commis son directeur de cabinet, Seydina Oumar Touré, de prendre en charge la situation. Ceci, en la présence de son chef de cabinet, chargé de mission, de Balla Sall, Tapsir Ly, Talla Guèye, Mor Cissé, Ndiaga Fall, Ndiack Sall etc. Pour l'heure, ils cherchent un lieu où mettre provisoirement les commerçants. Ceci, renchérit Balla Sall, « en attendant le départ des occupants de la station Total. Le maire de Dakar s'en engagé à les payer, et à délocaliser la station d'essence ».  Vrai ou faux, la somme est estimée selon certaines sources à 2 milliards. S'expliquant sur les raisons de ce déguerpissement, Taphsir Ly (délégué) estime que Dame Niang a fait construire 352 cantines, alors qu'il ne devrait autoriser que 199 cantines « il l'a même reconnu ce matin (ndlr : avant-hier) à 11 heures dans le bureau de Seydina Oumar Touré. Pour sa part, Balla Sall se réfugie dernière une lettre « calomnieuse » et « mensongère », qui a décrié le contraire de ce qui se passe au marché. En attenant le dénouement de cette affaire, tous les naufragés, pères de famille de surcroît, continuent de prier pour des lendemains heureux au sein de ce marche



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