Le volume des transferts de fonds à destination des pays en voie de développement devrait en principe s’élever, cette année, à 320 milliards de dollars américains contre 328 milliards en 2008. Soit une baisse de 7,3 % par rapport à l’année dernière, selon le rapport 2009-2011 de la Banque mondiale. Cette baisse s’explique par la crise financière internationale, les fluctuations du taux de change du dollar par rapport aux autres monnaies et les mesures prises par les gouvernements des pays développés pour restreindre les flux migratoires en provenance du Tiers-monde. Il convient, toutefois, de préciser que le nombre de migrants vivant à l’étranger n’a pas été fortement touché par la crise. ‘Il est possible que l’augmentation du chômage déclenche le renforcement des restrictions à l’immigration dans les principaux pays de destination. Ces restrictions affecteraient de manière négative les envois de fonds et pourraient, tout comme le protectionnisme commercial, ralentir le redressement économique mondial’, explique Hans Timmer, directeur du Groupe Perspectives du développement de la Banque mondiale.
La crise financière actuelle a eu un impact négatif sur le volume des transferts d’argent entre différents pays du monde. Le rapport décrit aussi les grandes tendances au niveau régional et national. Il cite, à titre d’exemple, le volume de l’Afrique subsaharienne où les transferts des fonds devraient baisser de 8,3 % cette année contre 6,9 % pour l’Amérique Latine et les Caraïbes. La diminution des envois vers les pays d’Amérique latine et les Caraïbes s’explique en partie par le ralentissement du secteur du bâtiment aux Etats-Unis qui emploie une bonne partie de la main d’œuvre émigrée de ces pays. La Banque mondiale s’attend toutefois à une amélioration de la situation au cours des deux années à venir. Elle table ainsi sur une hausse de 1,4 % en 2010 et 3,9 % l’année suivante.
Malgré cette conjoncture mondiale difficile, les pays d’Asie méridionale et de l’Est devraient légitimement pouvoir tirer leur épingle du jeu même si une baisse progressive du volume des transferts de fonds n’est pas à écarter. Les pays émergents comme l’Inde, la Chine et le Mexique sont les principaux bénéficiaires de ces transferts d’argent dans le Tiers-monde. Ils sont suivis par les Philippines, la Pologne, le Nigeria, la Roumanie, le Bangladesh, l’Egypte et le Vietnam.
A noter, par ailleurs, que les flux des transferts de fonds vers des pays économiquement faibles comme le Liban, le Tadjikistan, la Moldavie, les Îles Tonga, le Lesotho et la Guyane dépassent largement les prévisions initiales de la Banque mondiale. Ils sont les principaux destinataires des fonds par rapport à la taille réduite de leur produit intérieur brut (Pib). ‘Les envois de fonds sont une source essentielle de revenus pour de nombreux pays pauvres. Bien que ces derniers résistent à la crise, une baisse minime de 7 à 10 % peut être source de difficultés pour les bénéficiaires et leurs gouvernements, en particulier ceux souffrant de déficits budgétaires (…)’, déclare à ce propos Dilip Ratha, économiste principal du groupe Perspectives du développement de la Banque mondiale.
La diaspora africaine représente environ 30 millions de personnes. Elle envoie chaque année, plus de 40 milliards de dollars américains vers leur pays, selon un rapport du Fonds international pour le développement agricole (Fida). La France compterait actuellement, à elle seule, entre 50 et 100 mille Sénégalais. Ils envoient chaque année, près de 800 millions d’euros (environ 524 milliards de Francs Cfa) à leur famille contre 500 milliards de Francs Cfa en 2006. Les flux de transferts d’argent vers le Sénégal et le Mali ont enregistré une légère baisse durant le premier semestre de l’année. Cette chute s’explique principalement par la crise financière internationale, les mesures restrictives imposées aux ressortissants de ces pays par les Européens et la fluctuation du dollar.
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